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Après avoir suivi un mooc sympa de l'université d'Artois sur la SF, je me suis bêtement dit que je pouvais passer aux travaux pratiques.
Première erreur.
Deuxième erreur : j'ai choisi imprudemment [anatèm], roman très bien noté sur Babelio, présenté comme une sorte de « Nom de la rose » intergalactique dont seules les premières pages étaient susceptibles de rebuter un lecteur novice.
Ben quoi? me suis-je susurré. D'abord je ne suis pas novice et de surcroît même si je lis très peu de SF je me suis quand même fait une bonne partie du cycle de « Dune » à l'adolescence. Alors? Qu'est-ce qui pourrait bien m'empêcher de lire [anatèm], je vous le demande?
Rien. J'ai tout lu. Mais j'ai pas compru grand chose.
Le bandeau de couverture annonce que le roman a été n°1 des ventes selon le New York Times. Alors de deux choses lune (comme on dit dans les romans de SF): soit le niveau général de la population anglophone a sacrément augmenté pendant qu'on avait le dos tourné, soit Neal Stephenson passe super bien à la télé et son livre sert surtout de marqueur CSP+ sur la table du salon.
J'ai fait des études littéraires. Alors, pour moi, les premières pages si décriées d' [anatèm], elles roulent toutes seules. Une fois qu'on a compris que les fraa sont des frères et les suvines des écoles, ce qui se fait assez vite, le déchiffrement ne pose aucun problème. Ces inventions langagières sont d'ailleurs plutôt bien faites et prennent en compte l'évolution des mots ; de même que le mot bureau vient de la bure qui recouvrait le meuble, « calca » en taerran signifie « exposé » à partir de la craie qui sert aux démonstrations.
Si les lecteurs habituels de hard S.F. ont eu des difficultés à se familiariser avec ce nouveau vocabulaire, moi c'est bien entendu tout le reste ou presque qui m'a posé problème. Et notamment le monstrueux tunnel par lequel commence le tome 2 et qui narre par le menu une conférence essentielle sur la compréhension de nouveaux phénomènes cosmiques.
Allez, juste un exemple au hasard, on n'a pas tous les jours l'occasion de rigoler:
« Je rapportai à Paphlagon que, selon Orolo, l'esprit équivalait à la construction prompte et fluide de représentations mentales de mondes contrefactuels, et que cette hypothèse n'était pas simplement possible, ni simplement plausible, mais facile – si l'on envisageait l'esprit comme embrassant un ensemble de versions légèrement différentes du cerveau, chacune gardant trace d'un cosmos légèrement différent.
Paphlagon conclut en formulant la chose beaucoup mieux : « Si l'espace de Hemn est le cadre et qu'un cosmos est un point unique du paysage, alors un esprit donné est un trait de lumière en mouvement dans ce paysage, tel le faisceau d'une lampe torche qui éclaire une série de points – de cosmi – proches les uns des autres, cerné par une pénombre qui vire rapidement à l'obscurité sur les bords. Au coeur le plus rayonnant du faisceau, une diaphonie se crée entre de nombreuses variantes du cerveau. Les interférences sont beaucoup moins nombreuses dans la périphérie à demi éclairée et inexistantes dans les ténèbres au-delà.  »
Voilà voilà voilà.
D'une certaine façon, [anatèm] ressemble aux livres de Pierre Bayard, cet universitaire qui s'amuse avec les enquêtes d'Hercule Poirot pour les démonter et trouver un coupable alternatif. Ici, c'est pareil. Sauf que Stephenson ne corrige pas Agatha Christie, lui, mais carrément Platon, en reprenant la querelle des universaux à la lumière de l'astrophysique (Que l'on se rassure, je ne comprends absolument rien à ce que je viens d'écrire).
Sur un plan purement romanesque, je reste sceptique quant à la construction de ce grand oeuvre, découpé en 1) les données du problème 2) les hypothèses 3) la résolution. Mais là encore, j'ai cru comprendre que les lecteurs naturels de ce livre (ceux pour qui il a été écrit) sont eux admiratifs de ce schéma.
Donc je m'incline et nous nous retirons, mon incompétence et moi, admiratives et humiliées.

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Ce roman est la suite immédiate du tome 1 (pour mémoire, il est paru en un seul tome dans la VO : un bébé de presque 1 000 pages en anglais et 1 200 pages en français). Nous retrouvons donc Erasmas qui est sorti de sa concente et découvre sa propre planète, mais je ne vais pas trop en dire sur l'intrigue pour ne pas divulgâcher et abîmer le plaisir de lecture de ceux qui n'auraient pas encore lu la première partie.

Disons seulement qu'un énorme rebondissement arrive au milieu de ce tome !

Que dire d'autre ?

Nous retrouvons un long passage de débats philosophiques, mathématiques ou de physique (comme au début du tome 1) de plusieurs dizaines, peut-être plus d'une centaine de pages (je n'ai pas compté). Alors, soyons honnêtes, la lecture est costaude et exige un effort de concentration. L'érudition de l'auteur est indéniable, ainsi que son envie de jouer avec les concepts. Les maintes réflexions peuvent perdre plus d'un lecteur, mais si vous avez apprécié le tome 1, sachez qu'ici on est dans la même veine. Plus surprenant, tous ces débats ont une utilité dans l'intrigue, et servent à expliquer ce fameux rebondissement qui bouleverse le cadre du roman. À ce titre, je trouve que l'auteur a réussi un coup de maître. Les amateurs d'une science-fiction de haut vol s'y retrouveront.

Comme nous sommes dans une « littérature de l'imaginaire », le worldbuiding n'est pas oublié, y compris la fine description de sociétés avec leurs habitudes et leurs non-dits, ainsi que les relations complexes entre les cercles de pouvoir. L'auteur a aussi effleuré la hard SF, notamment dans la seconde partie de ce tome, mais sans jamais tomber dans un texte « écrou et boulon » ardu ou soporifique.

Peut-être peut-on trouver la conclusion un peu moins palpitante que ce que nous imaginions (l'auteur sème des indices pour une piste, et prend un autre chemin). II n'en reste pas moins que ce roman est vraiment à part dans la science-fiction contemporaine : philosophique, théorique, exigeante, fascinante, sans oublier un sens of wonder indispensable au genre.

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Alors je dois dire que ce tome 2 m'a très agréablement surpris, agacé que j'étais avec les longueurs et le peu d'action du tome 1.
Neal Stephenson est vraiment un grand auteur tant par son imagination débordante et détaillée, que par le déroulé des actions incroyables qu'il développe ici.
Le roman est toujours aussi astreignant et minutieux, mais quelle claque on prend lorsqu'on découvre les nombreuses péripéties (le mot est trop faible) que Fraa Erasmas et ses amis doivent affronter.
Il y a plusieurs scènes d'anthologie, au moins celle de la longue approche du vaisseau et de la suite: quelle conception, quelles inventions, quelles visions, que l'auteur développe avec moultes détails tous aussi hallucinants les uns que les autres.
Anatem apporte à la SF une référence d'une immense qualité.
Ce long roman est finalement inoubliable, mais difficile d'accès, et très exigeant dans sa lecture.
Néanmoins, tout lecteur de SF de qualité doit s'y atteler.

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Si le tome 1 laissait clairement entrevoir un grand roman, le 2 prouve sans conteste possible que nous avons en fait affaire à un des chefs-d'oeuvre du genre, rien de moins. Je conclurai en disant qu'Anatèm dans son ensemble n'est certes pas une lecture facile ou destinée à tous les profils de lecteurs (c'est clairement un ouvrage pour vétérans ou esthètes de la SF), mais que c'est aussi, à mon sens, un des livres qu'il faut avoir lu si on a l'ambition de connaître les oeuvres les plus fondamentales, les plus ambitieuses, vertigineuses, intelligentes, que peut offrir ce genre littéraire. C'est le type même de roman qui donne ses lettres de noblesse à la Science-Fiction, et prouve que, loin d'une sous-littérature, elle n'a en fait strictement rien à envier à la littérature blanche en terme de valeur et d'intérêt.

Ce qui précède n'est qu'un résumé et une conclusion : retrouvez l'argu... enfin disons plutôt cette fois-ci l'absence d'argumentaire sur mon blog !
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Donc Frère Erasmas vit dans la concentre Saunt Edhar, un des lieux retiré du monde où les érudits prennent le temps d'étudier leur matière de prédilection (maths, astronomie, philosophie,…).

Du moment qu'une personne manifeste un intérêt pour la connaissance, les portes des maths sont ouvertes. Ainsi, est-il possible de se retirer du monde « séculaire » pour un an, afin de parfaire ses savoirs ou un apprentissage, ou plus longtemps. En effet, il y a plusieurs communautés au sein de la congrégation : les annuelles, les décanales (10 ans), les centenariens (les avôts qui souhaitent rester 100 ans…) et même les énigmatiques millénariens (oui…).

Ces personnes, ou avôts, rompent tout contact avec le monde extérieur – et surtout la technologie numérique – pour se consacrer à l'étude, jusqu'à l'ouverture des portes de leur communauté propre. Tous les ans, les dix ans, chaque siècle, ou au début de chaque millénaire, si vous avez bien suivi.

Ce n'est pas franchement religieux même si nous pourrions comparer Anatèm avec le Nom de la Rose d'Umberto Eco.

Cependant, cette vie n'est pas un long fleuve tranquille dédiée à la connaissance. Chaque communauté a ses factions qui se sont façonnées en fonction de leur perception des sciences, des maths, et même de leur considération des personnes et du mode de vie extérieur. Nous devinons relativement vite qu'il existe des luttes internes pour représenter le groupe d'influence qui régit l'ensemble des maths (en bref, du pouvoir). Lors d'une visite, des inquisiteurs interrogent nos avôts sur leur point de vue sur tel ou tel sujet, notamment sur le courant de pensée majoritaire à Saunt Edhar… Ainsi, les réponses apportées sont-elles cruciales.

Les choses seraient assez simple s'il ne s'agissait que de guerre intestines ou de complots de palais. Hélas, c'est loin d'être le cas, et tout commence à déraper quand un des avôts est appelé par le monde séculaire. Une étrange anomalie a été détectée dans le ciel…

Aussi, sciences et idées ont-elles une place de choix dans le roman, et il est bien possible qu'elles soient au coeur d'une bataille pas simplement fratricide….

D'ailleurs si le premier chapitre (80 pages) fait immanquablement penser au Nom de la Rose, quelques éléments se démarquent pour donner une ambiance plutôt « moyenâgeuse futuriste ». Toutefois, il faut bien patienter une centaine de pages pour que l'histoire s'emballe.
Pour un large public, même les plus exigeants

Le tour de force de Stephenson réside dans sa faculté à prendre en compte un vaste panel de lecteurs, du forçat du space-opera au vétéran de la Sf spéculative. Ce dernier trouvera matière à satisfaire sa soif littéraire.

Là aussi, l'auteur communique tout son humour (et une forme de dérision). Nous ne sommes pas sur Terre, mais sur Arbre qui est une « Terre » plus avancée technologiquement. Pythagore a été troqué par Adrakhonès qui a eu la révélation de CNOUS avec le fameux triangle. Il a deux filles, Déat et Hyléa. La première donne naissance au courant de pensée des déôlatres, méprisés par nos avôts (c'est de l'hérésie) car il favorise une quête transcendantale individuelle. de la seconde découle le monde Hylaéen suivi fidèlement par les frères et soors, basé sur un jugement scientifique reconnu comme (le seul) vrai. Bref, il y a du Kant (et la Vérité, même si l'on peut aller piocher du côté des concepts bouddhistes également) la-dessous, et de quoi satisfaire les plus exigeant en matière d'idées.

Ceci n'est qu'un exemple de comment il est possible de décortiquer le roman si le lecteur souhaite le lire avec ce niveau de lecture, sachant qu'autrement c'est plus simple. Nous comprenons que les déôlatres ne sont pas les bienvenus au sein des maths, qui favorisent largement la pensée s'appuyant sur la rigueur scientifique. La tension est grande et une scission est possible, et surtout malheur à l‘abbé l'avôt qui afficherait un penchant pour le mauvais courant.

Les idées exposées sont indissociables de l'histoire et parfaitement exposées pour notre plus grand bonheur. le rythme s'avère posé, alors ceux qui attendent un roman qui pétarde dans tous les sens risquent d'être déçus. L'intrigue n'est pas si complexe en soi, il y a un mystère à résoudre potentiellement dangereux. Cependant, les protagonistes doivent également faire face au regard des « civils » pas forcément bienveillants, ainsi qu'aux conflits internes de leur communauté, et cela a tendance à chauffer sévère. (La situation se complique également du fait des voeux exprimés).

Anatèm de Neal Stephenson n'est pas un texte SF de référence en raison de son travail d'orfèvre (et ludique) sur le vocabulaire, ni de l'exposition judicieuse de concepts philosophiques propices à la réflexion ou encore de son histoire avec des trames à tiroir. Il possède tout cela, c'est un grand roman surtout parce ce qu'il s'adresse à tous les lecteurs curieux, offrant à chacun la possibilité de s'éclater au niveau de lecture choisi. Certes, le récit s'acquiert avec une certaine patience, mais quelle récompense finale!
Lien : https://albdoblog.com/2018/1..
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Le premier volume d'Anatèm m'avait laissé circonspect. Si j'avais apprécié l'ambiance générale du roman (notamment ces « monastères » un peu coupés du monde, qui font de la philosophie et de la physique de pointe, divisés en ordres philosophiques), j'avais trouvé le roman difficile d'accès, et j'étais bien décidé à en rester là. Mais voilà, il y a des livres qui vous marquent plus que vous ne le souhaitez, et à force de passer et de repasser devant ce deuxième volume dans les librairies, j'ai fini par m'en emparer.

Notons que ce découpage en deux volumes n'est valable qu'en français : en version originale, il n'y a qu'un seul roman. Et ça ne m'a pas simplifié la vie : pas de résumé, pas de petites scènes qui permettent de reprendre pied dans cet univers, mais une plongée directe au coeur de l'intrigue, avec un vocabulaire particulier et des noms de personnages à moitié oubliés. Merci au lexique en fin de volume qui permet tout de même de se rafraîchir les idées. Avec le recul, j'aurais sans doute dû enchaîner les deux romans à la suite. Toute la mise en place du premier volume prend naturellement son sens avec les événements du second.

Le livre reste compliqué : on est clairement dans de la hard-science, qui mêle physique quantique, multivers et principe de causalité. La question banale « Qu'est-ce que tu lis en ce moment ? » devient embarrassante quand on s'entend se perdre dans ses tentatives d'explication. Et il sera sans doute difficile de comprendre de quoi on parle sans avoir quelques bases sur les sujets évoqués (quelques articles ou vidéos de vulgarisation devraient toutefois suffire pour au minimum suivre l'intrigue).

Mais au final, c'est tellement documenté, et tellement possible (au vu de nos connaissances actuelles en tout cas) qu'on en sort avec l'impression d'avoir lu un roman de fiction qui aurait pu, à pas grand-chose près, être classé dans la section Histoire dans un monde parallèle (tiens, on y revient). Anatèm est un peu comme un marathon : on souffre pendant et on se demande pourquoi on s'est lancé dans un truc pareil, mais une fois terminé, on en ressort avec une certaine satisfaction mêlée de fierté.
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui vient confirmer tout le bien que je pensais du premier tome. J'attendais de découvrir ce récit depuis des années et je dois bien admettre qu'il a fait plus que répondre à mes attentes se révélant ainsi une de mes meilleures lectures de l'année. Alors je maintiens ce que j'ai déjà dit, Anatèm est un roman exigeant, qui ne plaira sûrement pas à tout le monde tant il se révèle dense et rempli de réflexions et de passages philosophiques, de théorèmes qui, pour ma part, me stimule toujours, mais pourrait en laisser certains de côté. Pour autant cette seconde partie ne manque pas non plus d'action, de tension et d'aventures. L'univers est toujours aussi intéressant à découvrir et gagner franchement en densité principalement dans le parallèle entre les Géomètres et Arbre. Comme je l'ai dit le gros point fort vient des questionnements et des idées que soulève ce roman, mais j'ai aussi trouvé très intéressant la façon dont l'auteur reprendre certaines thématiques classiques de la SF et les utilise dans son roman de façon originale. Concernant les personnages j'ai trouvé l'évolution des personnages de la première partie intéressante et les nouveaux personnages ne manquent pas de se révéler solides et efficaces. Concernant la conclusion elle m'a paru percutante et d'une certaine façon étourdissante. Après, je regretterai peut-être une ou deux facilités dans le passage un peu « spatial » ainsi qu'à un moment un passage qui fait très jeu-vidéo et m'a peu accroché. Franchement des broutilles devant les qualités de ce livre bien porté par une plume soignée, riche et efficace.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Anatèm est un roman américain de Neal Stephenson publié en 2008 et qui a obtenu le prix Locus du meilleur roman de science-fiction 2009. Il a longtemps été réputé intraduisible et les éditions Bragelonne avaient abandonné l'idée de le publier. Albin Michel Imaginaire a réussi à relever le défi avec Jacques Collin à la traduction et a scindé le roman en 2 tomes. Ayant lu les deux romans avec peu d'intervalle, j'ai préféré faire une seule chronique sur les 2 qu'une par tome.

Gilles Dumay décrit Anatèm comme « le nom de la rose 4000 ans après une apocalypse nucléaire » et cette définition correspond très bien au roman, comme le reflète également les couvertures très réussies des deux romans français. L'univers d'Anatèm est d'une richesse incroyable, l'auteur fait preuve d'un imagination foisonnante tant au niveau du style, du vocabulaire employé, que du monde développé. le revers de la médaille est que le roman est une lecture très exigeante, que ce soit pour le premier comme pour le second tome. Ce n'est pas seulement le vocabulaire employé, spécifique à l'univers avec de nombreux termes inventés, qui rend la lecture difficile, mais aussi les concepts utilisés proches de la philosophie par moments. Il faut clairement se dire avant de s'engager dans le roman qu'il y a des passages qui nous seront obscurs, où il faudra s'accrocher, qu'il faudra peut-être relire plusieurs fois pour les assimiler. Cependant, une fois cette réticence passée, le roman vaut le coup et passionne. Disons qu'il vaut mieux le savoir avant de se lancer dans la lecture de ce roman hors norme mais de très grande qualité.

Le début du roman présente l'univers dans lequel vit fraa Erasmas, le personnage principal et narrateur du récit. Celui-ci vit au sein d'une concente qui est un sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes, et il ne connait presque rien de sa planète qui s'appelle Arbre. le début du roman est assez difficile à s'approprier du fait du vocabulaire nouveau qu'il faut emmagasiner. À ce sujet, à la fin du second tome, on trouve en annexe un glossaire qui aurait mérité d'être présenté dès le premier livre.

Fraa Erasmas est le disciple de fraa Orolo avec qui il entretient une grande amitié et pour qui il a le plus grand respect. La vie dans la concente est soumise à des règles précises, à une grande discipline et au travail intellectuel. Les crimes considérés comme les plus graves sont punis d'anathème c'est-à-dire une expulsion définitive de la concente, vers le monde en définitive, en terrain étranger et hostile pour les fraas et soors. Orolo va subir l'anathème pour avoir observer dans le ciel un phénomène inexplicable alors que les tenants de la Discipline l'avaient interdit. Fraa Erasmas décide alors de partir à la recherche de son mentor. Il ne part pas seul et va être amené à connaitre un monde jusque là inconnu pour lui, à en affronter les potentiels dangers. Tout cela, pendant que le phénomène observé par Orolo dans le ciel prend de l'ampleur.

Le début du roman laisserait presque penser que l'on se situe dans de la fantasy avec une technologie proche du moyen-âge. Puis en découvrant la planète Arbre, en même temps que Erasmas, on s'aperçoit que le monde a une très longue histoire et a connu un grand cataclysme. le lecteur découvre cet univers si particulier presque en même temps que son personnage principal. Cependant, les découvertes ne se font pas de manière linéaire, bien au contraire. le monde imaginé par Neal Stephenson fait un peu penser au notre par certains aspects mais il est également très différent par le langage, les codes de la société, les paysages, les courants religieux. le tout est cohérent, brillant, dépaysant et d'une très grande richesse et complexité. Les personnages sont également très soignés, ils sont humains et très intéressants. Erasmas et Orolo se révèlent les plus attachants, apportant même un peu d'humour au récit.

Afin d'aider tout de même un peu le lecteur dans sa compréhension du langage et de l'univers, l'auteur parsème son récit d'extraits du Dictionnaire qui reviennent sur l'histoire de certains termes. le travail sur le langage effectué par Neal Stephenson est ainsi à souligner, tout comme celui du traducteur Jacques Collin qui est arrivé à s'approprier ce vocabulaire inhabituel.

Un des autres aspects importants du roman est sa richesse en thématiques abordées qui suscitent la réflexion pour le lecteur. le roman aborde un important questionnement sur l'homme, l'univers qui l'entoure, sa manière de vivre, de se comporter, la religion, la philosophie. Là aussi, c'est très riche et complexe, surtout dans le second tome, avec des passages franchement pas simples.

Anatèm est donc une oeuvre qui allie grande richesse et complexité à tous les niveaux: univers, intrigue, langage, thématiques. le voyage au sein des concentes et de Arbre est tortueux, compliqué, long, majestueux, intense. Il offre des moments de doutes et de joies, un peu à l'image de la vie. Certains passages restent obscurs mais une fois le voyage accompli, il reste de très belles images, des souvenirs brillants et un soupçon de réflexion.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Il va être difficile de chroniquer ce tome II, puisqu'il s'agit en fait de la seconde moitié du roman. En effet dans sa version originale Anathem est un pavé de plus de 900 pages. Pour sa publication française, les éditions Albin Michel Imaginaire ont fait le choix de scinder en deux parties ce monstre littéraire de Neal Stephenson.

Si je n'ai qu'un conseil à donner, ce serait de lire ce deuxième opus dans la foulée du premier. L'univers étant bien intégré et le vocabulaire encore bien présent, on ne rencontre plus les difficultés du début. Mais d'autres arrivent... ce second tome est peut-être plus exigeant en matière de réflexion philosophique. En particulier dans la dixième partie où de longs dialogues parfois abscons frisent le génie. Il faut s'accrocher, parfois laisser couler sans essayer de tout comprendre... la trame générale se dessine doucement et l'on découvre toute l'ironie de la situation.

Et je ne vous en dirai pas plus. Si vous avez aimé les aventures de Fraa Erasmas dans le premier tome, vous serez emballé par les épisodes suivants. Si par contre vous avez eu du mal à entrer dans cet univers, je ne suis pas sûr que cela s'arrange en lisant cette seconde partie.

A noter qu'à la fin de ce second tome se trouvent en annexe, trois Calca, c'est-à-dire trois démonstrations, trois explications scientifiques de problèmes plus ou moins simples. Cela cadre parfaitement avec le corps du texte, apporte un plus indéniable et montre bien les difficultés que nous avons de percevoir la réalité.

Un glossaire assez exhaustif est également disponible à la fin de ce second tome. le choix éditorial peut paraître osé mais pour ma part, je suis bien content de ne pas l'avoir eu dans les mains avec le premier tome. Cela m'a permis de savourer pleinement le jeu de la langue et de prendre du plaisir à chercher la signification de tel ou tel terme. La découverte d'Arbre est plus savoureuse sans cette petite aide...

Pour conclure, Anatèm est un livre rare, exceptionnel qui aborde de nombreuses thématiques sociétales, philosophiques, scientifiques. Un livre complexe mais époustouflant qui marque son temps, un livre comme on en croise peu sur sa route. Alors non, je ne suis pas sûr d'avoir tout compris ou plutôt je suis sûr de ne pas avoir tout compris mais cela n'empêche nullement la compréhension globale, ni la lecture. Anatèm est un roman scientifique qui ne laisse pas la place à la croyance ou aux superstitions, un roman qui fait la part belle aux sciences, à la philosophie et à la réflexion. Une bouffée d'air frais dans le monde d'aujourd'hui.

Lien : https://les-lectures-du-maki..
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RELECTURE 2023

Une relecture qui m'a fait voir une autre vision de l'histoire qui m'avait échappé la 1ere fois.
J'avais préféré ce tome la 1ere fois mais cette fois j'ai préféré la partie 1. L'effet de surprise n'était plus là mais cela reste dans le très haut du panier.
J'ai aussi mieux cerné certains passages notamment la fin. Je me suis rendue compte aussi que tout avait été bien préparé par l'auteur depuis la première partie. Je pense m'être plus attachée à Erasmus que lors de la première lecture. Et je suis devenue plus sensible à la critique que fait l'auteur du système mis en place, chose qui ne m'avait pas autant marquée à la première lecture. Mais il faut dire que le roman est tellement riche que cela est difficile de tout encaisser en une fois. Je suis vraiment contente de l'avoir relue. C'est vraiment un roman que je continuerai à encenser tant il est aux antipodes de ce que j'ai pu lire et parce qu'il est juste extraordinaire en tout point.

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AVIS DE 2018
Une de mes lectures preferées et une de mes plus marquantes de ma vie de lectrices Anatèm de Neal Stephenson. Cet avis concerne les 2 tomes car ils ne forment qu'un en VO.
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Voilà ce que j'en disais en 2018
.
Ce roman est décrit comme difficilement abordable car il faut accepter d'être bousculé pendant 150/200 pages.  Vous n'êtes clairement pas en terrain connu. Attention, cela ne veut pas dire que c'est incompréhensible, illisible ou WTF, au contraire, c'est en fait fascinant.  Mais je suis consciente qu'il peut être difficile d'entrer dans cet univers. Personnellemenr, j'avais l'impression d'être une chercheuse, lisant un témoignage sur une civilisation éloignée, mais proche de la nôtre qui a développé son propre langage, son propre système, ses propres croyances. Et pendant 200 pages, il fallait que j'apprivoise ce monde. Par la suite, vous êtes complètement immergé et vous entrez dans le coeur du récit et de l'intrigue.
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L'histoire est racontée par fraa Erasmus (fraa=frère), un jeune chercheur qui vit dans un sanctuaire fermé au monde extérieur sauf pendant certaines périodes. Lors d'une de ces périodes des événements anodins vont perturber son quotidien plutôt calme.
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Ce qui est remarquable dans ce roman, c'est que je ne me suis jamais ennuyée.  Tout est bien amené, les explications ne sont pas faites pour annoncer un quelque événement immédiat. Fraa Erasmus est en apprentissage, il fait des rencontres, il participe à des débats, il raconte sa quotidien et celui de ses amis . Tout cela participe intelligemment à nous ouvrir les portes de cet univers.
.
Des définitions parcourt le récit en les présentant comme des extraits de leur Livre. Les termes sont ensuite utilisés dans le récit comme s'ils faisaient partis du langage courant du lecteur. le roman est parcouru de néologisme et ce fut assez ludique de deviner à quoi elles faisaient références. J'en profite pour souligner le travail incroyable du traducteur car le résultat est remarquable.
.
Les personnages sont attachants. Erasmus reste accessible. Il admet ses incompétences et ses défauts. J'ai tout de suite apprécié Fraa Erasmus. le ton du récit n'est ni distant ni trop érudit ce qui aurait pu
être le cas avec des personnages aussi savant.
.
Les personnages qui gravitent autour de lui,
ont chacun leur attrait et ils sont facilement
identifiables. Avec du recul, je me rends compte
que ce n'est pas toujours évident surtout dans un
récit à la 1ère personne. J'ai pu me souvenir de
la plupart des personnages alors que pourtant on
les voit peu. Mais en faisant partir quotidien
Erasmus, ils le deviennent aussi pour nous.

Cela avait été mon roman préféré de 2018.
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