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Critique de domi_troizarsouilles


Je suis tombée sur ce titre tout à fait par hasard, un de ces jours récents où je naviguais dans le catalogue de Lirtuel (la bibliothèque belge francophone en ligne) : c'est qu'il y est classé au palmarès des « Titres les plus empruntés », ce qui n'est certes jamais un gage de qualité, mais bon, j'avais envie d'au moins une lecture facile, alors fonçons ! Je précise, pour amadouer d'emblée les esprits chagrins, que quand je parle de « lecture facile », ce n'est en rien péjoratif : il se trouve seulement que, dans ledit classement, je vois surtout de ces livres de la tendance très à la mode du « feel-good », à croire que notre époque a fondamentalement besoin de se faire du bien, sans trop réfléchir il faut bien le dire, même en lisant.

En réalité, l'autrice ne m'était pas inconnue, ce qui a sans doute contribué à me décider très rapidement pour ce livre. J'ai gardé le souvenir attendri de la très bonne lecture, malgré les clichés, que fut « Les ours mal léchés s'apprivoisent à Noël » en décembre 2020 – je lui avais même mis une note exceptionnelle de 20/20 ! En revanche, j'avais oublié ma lecture de « Amour et bottes de foin », le tome 1 de « Rat des champs » qui, malgré le fait que c'est une romance M/M (mes préférées!), et que je l'ai lue plus récemment (en mars 2022), m'avait nettement moins plu – pas pour rien qu'elle soit sortie de ma mémoire.

Avec cette romance-ci, on renoue avec un certain plaisir, même si on continue d'accumuler les clichés, et des traits constants, apparemment, dans les romans de Valentine Stergann : un.e Français.e se rend en Angleterre pour une quelconque raison ; rencontre un homme (là, c'est uniquement au masculin, du moins dans mes lectures jusqu'à présent) bourru, mal embouché, désagréable et j'en passe ; mais bien sûr, d'une façon ou d'une autre, l'amour est finalement au rendez-vous et on vole vers le happy end.
L'autrice a saupoudré cet opus-ci de toute une série d'ingrédients complémentaires, qui donnent au roman sa couleur particulière, tout en gardant le même moule qui finirait par être lassant s'il se répète encore – en a-t-elle seulement conscience ?

En point de départ, on a donc le décès de Georges, vieil homme solitaire qui, après une vie aventureuse dont on ne sait quasi rien, était revenu dans son petit village de Normandie pour prendre soin de ses vieux parents. C'est là qu'il a fait la connaissance de Faustine et de son fils encore bébé Tristan, venus habiter la maison voisine, ladite Faustine fuyant une vie dont elle ne voulait pas, et cherchant un nouveau départ. Les trois se sont très fort attachés les uns aux autres ; ainsi, quand Georges meurt à son tour, complètement esseulé – seuls Faustine et Tristan, désormais 16 ans, étaient présents à sa crémation ! – Faustine ne peut accepter que la maison où ils ont passé tant d'heures heureuses passe en héritage à de parfaits inconnus, des lointains cousins parisiens que personne ne connaît. Elle se met alors en tête que Georges avait forcément de la famille ailleurs, un héritier peut-être même et, sur base d'une photo qui n'indique presque rien mais qu'elle va soulever comme un indice formidable, elle se met en quête de l'improbable héritier, avec son fils… de l'autre côté de la Manche.

Autant dire que j'ai trouvé ce point de départ absolument improbable. Touchant, sympa, attachant, si vous voulez, mais pas crédible un seul instant. L'autrice explique dans ses remerciements (ce n'est donc pas un spoil) que cette histoire lui est venue à la suite des funérailles d'un homme où seules quatre personnes, dont elle, étaient présentes. Si elle ne dit rien de cet homme, elle a voulu lui rendre hommage : voilà pour la naissance de ce roman. C'est donc bien ce que je disais : c'est attendrissant et même un brin émouvant, mais l'entêtement de Faustine à trouver absolument une piste vers une famille illusoire que Georges aurait laissée quelque part, c'est tellement « gros » que… eh bien, soit on l'accepte en levant les yeux au ciel et on continue, soit on peut laisser tomber d'emblée.

J'ai choisi la première option, persistant à profiter de ce feel-good, et je ne vais pas dire que je suis ravie, mais clairement ça se laisse lire, car à défaut d'être follement originale ou au moins réaliste, l'autrice se veut pétillante, avec un humour parfois léger, parfois style « gros sabots » mais qui marche.
Pour le reste, je pourrais presque lister les éléments qui font ce livre :
- une histoire ennemies to lovers qu'on voit venir à la (très) grosse louche dès la toute première rencontre entre les deux protagonistes ;
- quelques réflexions intéressantes sur l'adolescence, point de vue difficulté d'être adolescent et de se faire des amis – avec au passage une sous-réflexion sur « qu'est-ce que l'amitié ? » -, surtout quand on est différent, entendre plus mûr que son âge… Cela dit, il ne faut pas s'attendre à trouver ici une nouvelle Freud ou Dolto : c'est plein de clichés feel-good (à nouveau) et sensés, mais sans aucune nouveauté, et qui conviendraient mieux à un public jeune adulte qu'à la vieille que je suis…
- le climax du livre, cette « révélation » que Faustine attendait et dont je ne peux dire davantage sous peine de divulgâcher, eh bien… l'autrice, tout en se voulant clairement « dans l'air du temps », m'a complètement scotchée ! Croyez-moi, c'est sans doute la partie la plus excitante de ce livre, d'autant plus qu'elle a fait baver le lecteur avant d'y venir enfin, et qu'elle parvient à surprendre à 200% !
- l'inévitable happy end, encore plus improbable que le point de départ, à tel point que là, je n'ai même plus levé les yeux au ciel, mais me suis dit : ouf c'est fini…

Dommage ! car, vraiment, malgré les situations souvent plus que prévisibles dans ce livre, malgré certaines parties alambiquées et/ou invraisemblables, on finit par se laisser prendre par la légèreté tranquille et apaisante qui survole ce livre malgré tout. (Feel-good, ne vous le disais-je pas ?) Autant dire que, sans vouloir un gros drame pour finir, on aurait voulu un peu plus de challenge qu'une résolution qui tombe du ciel et qui parachève ce sentiment qu'on n'y croit pas, qu'on n'y a pas cru depuis le début.
Or, même si l'histoire est touchante, émouvante etc., elle manque un peu trop d'ancrage dans la réalité, dans une « vraie vie » un tantinet plus plausible, que la surchauffe constante de Faustine et le caractère prétendument acariâtre de son ours mal léché.
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