Witch and God, tome 1 : Ella la Promise

Loin d'être la meilleure lecture de l'année (dans le flop 5 en fait), le roman est truffé de tous les défauts et clichés qu'on peut trouver dans la romance Young Adult Fantasy : deux ennemis héréditaires (sorcière contre dieu), une fille trop enjouée des plus banales et un homme sombre au passé tragique, une romance éclair où ils tombent amoureux en quelques semaines, des plans secrets, des scènes olé où tout s'emboîte parfaitement et où « tout n'est que sensations », « tout est flou », « frénétique », « impossible de penser » : les gars, ça s'appelle l'ivresse ou la drogue et c'est mal (d'ailleurs, il y a plein de références à l'usage de drogues dans le roman et c'est utilisé sur des mortels avec pour seule défense « ils ne s'en souviendront pas après » – dégoûtant, le GHB fait la même chose et c'est immoral en plus d'être illégal !).

Résumé : Dans un monde semblable au nôtre où les humains côtoient sans le savoir déesses, dieux, créatures mythologiques et sorcières, Ella est une sorcière sans don, première fille née dans la communauté sans aucun pouvoir, elle semble être la preuve que l'hostilité qui règnent depuis 100 ans entre dieux et sorcières à un impact négatif et doit être réglé.
Pour sceller une alliance, les deux partis organisent un mariage entre un représentant de chaque communauté : lorsque le petit-fils de Zeus Deimos, dieu de la Terreur exprime son souhait d'épouser « la sorcière sans don », Ella y voit l'opportunité d'être utile à son coven et libérer sa soeur qui était initialement prévue pour ce mariage. Mais évidemment les conflits séculaires compliquent les choses, de même que le caractère sombre et méfiant de son nouveau mari.
Même si je n'ai pas aimé ma lecture, j'ai apprécié l'idée, mais j'ai absolument détesté le style. C'est du point de vue d'Ella du début à la fin, donc tout à la première personne avec des pensées comme « Fichtre, moi qui pensait l'avoir bien eu » ou « Non mais il va pas bien lui » ou des choses du même genre. Je n'aime pas du tout cette façon d'écrire comme on parle ou comme on pense, la fille passe la plupart du temps pour une midinette sans cervelle alors qu'elle a 20 ans, va à la fac et est consciente que le monde est plus dangereux que les humains le ne croient.
J'ai cru comprendre que c'était une trilogie où chaque tome se concentre sur une des soeurs, Ella étant la plus jeune et que l'autrice avait voulu faire un effort en essayant de rendre le plus crédible possible les pensées de chacune en rapport à son âge. J'ai trouvé tout moins que crédible mais, bon, c'est du YA, j'ai rarement des trucs logiques surtout dans la psychologie des personnages.
Je ne recommande pas du tout la lecture, il y a d'autres romans plus réussis qui ne prennent pas les jeunes adultes et les adolescentes pour des idiotes ou qui leur font croire que cesser d'être terrorisée par son mari n'est qu'une question d'habitude et surtout qui ne font pas l'apologie de l'utilisation de drogues sur des innocents.
J'ajouterai aussi que j'ai lu la version « augmentée » avec un chapitre supplémentaire du point de vue de Deimos, le fiancé qui montre ses pensées au moment où il rencontre Ella, ça n'a aucun autre intérêt que de cimenter mon avis sur la pauvreté de ce roman.

Avant d'expliciter pourquoi cette lecture ne m'a pas parlée, d'où les deux étoiles, attardons nous sur le fond et non la forme :

l'atmosphère de ce roman est très agréable. Pour tous les adeptes (dont moi ahah) de la sorcellerie, du paganisme, de l'hellénisme, « witch and god » s'avère être une lecture plaisante, un chocolat chaud à la main, pour la periode septembre-novembre.
Ainsi, le fond m'a plongée dans ce que l'on appelle tous un « bon mood », nécessaire pour beaucoup à une bonne lecture divertissante, c'est pourquoi j'ai achevé ce roman relativement vite (3 jours).

Malheureusement, un roman agréable n'est pas pour autant un roman intéressant.
« witch and god » est l'exemple moderne d'une littérature burlesque, un registre qui pour moi, altère de manière rédhibitoire la possibilité de s'identifier aux personnages, et même, d'éprouver du « respect » à leur égard.
La protagoniste de ce roman est la plus insupportable à laquelle j'ai eu affaire jusqu'ici. Ses réflexions intrinsèques sont constamment ponctuées de points d'exclamation, d'aposiopèses, d'onomatopées, les règles de la syntaxe sont volontairement bafouées, le langage est familier, donnant le sentiment que l'autrice écrit comme elle parle.
Ça marche peut-être en livre audio, mais ça fait beaucoup grimacer dans un bouquin.

Voici un exemple révélateur, celui qui m'a littéralement fait rire de gêne :
« Hop hop hop ! Pas de pensées tordues, on a dit ! […] Un mufle, un mufle, un mufle ! Un mufle musclé, bon sang ! C'est quoi ces abdos béton ? Ma main s'est retrouvée pile dessus par accident, pas pu m'empêcher de « toucher »... »

Vous voyez où je veux en venir maintenant ? Bon.
Le registre burlesque se répercute également sur les Dieux Grecs. Je suis ok pour le côté moderne, la volonté d'insérer une culture Antique dans notre société actuelle, c'est une trope qui a les moyens d'être très intéressante.
Mais le fait que Dionysos soit un DJ, compositeur, influenceur à Dubaï suivit par des millions de followers sur les réseaux sociaux, c'est pas de la mythologie, c'est de la télé réalité.

En bref, l'histoire est sympa, assez prenante et divertissante, mais elle manque beaucoup de potentiel, et le style ne plaira certainement pas à tout le monde.

Je ne lierai pas les autres tomes, mais je suis curieuse d'avoir vos retours sur ces derniers si vous avez eu le même ressentiment que moi à la lecture du premier tome, et que vous avez tout de même décidé de poursuivre la trilogie.