« Amour éternel. Chagrin démesuré. Manque douloureux. Chute vertigineuse.
Ainsi soient les étoiles. »
Les constellations sont infaillibles, pas les boussoles. J'ai cassé ma boussole.
Je ne sais pas comment je parviens à sourire tout en supportant la douleur d’un cœur qui éclate.
Non, pas mon cœur, mon âme et tout ce qui constituait mon dernier bastion de confiance et d’optimisme.
C’est en éprouvant de la souffrance que je suis parvenue à toucher les étoiles.
Sous sa peau de lionne, sous les écailles, il y a une femme que je vois enfin. Elle s'appelle Léonie.
« Je suis nulle s’agissant de ce genre de réconfort, pour les autres, pour moi-même. Nulle en empathie. Je ne crois qu’aux efforts, pas aux espoirs. Je ne jure que par le travail du corps pour verrouiller et blinder tout ce qui serait susceptible de faire flancher ma tête.
On me pense invincible. Moi, je me trouve fragile et invisible. »
A quatre pattes sur le parquet, je convulse avec violence, vomissant en gerbes mes peurs, mes erreurs, mes désillusions.
Les fantômes d’Odette, de Nikiya et des autres me contemplent en souriant. Moi, Leo. Perséphone perdue en son nouveau royaume. Lâchement abandonnée par Hadès. Blessée au point d’avoir envie de crever.
L'artiste se brise pour renaître. L'artiste se brise pour incarner.
Je le respecte. Je ne l’admire pas. Il m’effraie.
Je ne fais pas partie du même monde que lui : celui des gens qui transgressent toutes les règles, sèment le désordre. Ils n’ont peur de rien, et surtout pas d’eux-mêmes, de leurs démons. Au point de créer des ballets pour les faire vivre à travers le corps des autres.