Le jour où l’on m’a envoyée chercher Anna Kayser pour la conduire à l’asile psychiatrique, j’ai d’abord été contrainte de capturer un voleur.
Je dis « contrainte » comme s’il s’agissait là d’une corvée, mais, à la vérité, une bonne course-poursuite m’est très agréable. Un homme fuyant une scène de crime offre à un agent assermenté le rare cadeau d’une victoire facile. Rien n’est plus encourageant qu’une solide arrestation, effectuée au terme d’un effort physique gratifiant, surtout quand le voleur est pris sur le fait, sans que puissent surgir par la suite des questions ennuyeuses sur l’absence de preuves ou le manque de fiabilité d’un témoin.
-Je sens la folie qui commence à monter en moi, lança Géraldine. Et nous ne sommes là que depuis une demi-heure... Vingt ou trente ans ! C'est impensable...