Tout ce que je n'ai pas dit

Parmi les choses que je n'aime pas dans les romances, une chose se place en tête de liste : les triangles amoureux. La plupart du temps je trouve que cela n'apporte rien à l'histoire, voire que cela la dessert totalement. Aussi en découvrant le synopsis de Tout ce que je n'ai pas dit, j'ai cru qu'il s'agissait d'un énième roman pour ados sur un énième triangle amoureux entre deux amies et le petit copain de l'une d'entre elles. Mais parce que la littérature est ainsi faite, elle a le don de toujours nous surprendre et ce qui ne devait être qu'une romance triangulaire s'est révélée être tout autre chose.

Hannah et Emory se connaissent depuis toujours ou presque. Enfin ça c'était avant, car un jour, dont ni l'une ni l'autre ne veulent plus parler, elles arrêtent de s'adresser la parole. Chacune se concentre sur ses objectifs. Pour Emory, passer du temps avec Luke son petit ami et se préparer pour les concours qui lui permettront d'intégrer l'école d'art dont elle rêve. Quant à Hannah, elle essaye de se remettre du choc d'avoir découvert que sa famille n'était pas celle qu'elle croyait. Et puis tout bascule, parce que Luke a un accident devant la maison d'Hannah et que c'est la jeune fille qui le trouve. Cette nuit anodine va bouleverser leur vie pour toujours et les forcer à revoir tout ce en quoi ils croyaient.

Comme mon introduction vous le laisse peut-être deviner, ce roman n'est absolument pas un triangle amoureux. Je ne suis même pas tout à fait sûre que l'on puisse qualifier ce roman de romance. En revanche il est bien question d'amour, mais s'il est présent dans toutes les pages ou presque, ce n'est pourtant pas le sujet principal de cette oeuvre. Mais alors de quoi parle ce livre ?

Ce livre est un ouvrage sur la mort, la vie, les questions métaphysiques, l'amitié, la famille, le fait de grandir, les choix que l'on fait, la religion et la spiritualité, les miracles quotidiens, tout ce que l'on peut expliquer et toutes ses petites choses qui n'ont aucune explication logique ou scientifique et qui pourtant existent. C'est un livre qui nous pousse à nous interroger sur ce que nous savons, ce en quoi nous croyons et ce que nous croyons savoir.

C'est aussi une histoire qui se déroule sur plusieurs plans. Ou plutôt on pourrait dire qu'il s'agit de plusieurs histoires imbriquées les unes dans les autres : celle d'Hannah, celle d'Emory, celle de Luke, celle d'Hannah et Emory, celle d'Hannah et Luke, celle de Luke et Emory. Autant d'histoires et de destins qui s'entremêlent pour en former un, plus grand. On suit donc à la fois les choix, les changements et les évolutions des personnages et ceux de leurs liens.

J'ai passé un très bon moment en compagnie de Luke, Hannah et Emory que j'ai regardé avec fascination, grandir, mûrir, demander pardon, pardonner. Tamara Ireland Stone nous propose une histoire principale qui se scinde en plusieurs arcs narratifs dont certains nous tiennent en haleine plus longtemps que d'autres. Quelles sont les raisons pour lesquelles Hannah et Emory ont cessé du jour au lendemain de se parler ? Que c'est il réellement passé la nuit de l'accident de Luke ? Tant de questions qui nous taraudent pratiquement jusqu'à la toute fin du récit.

C'est un roman très fort à la fois dans ses thématiques mais aussi dans son écriture que nous offre Tamara Ireland Stone. Et ce que j'ai préféré dans cette histoire c'est certainement sa fin, douce amère mais réaliste, ce qui lui offre donc encore plus de poids. Je dois avouer que je n'attendais pas grand chose de cette lecture et qu'elle m'a surprise, saisie et émue bien plus que je ne l'aurais jamais imaginé.

Un roman fort et puissant dont il m'a été difficile d'écrire la chronique sans vous dévoiler tout ce qui s'y passe. Une histoire d'amour au sens universel du terme qui nous pousse à réfléchir et peut à mon sens se lire à divers degrés de compréhension. Il me tarde à présent de découvrir les autres ouvrages de cette autrice, en commençant par celui disponible au catalogue d'Hugo New Way

Little do we know est un récit initiatique. Avec les héros, on grandit et on tire les leçons qu'ils apprennent.

Je me suis surprise à avoir la gorge nouée et même à être sur le point de pleurer. Il ressort de l'action un sentiment de mélancolie. C'est la perte de l'innocence. Un passage à l'âge adulte qu'on sait inévitable mais qu'on appréhende. C'est la fin de l'été.

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