Lorsque Martin Terrier, aussi connu sous le pseudonyme de Christian, signifie son départ à son patron, on est loin de penser qu'un bal sanglant vient de commencer et dont peu de personnes ressortiront indemnes. C'est qu'il faudrait encore préciser que Martin alias Christian est un tueur à gages redoutable et expert que, naturellement, son employeur ne veut pas voir s'éloigner. Martin, cependant, commet une erreur : il revient à ses premières amours, et notamment à Alice, un amour de jeunesse qu'il a juré de retrouvé dix ans après l'avoir quittée. Dix ans à bourlinguer, mercenaire en Afrique et homme de main du Milieu, avant de revenir et de vouloir enfin, vivre tranquillement.
Récit violent qui collectionne les morts,
La position du tireur couché est une adaptation dessinée du roman de
Jean-Patrick Manchette. le noir et blanc de
Tardi se mêle ici à la perfection au noir de Manchette. Comme à son habitude,
Tardi sait croquer, capturer les ambiances, celle des grandes villes et notamment de Paris, celle des villes de province et des campagnes inquiétantes où l'on attend, désespérément, le top départ de missions dangereuses. le récit, enlevé, rythmé, bavard aussi, manque peut-être d'un peu de chaleur ; Manchette le disait lui-même : il avait l'ambition d'un roman froid et technique. Nul doute que
Tardi a respecté la volonté de l'auteur initial. Mais la maîtrise du récit et du dessin - qui prend une place importante dans la narration même - est remarquable en tout point, et l'on ne saurait lire
La position du tireur couché sans penser aux films noirs français des années 1960 et 1970, aux oeuvres de Jean-Pierre Melville, de
Georges Lautner ou d'
Alain Corneau. Un polar choc, oui, mais pas une claque, la faute à une prose qui manque parfois de punch.