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Critique de Charybde2


Dans la brume électrique de la corruption plus ou moins feutrée aux plus hauts niveaux de la société portugaise, en affaires comme en politique, un enquêteur pas comme les autres tente de se frayer un juste chemin.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/11/04/note-de-lecture-chateau-de-cartes-miguel-szymanski/

Plongés dès les premières pages dans les mystérieux préparatifs anonymes d'un enlèvement (ou d'une résidence forcée) qui ne n'est pas moins, alors que les détails alarmants foisonnent rapidement, nous assistons ensuite à la disparition d'António Carmona, financier richissime qui fait figure de véritable pilier de l'establishment portugais, avec sa société financière Banco de Valor Global, ou BVC (qui, nous dit-on tout de suite par irruption dans un sinistre, cynique et un peu affolé monologue intérieur, pourrait bien n'être qu'une vaste pyramide de Ponzi, digne d'un Bernard Madoff à l'échelle appropriée). Dans le début de panique qui traverse, en murmures et en chuchotements, les milieux d'affaires et les instances politiques lisboètes (aux liens croisés sans doute trop nombreux pour le bien réel de la communauté), Marcelo Silva entre en scène.

Tout juste débarqué de Berlin, propulsé à la tête d'une nouvelle unité judiciaire spéciale en charge du crime économique d'importance et de la répression des grandes fraudes (dont la multiplication semble donner le vertige à une bonne partie du nouveau gouvernement portugais du moment), Marcelo Silva, auréolé d'une gloire ambiguë d'incorruptible « anti-système », se préparait justement à enquêter sur le BVC, à la suite d'un rapport interne alarmant que les habituellement fort complaisantes autorités de tutelle ont laissé échapper imprudemment, presque par inadvertance pourrait-on dire.

« Château de cartes », publié en 2019 et traduit en 2022 par Daniel Matias chez Agullo, est le deuxième roman du journaliste économique portugais Miguel Szymanski, (également auteur d'un essai et d'un recueil de contes contemporains) et le premier de la série policière « Marcelo Silva » désormais en cours.

Menée de main de maître, avec une verve caustique et précise et une attention portée aux dimensions culinaires de l'existence qui pourrait évoquer, dans un tout autre contexte, le cheminement du Pepe Carvalho de Manuel Vázquez Montalban dans les coins et recoins de l'Espagne post-franquiste, ce polar financier, rusé et implacable, met évidemment sérieusement à mal l'image trop idyllique d'un Portugal où il ferait si bon vivre aux yeux des Européens, ceux du surplomb nord-européen tout particulièrement. Entre souvenirs d'une longue époque salazariste toujours prêts à remonter à la surface lorsqu'une opportunité se présente (on songera sûrement au relativement récent « Catarina et la beauté de tuer des fascistes » de Tiago Rodrigues) et affairismes toujours à l'affût (dès la Révolution des Oeillets si vite trahie, comme sait nous le rappeler régulièrement le grand Antonio Lobo Antunes), c'est un chemin étroit et sinueux, teinté d'un véritable humour caustique et d'une belle tentation du vertige, que nous invite à parcourir avec grand brio Miguel Szymanski.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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