AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Salamandre (17)

Oh ! la vie d'Orient, la vie d'Orient ! Seule existence qui ne soit pas une longue déception ! Car là ne sont point de ces bonheurs en théorie, de ces félicités spéculatives... Non ! Non ! C'est un bonheur vrai, positif, prouvé.
Et qu'on ne croie pas y trouver seulement une suite de plaisirs, purement matériels. C'est au contraire la vie du monde la plus spiritualisée, comme toutes les vies paresseuses et contemplatives. Car enfin connaissez-vous un Oriental qui ne soit pas poète ? Ne puise-t-il pas la poésie ou l'ivresse ? -car l'ivresse est de la poésie accidentelle - ne puise-t-il pas la poésie à trois sources : dans son Narguileh, dans sa tasse et dans son Taim ?
La poésie du Narguileh, poésie aérienne, diaphane et indécise comme la vapeur embaumée qui s'en exhale. C'est une harmonie confuse, un rêve léger, une pensée que l'on quitte et qu'on reprend, une gracieuse figure qui apparait quelquefois nue, quelquefois demi-voilée par la fraiche fumée du tabac levantin.
Puis la poésie du café, déjà plus forte, plus arrêtée. Les idées se nouent, s'enlacent, et développent, avec une merveilleuse lucidité, leur éclatant tissu. L'imagination déploie ses ailes de feu, et vous emporte dans les plus hautes régions de la pensée. Alors les siècles se déroulent à vos yeux, colorés et rapides, comme ces rivages qui semblent fuir quand le flot vous emporte. Alors les hautes méditations sur les hommes, sur l'âme, sur Dieu; alors tous les systèmes, toutes les croyances : on adopte tout, on éprouve tout, on croit à tout. Pendant ce sublime instant d'hallucination, on a revètu tour à tour chaque conviction; on a été le Christ, Mahomet, César, que sais-je, moi ?
Enfin, la poésie de l'opium, poésie toute fantastique, nerveuse, convulsive, âcre, dernier terme de cette vie poétique qu'elle complète. Ainsi, ce que Faust a tant cherché, ce qui a damné Manfred, l'opium vous le donne. Vous évoquez les ombres, les ombres vous apparaissent. Voulez-vous assister à d'affreux mystères ? Alors c'est un drame infernal, bizarre, surhumain, des êtres sans nom, des sons indéfinissables, une angoisse qui tuerait si elle était prolongée, et puis, toujours maître de votre faculté volitive qui sommeille. D'une pensée, vous changez ce hideux tableau en quelque ravissante vision d'amour, de femmes ou de gloire.
Et puis, après avoir plané dans ces hautes sphères et goûté ces sublimes jouissances intellectuelles, vous prenez terre dans votre harem. Là, une foule de femmes belles, soumises, aimantes; car, fussiez-vous laid et difforme, elles vous aiment : Là, des plaisirs sans nombre, variés, délicats et recherchés. C'est alors la vie matérielle qui succède à la vie intellectuelle. Alors, plongé dans l'engourdissement de la pensée qui se repose, vous devenez stupide, inerte; tous vos sens dorment, moins un, et cet un s'accroît encore de l'absence momentanée des autres, aussi êtes-vous heureux, comme un sot; et vous savez le bonheur des sots, "bone Deus !"
Et ceci n'est pas une vaine théorie, une utopie faite à plaisir.
Le tabac ne trompe pas, le café ne trompe pas, l'opium ne trompe pas; leur réaction sur notre organisme nerveux est positive et physiologiquement prouvée et déduite. Il faut que notre organisation morale cède à leur influence : tristes ou gaies, heureux ou malheureux, nos sensations intimes s'effacent devant une bouffée de tabac, dix grains de café ou un morceau d'opium.
Les femmes de votre harem ne vous trompent pas non plus. C'est un fait que leur peau fraiche et satinée, que leur chevelure noire et soyeuse, que leurs dents blanches, que leurs lèvres rouges : ce sont des faits que leurs caresses ardentes et passionnées; car, élevées au sérail, vous êtes le seul homme qu'elles aient vu et qu'elles verront jamais.
Ainsi, si votre tabac, votre café et votre opium sont de qualité supérieure, si vous êtes assez riche pour mettre six mille piastres à une Géorgienne, trouvez-moi donc une seule déception dans cette existence toute intellectuelle, dont le bonheur entier, complet, ne repose pas sur des bases fragiles et mouvantes comme le cœur d'une femme ou d'un ami, mais sur des faits matériels que l'on achète à l'once et qu'on trouve dans tous les bazars de Smyrne et de Constantinople !
Commenter  J’apprécie          00
Or, maître Buyk, d'ailleurs devin fort habile et fort estimé à bord, participait, quant au moral, de la froide dureté du parquet de fer qui couvrait son plancher.
Voyez plutôt :
Sur un coffre assez bas un homme accroupi tenait sa tête dans ses mains. C'était maître Buyk.
Il portait pour tout vêtement un pantalon de toile grise, et pas de chemise, selon son habitude, vu la chaleur étouffante qui règne dans cet espace étroit et presque privé d'air et de jour.
Il paraissait d'une taille moyenne, maigre, mais merveilleusement musclé. La lueur du fanal qui éclairait la fosse ne jetait qu'une clarté douteuse et rougeâtre.
Il leva sa tête. Ses cheveux étaient gris et rares; ses yeux creux et ternes; ses pommettes saillantes; et par négligence il portait sa barbe longue.
- Misère ! cria-t-il d'une voix forte.
On ne répondit pas.
- Misère ! Misère ! Misère !...
Silence.
- Misère ! Misère ! Misère ! Misère !
À la quatrième fois, une voix faible et éloignée répondit avec un accent de terreur :
- Me voilà, me voilà, maître... Me voilà...
Et la voix approchait en répétant toujours :
- Me voilà ! Me voilà !
Enfin, un enfant de sept à huit ans sauta d'un bond dans la fosse. C'était Misère.
Maître Buyk était toujours assis. Il fit un signe de la main.
Misère sentit un léger frisson courir par tout son corps en allant prendre dans un coin de la porte une espèce de martinet fait de plusieurs houts de corde à noeuds bien serrés. Il le présenta au maître.
Puis il se mit à genoux et tendit le dos.
Et c'était pitié que ce pauvre corps maigre, chétif, souffreteux, jaune et étiolé.
Maître Buyk parla :
- Je t'ai appelé quatre fois, et tu n'es pas venu. Et quatre coups fortement appliqués fouettèrent l'enfant, qui ne poussa pas un cri, pas une plainte, se releva, prit le martinet, dont il s'essuya les yeux sans que le maître pût le voir, le remit au clou, et revint se planter debout devant le maître.
- À présent, dis-moi : Pourquoi as-tu tardé autant ?
- Maître, on me battait là-haut.
- Tu mens ! Tu jouais.
- Je jouais ! Maître... Je jouais ! Mon Dieu ! Je jouais ! Qui donc voudrait jouer avec moi ? dit le triste et chétif enfant avec un accent d'amertume indéfinissable. Les autres mousses me battent quand je leur parle; ils me prennent mon pain, ils m'appellent rat de cale; et tout à l'heure, maître, on m'a fouetté là-haut, parce qu'ils disent que dix coups de fouet à un mousse donnent du bon vent. Oh ! Maître ! Allez, vous m'avez bien nommé... Misère ajouta-t-il en soupirant, car il n'osait pleurer; et tout son corps meurtri et bleu tremblait comme la feuille; la chaleur était étouffante, et il avait froid.
- Quel temps fait-il donc ?
- Depuis hier, il vente du nord-ouest, maître.
- Et le vent du nord-ouest souffle toujours ? demande Buyk d'une voix tonnante.
- Oui, maître, dit l'enfant tout peureux.
- Il souffle du nord-ouest ! répéta le maître tout pensif.
- Oui, maître.
- Qui te parle ?
Et ces trois mots furent accompagnés d'un soufflet.
Maître Buyk tomba dans une profonde méditation qu'il n'interrompit que pour faire des figures et des signes avec des cailloux, des bouts de cordes et son couteau.
L'enfant ne bougeait; immobile, craignant de s'attirer de nouveaux coups, retenant son haleine. Et en vérité, Misère était bien à plaindre. Ce malheureux avait été embarqué à bord par pitié; sa mère était morte à l'hôpital, et maître Buyk, l'ayant pour ainsi dire adopté, en avait fait son mousse, et lui faisait bien, je vous assure, payer le pain qu'il ne mangeait pas toujours, le pauvre enfant !
Enfin Misère était si chétif, si souffrant, que, pour cet étre maladif, il eut fallu de l'air, du soleil, des jeux d'enfant, bruyants et animés, une bonne vie joyeuse et insouciante, du repos et du sommeil. Lui, au contraire, ne quittait la cale que le moins possible, tant il redoutait les autres mousses, qui le pourchassaient, le tourmentaient et le battaient. Aussi le seul plaisir du misérable, c'était la nuit, pendant que son maître dormait, de se glisser comme une couleuvre sur le pont, de monter sur les bastingages, et de là, dans les porte-haubans.
Alors, sa pauvre figure souffrante s'épanouissait, frappée, ranimée qu'elle était par ce bon air marin; il éprouvait un bonheur d'enfant à voir les lames bondir, bouillonner, et se briser sur l'avant du navire en l'inondant d'une clarté phosphorescente; à regarder les étoiles briller dans le ciel, à écouter Ja voix de la mer, et à rester une heure sans être battu.
Mais ces momens de vif plaisir étaient courts et rares, tant il craignait de ne pas répondre à la voix terrible de maître Buyk. Aussi, par instants, le faible cerveau de ce malheureux se dérangeait. Alors, pâle et livide, un affreux sourire sur les lèvres, agrandissant ses yeux d'une manière horrible, il disait de sa petite voix grêle et stridente :
- Le rat de cale a de bonnes dents, de bonnes dents, et il rongera la noix.
Et en prononçant ces paroles inintelligibles, il tournait sur lui-même avec une effrayante rapidité; puis enfin, épuisé, il tombait dans un sommeil léthargique, que son maître interrompait à grands coups de corde, le rappelant ainsi à lui-même.
Commenter  J’apprécie          00
Oh ! N'aimez-vous pas une de ces imposantes symphonies où cent musiciens attentifs concourent à exprimer un seul son composé de mille sons, une harmonie unique composée de mille harmonies; où cent musiciens lisent enfin d'une seule et grande voix un immense poème musical tour à tour vif et triste, folâtre et passionné ?
N'aimez-vous pas à songer avec admiration que ces bruits si divers, si opposés, se perdent, se fondent en un seul, et que ces extrêmes ne se touchent que pour s'unir en une mélodie ravissante ? Car ce sont les éclats retentissants et métalliques du cuivre, et les cris doux et plaintifs du basson, les accords sourds et caverneux des instruments à cordes, et les chants purs et suaves des flûtes, les vibrations sonores de la harpe et les roulements funèbres des timbales. Quels contrastes de sons !
Et penser que tout cela a sa phrase ou son mot à dire, que tout complète l'effet général; que depuis le solo ambitieux des premières parties jusqu'au tintement modeste du triangle d'acier, tout a la même importance, le même pouvoir, pour rendre l'harmonie expressive et grandiose.
Si vous aimez tout cela, alors vous aimerez, vous admirerez l'immense et tonnante voix de l'orgie qui rugissait dans la taverne de Saint-Marcel.
Mais, je vous le jure, il n'y avait pas non plus un bruit, un son, à retrancher dans cette sauvage harmonie; car cette harmonie aussi a ses exigences et ses règles immuables; une orgie d'une belle facture, c'est si peu commun ! Il faut tant de choses pour compléter sa mélodie à elle !
Il faut de tout, depuis les rires fous jusqu'aux pleurs de rage; de tout, depuis les refrains joyeux jusqu'aux blasphèmes et aux hurlements; il faut aussi des cris de fureur aigres et perçants; il faut des voix de femmes au timbre encore pur et frais, mais qui commence à trembler. Il faut des gémis- sements sourds, des hommes qui tombent lourds et avinés. Il faut les imprécations, les injures des gens qui se querellent, des mots de défi, des bruits de soufflets et des cris de mort. Le cliquetis et le froissement d'épées qui se croisent est aussi d'un admirable effet. Mais malheur ! C'est aussi rare qu'un véritable tamtam dans un orchestre.
Que vous dirai-je ! Il faut la sonorité mordante des verres et des bouteilles qui éclatent; il faut l'aigre grincement des fourchettes que les ivres font crier sur la porcelaine.
Enfin là aussi tout est important, nécessaire, depuis les trépignements frénétiques d'une ronde en délire qui tourne et bondit, jusqu'au doux bruis- sement d'un baiser pris et rendu dans l'ombre; il faut de tout, vous dis-je !
Commenter  J’apprécie          00
Les longues mèches de ses cheveux châtains, se déroulant capricieuses sur son col frèle et satin, voilaient le visage de la jeune fille; car on ne voyait que son petit menton rose, arrondi et couvert d'une peau si transparente et si fraiche qu'elle laissait paraitre un réseau de veines d'azur.
Par un brusque tressaillement, elle redressa la tête, poussa un long soupir, étendit les bras; puis regardant une montre d'or suspendue à son alcôve, près d'une croix d'ivoire ombragée d'un rameau de buis béni, elle s'écria.
- Seulement deux heures... Deux heures... Oh ! Quelle nuit !... Quelle nuit !... Jamais le temps ne m'avait paru si long. Et puis, je ne sais, mais j'ai chaud, j'étouffe; j'ai beau respirer, l'air me manque; et mes mains sont brûlantes. Mon Dieu ! Mon Dieu ! Qu'ai-je donc ?
Et d'assise qu'elle était, se couchant brusquement, elle croisa ses deux bras sur le bord de son lit, et y laissa tomber sa tête.
Ses traits alors se dessinèrent vaporeux et confus, à la lumière incertaine de la lampe; c'était quelque chose d'aérien, d'insaisissable; on eut dit que cette lueur tremblante, qui, tantôt dorée, brillait d'un vif éclat, tantôt obscure, ne jetait plus qu'un pale reflet, donnait tour à tour à ce charmant visage une expression de douce sérénité ou de profonde amertume.
Mais étaient-ce bien des ombres et des lumières factices qui éclairaient ou assombrissaient ce jeune front ? N'était-ce pas plutôt cette âme de vierge mobile et changeante, qui s'y reflétait tour à tour sombre ou gaie, heureuse ou souffrante ?
Car qui saura jamais le cœur d'une jeune fille, abîme mille fois plus profond que le cœur d'une femme ? Entre elles deux, c'est la différence de l'idéal au vrai. Chez une femme, l'avenir est fait, arrêté, presque prévu; chez une jeune fille tout parait voilé, tout est incertitude, désirs vagues, espoir et frayeur, joie et chagrin. Cette âme, c'est une harpe éolienne, vibrant au moindre souffle qui vient effleurer ses cordes sonores; c'est une harmonie confuse, bizarre, sans suite, incomplète, et qui pourtant ravit et attriste, fait pleurer et sourire.
- Oh ! dit Alice, que je voudrais ne pas penser, être fleur, arbre, oiseau, m'envoler dans l'air, ou fleurir au bord d'un ruisseau ! Oui, je voudrais être fleur ! Fleur qui se flétrit et tombe sans regretter sa mère. Mais pourtant qu'une fleur doit être isolée ! Et quand le soleil se couche donc, quelle tristesse pour elle !
Commenter  J’apprécie          00
Certes ! Si le bonheur existe, il existait ce jour-là à bord de la Salamandre.
Le bonheur ! Être fantastique et réel que chacun évoque sous une apparence si diverse.
Ainsi au déclin du jour, quand le soleil, semant l'atmosphère de toutes les couleurs du prisme, inonde l'horizon de sa chaude lumière, qui se dégrade depuis le blanc le plus éblouissant jusqu'au rouge sombre et violacé, vous voyez quelquefois un nuage aux contours fugitifs et dorés, que la brise du soir balance encore au milieu des vapeurs de ce ciel brûlant.
Ce nuage n'a qu'un aspect, et il en a mille... Pour l'un, c'est une colonnade gothique, élégante et grêle, avec ses vitraux chatoyants... Celui-là y admire un arbre aux branches d'or et aux feuilles de pourpre. L'autre y voit une figure largement drapée, puissante comme Jehovah; et celui-ci, les lignes délicates et aériennes d'une ravissante tète de jeune fille au cou de cygne.
Ainsi est-il du bonheur ! Être idéal en positif, vrai comme la lumière et le son, et insaisissable comme eux ! Le bonheur, qui revêt tour à tour les formes les plus opposées, et n'en garde aucune !
Commenter  J’apprécie          00
On blasphèmerait la justice de Dieu, en disant qu'il frappe ici-bas.
Et si l'on m'objecte que le tableau du crime malheureux et de la vertu heureuse sur la terre est moral, je répondrai que non; et qu'à mon sens, de tous les paradoxes, le plus immoral, le plus faux, le plus révoltant d'égoisme, est celui-ci : Un bienfait n'est jamais perdu.
Un bienfait n'est jamais perdu ! - Si, un bienfait est perdu, croyez-le, il le faut, c'est d'ailleurs facile. Considérez l'ingratitude comme le seul creuset où viennent s'épurer tant de vertus, tant de dévouements intéressés. Soyez trompé cent fois, faites du bien la cent-unième, et je vous tiendrai pour un homme vertueux pour la vertu, bienfaisant pour la bienfaisance; mais si vous comptez sur la reconnaissance, c'est un calcul, c'est de l'usure.
Car il n'y a rien de plus abject que ce placement d'une action vertueuse en viager et à intérêt. C'est faire des bonnes mœurs une bonne affaire.
Aussi, si les hommes ingrats devenaient jamais plus rares, on devrait en conserver précieusement le type, par but d'utilité morale, comme pierres de touche des qualités vraies; car il y a un curieux livre à faire sur la nécessité des vices.
Montrez-moi donc, avant tout, non pas des utopies, des rêves, mais du vrai, mais ce qui est vrai, mais de ces vérités qui courent les salons et les emplois. Montrez-moi donc le vice tel qu'il est, beau, hardi, heureux, insolent, gai, voluptueux, usant sa vie et celle des autres jusqu'à la trame, vivant vieux, honoré, et descendant en paix dans un riche mausolée de marbre au bruit de l'orgue, des chants funèbres, des bénédictions et des sanglots... Car il laisse une succession presque royale.
Montrez-moi donc la vertu honteuse, laide, mendiante, humiliée, méconnue, have et maigre, mourant de faim sur sa paille infecte, et jetée dans la fosse sans prières, sans regret et sans larmes : car la vertu ne laisse jamais de successions royales.
Alors une grande et profonde leçon jaillira de ces contrastes; alors l'homme le plus sceptique, le plus endurci, aura une larme pour la vertu si tou- chante dans ses douleurs, un mépris ou une haine pour le crime si insolemment heureux.
Commenter  J’apprécie          00
Le 17 juin 1815... le navire qui se balançait dans la rade n'était ni une tartane aux voiles latines, ni un both avec ses deux focs légers et flottants comme le fichu d'une femme, ni un dogre avec son hunier immense, ni une mulette aux sept voiles triangulaires, ni une gondole vénitienne blanche et or, avec des rideaux de pourpre, ni un heu qui déploie ses deux vastes antennes comme les ailes du Léviathan, ni un padouan fier de sa voilure étagée en damier. Ce n'était enfin ni un prahau-plary de Macassar, ni un balour des îles de la Sonde, ni un piahap du Magellan, ni un Gros-bois des Antilles, ni un yacht anglais, ni un catimarou, ni une hourque, ni une palme, ni une prame, ni une biscayenne, ni une bécasse, ni un mulet, ni une balancelle, ni une chelingue, ni un champan, ni un houari, ni un dinga, ni une prague, ni une cague, ni une yole, ni... Enfin, c'était... c'était.., LA SALAMANDRE !

Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (28) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

    Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

    Honoré de Balzac
    Stendhal
    Gustave Flaubert
    Guy de Maupassant

    8 questions
    11150 lecteurs ont répondu
    Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

    {* *}