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Citations sur La revanche du nationalisme: Néopopulistes et xénophobes .. (8)

Il est facile de constater que le besoin d'identité, qu'il soit ou non un invariant anthropologique, s'exacerbe en même temps que s'impose l'uniformisation techno-marchande du monde.
Les dérives identitaires suivent ou accompagnent ainsi l'emprise globalitaire. Ce n'est pas par hasard que les protestations et les revendications néopopulistes se cristallisent autour des thèmes identitaires ou nationalistes, exprimant l'inquiétude, la rage ou la nostalgie d'individus en cours de désaffiliation et de privation d'héritages.
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A propos des nouveaux conflits identitaires, François Thual, spécialiste de géopolitique, soulignait le fait que, "face aux acides déstructurants de la modernité, face à la misère économique, à la désintégration politique, l'identité collective d'un groupe humain redevient le seul point stable". Dans les Etats-nations reconnus, les conflits identitaires, qui dérivent d'une "peur existentielle", d'une peur de disparaître, prennent l'allure de conflits pour la survie du groupe majoritaire se sentant menacé par l'afflux de populations migrantes. Le groupe majoritaire se perçoit comme victime, il s'érige en victime exemplaire, illustrant le processus appelé "égoïsme de la victimisation" par le psychiatre John E.Mack.
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Le populisme politique implique la valorisation du peuple, opposé soit aux élites et aux étrangers, ou encore aux élites et aux étrangers, voire aux élites perçues comme étrangères, déterritorialisées, "mondialisées", devenues cosmopolites de fait. Le bon peuple est enraciné dans un territoire et une histoire, il est doté d'une identité distincte liée à sa nationalité, il est resté "lui-même", au contraire des élites ou des immigrés, dénoncés comme déracinés, donc sans identité distinctive ( "immigration cosmopolite", élites "nomades", ou "mondialisées" ). On entendra donc par "populisme", sans considérer ses variantes de droite et de gauche, une idéalisation ou une transfiguration du "peuple", nous l'avons vu, qu'il soit pris dans sa partie basse (latin plebs) ou dans sa totalité ( populus), en tant qu'il serait seul porteur de qualités humaines et de vertus natives.
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Ce qui est sûr, c'est que le phénomène national-populiste "n'est pas une résurgence des utopismes d'hier", comme le note Todorov appelant à, enfin, "cesser de plaquer le passé sur le présent, à essayer plutôt d'observer le monde actuel".
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Le conflit populiste le plus structurant ne serait plus à chercher dans les affrontements entre gauche et droite, ou entre réformateurs ( ou progressistes ) et conservateurs. L'hypothèse est que, dans les sociétés européennes, le véritable conflit se situe désormais entre les élites qui sont devenues plus sceptiques à l'égard de la démocratie et les gens en colère qui sont devenus plus hostiles au libéralisme ( et au pluralisme qu'il implique ). La mystique du peuple enveloppe un hypermoralisme qui alimente le soupçon à l'égard des élites en même temps qu'une confiance naïve dans les vertus du peuple et de ceux qui les chantent, les démagogues dits "populistes".
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Dans The Open and closed Mind ( 1960 ), le psychologue Milton Rokeach a mis en évidence la double fonction des systèmes de croyance, délirants ou non : "Comprendre le monde aussi bien que possible et se défendre contre lui autant qu'il est nécessaire". Aux humains, l'on peut donc attribuer "deux séries opposées de motivations : le besoin de savoir et celui de se défendre contre la menace". Dans certaines situations, le besoin cognitif peut en effet entrer en collision avec le besoin de sécurité, ce qui a notamment pour conséquence d'engendrer des jugements erronés sur la situation donnée. Lorsque prévaut l'impératif de se défendre contre une menace ( que celle-ci soit réelle ou imaginaire ) les intérêts cognitifs sont pour ainsi dire décrochés de la quête du vrai pour être mis au service de l'impératif sécuritaire, ce qui produit ou renforce des "biais de confirmation d'hypothèse", raisonnements fallacieux qui, par exemple en remplaçant l'analyse objective de la situation conflictuelle par la projection d'un ensemble de préjugés sur l'ennemi, empêchent de lutter efficacement contre la menace, lorsque celle-ci est réelle. Lorsqu'elle est fictive, le risque est celui d'un enfermement dans un délire paranoïaque qui prend souvent la forme d'une vision conspirationniste peuplant le monde, en tout ou en partie, d'ennemis cachés, pervers et redoutables. A la suite du psychologue politique Vamik Volkan, on peut supposer l'existence d'un besoin humain d'identifier certains groupes comme ennemis et d'autres comme alliés, qui se manifeste notamment dans les phénomènes ethniques et dans les nationalismes. Dans tous les cas, il s'agit de maintenir, de protéger et de renforcer l'identité collective.
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Etant un style politique idéologiquement non fixé, le populisme n'est ni de gauche ni de droite.
(...)
Tout leader populiste s'adressant au peuple prétend lui désigner ses véritables ennemis. cette dimension polémique est inhérente au populisme, qui est un "anti-isme". Etre populiste, c'est d'abord est contre.
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On doit donc s'en tenir à une définition faible, ou minimaliste, du populisme, qui comporte trois composantes : l'appel au peuple, le culte affiché du peuple et la dénonciation des élites. Le populisme est un style politique, ou un "style rhétorique", dont le principe est l'appel au peuple, un appel direct au peuple sur la base d'une idéalisation du peuple. Cette dernière constitue la composante mythologique de tout populisme, qui se traduit par un culte affiché du peuple, dont le dogme principal est celui de l'infaillibilité populaire ( "le peuple a toujours raison" ).
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