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Critique de HundredDreams


« le destin dessine votre vie et c'est à vous de la colorier. »
Mazouz Acène
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Ce récit, comme beaucoup de romans japonais, a cette particularité de baigner le lecteur d'une lumière tamisée, délicate et pudique. Un beau voyage au Japon dont on ressort avec un sentiment de quiétude et de douce mélancolie.
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Sentarô est gérant d'une petite boutique de dorayaki, ces fameuses pâtisseries japonaises fourrées d'une pâte de haricots confits. Mais ces douceurs, en partie industrielle, manquent de coeur, de conviction, d'émotions gustatives. C'est ce que lui fait remarquer une vieille dame qui va se proposer de venir l'aider pour un modique salaire.
Pas à pas, guidé par Tokue, Sentarô va découvrir l'art de confectionner la pâte « an », du trempage des haricots jusqu'à la cuisson des petits pancakes. C'est alors tout un florilège de parfums et de saveurs riches, sucrées qui nous met l'eau à la bouche.
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Il n'est bien sûr pas seulement question de cuisine et de haricots. Il est aussi question de rêves qui se réalisent, de rencontres, d'amitiés qui se créent, de liberté, de souffrances et de la solitude qui en découle.

Il est des rencontres imprévues qui marquent à jamais une vie, et sont des dons du destin. C'est ce que nous raconte Durian Sukegawa.
Leur rencontre leur sera profitable, à l'un comme à l'autre. Tokue m'a fait penser à un ange gardien venu aider Sentarô à surmonter ses problèmes. Et Sentarô a été un baume réparateur sur les cicatrices visibles et invisibles de Tokue.
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Le personnage de Tokue est très intéressant, sa personnalité se dévoile, doucement, et on découvre une vieille femme attachante. Son regard doux et pénétrant, sa présence discrète mais attentive m'ont émue.
Ses rares confidences éveillent la curiosité du lecteur qui sent que cette femme étrange cache un lourd secret.
« Il m'arrive d'être broyée par l'incompréhension des gens. »
Son passé douloureux apparaît au fil des pages, la rendant encore plus touchante.
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Le personnage de Sentarô est celui qui va le plus évoluer dans ce roman. Seul et renfermé, il va s'ouvrir aux autres au contact de la vieille dame.
Celle-ci va lui apprendre à s'ouvrir au monde qui l'entoure en faisant appel à tous ses sens.
« Respirer le parfum du vent, tendre l'oreille au bruissement des arbres… j'écoute les mots de ceux qui n'ont pas la parole. »
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Et que dire de la présence immuable de ce cerisier devant la boutique, qui, spectateur muet de leur quotidien, change de costume à chaque saison. Ce cerisier, symbole de renouveau, sera témoin de la belle amitié qui se construit entre le jeune homme et la vieille femme.
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Agréable, belle, poétique, l'écriture de Durian Sukegawa est légère et profonde à la fois. Elle parvient à exprimer de belles émotions. Elle saisit, à travers le quotidien des japonais, les décors, l'ambiance et les personnages.
Ce roman m'a rappelé un autre roman que j'avais particulièrement aimé, « La papeterie Tsubaki » d'Ito Ogawa. J'y avais découvert ces gourmandises aux haricots azuki. J'y ai retrouvé aussi cette atmosphère sereine et bienveillante qui fait du bien.
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Beaucoup de tolérance, de sagesse, de tendresse et de générosité émanent de ce petit roman qui nous parle d'exclusion, de transmission, de compassion, de regrets, de solitude, d'amitiés qui se nouent au delà des préjugés et des peurs.
« Les délices de Tokyo » est un très beau roman que j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir. Je vous le recommande chaleureusement.

« Mais les rêves d'autrefois, ils restent, non ? »
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