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Les écrits de La Créquinière sur l’Inde ont la caractéristique remarquable d’exprimer en termes purement empiriques la banalité la plus plate.
A cette époque aussi, des formes complexes de ressentiment de classe existaient, qui divisaient là où le sentiment d'appartenance à une race et à une religion unit à première vue. Car ces européens, plus souvent des hommes que des femmes étaient généralement des self-made-men ; on trouvait parmi eux un large éventail de professions variées, des prêtres catholiques et des experts en artillerie, des traducteurs, des bijoutiers, des peintures, des bâtisseurs, des marchands. Il y avait aussi quelques aristocrates ou des personnes proches de l'aristocratie, mais beaucoup se trouvaient en réalité en Inde parce que cela leur offrait la possibilité de progresser socialement, alors que cela leur était difficilement possible en Europe.
Il ne fait aucun doute que les Européens du début de la période moderne ont abordé et compris l'Inde en fonction de leurs propres positions sociales, de leurs croyances religieuses et de leurs tendances intellectuelles. Mais l'on peut dire de la même manière qu'il n'y eut pas non plus de vision monolithique des "Francs" en Inde durant ces siècles. Certes, pour beaucoup, l'indifférence était aussi une option, puisque ce n'est que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, avec la conquête britannique du Bengale d'abord, puis de l'Inde méridionale et de l'Inde occidentales, que les Européens apparurent en tant que puissance à ne pas sous-estimer dans les réalités quotidiennes du sous-continent.