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Critique de celindanae


Anatèm est un roman américain de Neal Stephenson publié en 2008 et qui a obtenu le prix Locus du meilleur roman de science-fiction 2009. Il a longtemps été réputé intraduisible et les éditions Bragelonne avaient abandonné l'idée de le publier. Albin Michel Imaginaire a réussi à relever le défi avec Jacques Collin à la traduction et a scindé le roman en 2 tomes. Ayant lu les deux romans avec peu d'intervalle, j'ai préféré faire une seule chronique sur les 2 qu'une par tome.

Gilles Dumay décrit Anatèm comme « le nom de la rose 4000 ans après une apocalypse nucléaire » et cette définition correspond très bien au roman, comme le reflète également les couvertures très réussies des deux romans français. L'univers d'Anatèm est d'une richesse incroyable, l'auteur fait preuve d'un imagination foisonnante tant au niveau du style, du vocabulaire employé, que du monde développé. le revers de la médaille est que le roman est une lecture très exigeante, que ce soit pour le premier comme pour le second tome. Ce n'est pas seulement le vocabulaire employé, spécifique à l'univers avec de nombreux termes inventés, qui rend la lecture difficile, mais aussi les concepts utilisés proches de la philosophie par moments. Il faut clairement se dire avant de s'engager dans le roman qu'il y a des passages qui nous seront obscurs, où il faudra s'accrocher, qu'il faudra peut-être relire plusieurs fois pour les assimiler. Cependant, une fois cette réticence passée, le roman vaut le coup et passionne. Disons qu'il vaut mieux le savoir avant de se lancer dans la lecture de ce roman hors norme mais de très grande qualité.

Le début du roman présente l'univers dans lequel vit fraa Erasmas, le personnage principal et narrateur du récit. Celui-ci vit au sein d'une concente qui est un sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes, et il ne connait presque rien de sa planète qui s'appelle Arbre. le début du roman est assez difficile à s'approprier du fait du vocabulaire nouveau qu'il faut emmagasiner. À ce sujet, à la fin du second tome, on trouve en annexe un glossaire qui aurait mérité d'être présenté dès le premier livre.

Fraa Erasmas est le disciple de fraa Orolo avec qui il entretient une grande amitié et pour qui il a le plus grand respect. La vie dans la concente est soumise à des règles précises, à une grande discipline et au travail intellectuel. Les crimes considérés comme les plus graves sont punis d'anathème c'est-à-dire une expulsion définitive de la concente, vers le monde en définitive, en terrain étranger et hostile pour les fraas et soors. Orolo va subir l'anathème pour avoir observer dans le ciel un phénomène inexplicable alors que les tenants de la Discipline l'avaient interdit. Fraa Erasmas décide alors de partir à la recherche de son mentor. Il ne part pas seul et va être amené à connaitre un monde jusque là inconnu pour lui, à en affronter les potentiels dangers. Tout cela, pendant que le phénomène observé par Orolo dans le ciel prend de l'ampleur.

Le début du roman laisserait presque penser que l'on se situe dans de la fantasy avec une technologie proche du moyen-âge. Puis en découvrant la planète Arbre, en même temps que Erasmas, on s'aperçoit que le monde a une très longue histoire et a connu un grand cataclysme. le lecteur découvre cet univers si particulier presque en même temps que son personnage principal. Cependant, les découvertes ne se font pas de manière linéaire, bien au contraire. le monde imaginé par Neal Stephenson fait un peu penser au notre par certains aspects mais il est également très différent par le langage, les codes de la société, les paysages, les courants religieux. le tout est cohérent, brillant, dépaysant et d'une très grande richesse et complexité. Les personnages sont également très soignés, ils sont humains et très intéressants. Erasmas et Orolo se révèlent les plus attachants, apportant même un peu d'humour au récit.

Afin d'aider tout de même un peu le lecteur dans sa compréhension du langage et de l'univers, l'auteur parsème son récit d'extraits du Dictionnaire qui reviennent sur l'histoire de certains termes. le travail sur le langage effectué par Neal Stephenson est ainsi à souligner, tout comme celui du traducteur Jacques Collin qui est arrivé à s'approprier ce vocabulaire inhabituel.

Un des autres aspects importants du roman est sa richesse en thématiques abordées qui suscitent la réflexion pour le lecteur. le roman aborde un important questionnement sur l'homme, l'univers qui l'entoure, sa manière de vivre, de se comporter, la religion, la philosophie. Là aussi, c'est très riche et complexe, surtout dans le second tome, avec des passages franchement pas simples.

Anatèm est donc une oeuvre qui allie grande richesse et complexité à tous les niveaux: univers, intrigue, langage, thématiques. le voyage au sein des concentes et de Arbre est tortueux, compliqué, long, majestueux, intense. Il offre des moments de doutes et de joies, un peu à l'image de la vie. Certains passages restent obscurs mais une fois le voyage accompli, il reste de très belles images, des souvenirs brillants et un soupçon de réflexion.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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