Citations sur Séquestrée (85)
Je me souviens d’un chien en particulier, Bubbles. Un horrible bâtard atteint de pelade qui attendait en fourrière depuis une éternité. Il suffisait qu’un inconnu pointe le bout du nez pour qu’il se pavane. Il n’avait jamais perdu espoir. J’ai failli le ramener chez moi, mais je vivais en appartement à l’époque. En fin de compte, j’ai arrêté les vacations à la fourrière faute de temps, et je n’ai jamais su si quelqu’un l’avait adopté. Ma situation m’a fait repenser à Bubbles. Comme lui, j’attendais bêtement que quelqu’un vienne me chercher. J’espère sincèrement qu’on a piqué cette pauvre bête avant qu’elle comprenne que personne ne viendrait jamais la sauver.
Je passe une fois de plus à la télé ce soir, je vais devoir affronter une blonde platinée avec un sourire Tonigencyl qui va me demander si j'ai eu peur sur ma montagne. Tu parles, Charles. Les journalistes ne valent pas mieux que le Monstre. Ils sont aussi sadiques que lui, à la différence qu'ils sont grassement payés. Curieusement, personne ne pense jamais à me demander comment je vis aujourd'hui. De toute façon, je les enverrais chier, mais quand même. Pourquoi les gens ne s'intéressent-ils qu'aux drames, jamais à ses conséquences ? Ils croient peut-être que tout rentre dans l'ordre du jour au lendemain ? Si seulement." (p. 68)
Aujourd'hui, on dit partout que je me suis comportée de façon héroïque. Pour moi, un héros, c'est quelqu'un qui est prêt à donner sa vie pour une cause. Ma résistance, ce n'était pas de l'héroïsme, c'était de la lâcheté.
Enfouir toute cette merde, c’est à peu près aussi efficace que de fermer sa porte un jour d’inondation. L’eau passe par tous les interstices, en attendant que la porte vole en éclats.
Les gens passent leur temps à faire souffrir ceux qu'ils aiment. La nature humaine possède des ressources de malfaisance inépuisables.
J'ai remarqué que vous n'aviez pas forcé sur les décorations de Noël, docteur. À part la couronne en cèdre sur la porte d'entrée. Vous avez raison, surtout quand on sait que la période de Noël est propice aux suicides et que la plupart de vos patients sont sûrement déjà au bord du gouffre.
Il faudrait se balader à longueur de temps avec une bulle pleine de pensées joyeuses au-dessus de la tête pour nager dans le bonheur et la félicité. Désolée, mais je n’y crois pas. Vous pouvez vous forcer tant que vous voulez à être heureux, une merde peut vous tomber sur le coin de la gueule à n’importe quel moment.
Non seulement elle vous tombe sur le coin de la gueule, mais elle vous écrase pour avoir été assez con de croire au bonheur et à la félicité.
Je crois, au contraire que certaines personnes sont tellement cassées, qu'elles ne de reconstruiront jamais entièrement.
Il continuait à me punir quand je me comportais mal, mais il ne m'avait plus flanqué de coup depuis belle lurette et j'en arrivais à le regretter. La souffrance physique me donnait l'impression de résister, à l'inverse de la cruauté mentale qui me grignotait inexorablement la tête. (p. 94)
Wayne: [...] On était dans la merde.
Annie: Dans la merde, tu dis? Non, Wayne. Celle qui était dans la merde, c'est la pauvre pomme qui était violée soir après soir. Celle qui faisait semblant de se débattre en poussant des cris pour que ce salaud arrive à bander. Celle qui devait pisser à heures fixes. Tu veux que je te raconte ce qu'il m'a fait le jour où j'ai voulu aller aux toilettes en douce? Il m'a obligée à boire dans la cuvette des WC. Dans la cuvette, Wayne! Les gens n'agissent même pas comme ça avec leur chien. Être dans la merde, c'est ça, Wayne!