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Critique de NMTB


Cet ouvrage contient un florilège des écrits de Suarès, beaucoup de critiques, d'exégèses, quelques textes politiques ou plus littéraires. Beaucoup d'oeuvres de Suarès ne sont plus rééditées depuis longtemps. Mais en vérité, Suarès écrivait beaucoup et il se répétait aussi, il y a du très bon et du plus anecdotique, je ne trouve pas qu'il soit nécessaire de tout connaître. Par bonheur, l'un des ouvrages les plus intéressants a été réédité dans les années 1990 et doit pouvoir se trouver encore facilement, il s'agit de « Poète tragique » sur Shakespeare. « Lord Spleen en Cornouailles » est aussi très bon, comme les petits extraits inédits du « Voyage du Condottière », magnifiques. « Pour et Contre Tolstoï » mérite aussi d'être lu, à mon avis.
Suarès en trois mots : Passion, orgueil et spleen. Une passion qu'il place au-dessus de toute morale, un immense orgueil qui ne peut pas aimer sans être préféré, et un spleen constant qui s'en déduit facilement. On trouve des tas de phrases comme celle-ci dans quasiment toutes ses oeuvres : « La vie est un trouble, un lieu d'excès, la passion des passions. Je le pense et je l'éprouve. de tous les hommes, ne suis-je pas le plus vivant ? Or, cette vie qui est en moi pareille à la lumière pour elle-même, je vais la perdre, demain, ce soir, tout à l'heure. » Avec ça on peut comprendre tout ce qu'il a écrit, même ce qu'on admet le moins, on comprendra son point de vue et si on le trouve violent on ne le trouvera pas faux.
Suarès et trois écrivains : Pascal, Stendhal et Nietzsche. Il confesse une admiration totale et constante pour Pascal, c'est certainement celui qu'il encense le plus, mais à mon avis il est davantage l'héritier de Stendhal. Ils ont la même façon de caractériser les peuples et les nations, ils donnent la même importance à l'amour, et partagent le même engouement pour l'Italie ou Napoléon. L'influence littéraire la plus ambigüe est celle de Nietzsche, mais elle est réelle et très sensible. Ce goût pour les aphorismes, cette rhétorique sur la morale (même s'il n'en tire pas tout à fait les mêmes conclusions) et ces apparentes contradictions, tout ça est nietzschéen au possible. Il est parfois lyrique jusqu'à la grandiloquence et parfois d'une concision extrême, grand amateur d'ellipses. En fait, je qualifierais sa prose de sentencieuse.
Sur le plan politique, c'est un républicain parfait, contrairement à nombre d'écrivains de sa génération, jamais il ne s'est perdu du côté monarchiste ou communiste. Grand patriote aussi, et en totale opposition aux nationalistes, il frise quand même l'anti-germanisme, même s'il faut admettre sa clairvoyance quant au racisme de la société allemande. Contrairement à son vieil ami Romain Rolland, il ne croyait pas à la non-violence tolstoïenne et soutenait l'effort de guerre. Enfin, il faut dire qu'il était très antiféministe et d'une manière générale détestait tout esprit partisan.
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