Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père

Nous sommes de la race de ceux qui emportent le minimum; Regardez, dit-il en désignant mon sac à dos, si vous étiez chargés, vous n’auriez pas pu modifier votre parcours. (..)
Quand on est chargé, on va d’un endroit à l’autre par le chemin le plus court ou le plus commode. On a une destination. Dans notre tête, il n’y a pas de carrefours, on suit toujours le seul itinéraire qui vaille, il n’y a aucune alternative. Quand on tourne à gauche à un croisement, on ne tourne pas parce qu’on change d’avis, on tourne parce que c’était le chemin. Je suis content de savoir que pour vous, au contraire, il y a encore des carrefours dans les villes.

Une bonne mémorisation nécessite une logique interne, on est capable de retenir une énorme quantité de données si l’on parvient à établir des liens entre elles, si on les intègre dans une espèce de série dans laquelle un élément existe en relation avec les autres, et non isolement.

Bien voir ce qui est loin, cher ami, c’est une des grandes qualités de la mémoire, il ne s’agit pas seulement de voir derrière soi, mais aussi de voir loin devant ; la mémoire est plus une qualité du bon observateur dans l’espace que du bon observateur dans le temps.

« Objectivement, les personnes qui souriaient étaient beaucoup plus nombreuses lorsqu’elles étaient proches de nous. On aurait pu croire à un pur hasard, qu’il se trouvait simplement que les gens les plus éloignés étaient juste plus neutres ou plus malheureux, mais en réalité Hanna semblait avoir un truc, sans en être consciente, pour faire apparaitre des expressions bienveillantes. Presque, immanquablement, les gens que l’on croisait laissaient tomber quelque chose qui, une poignée de seconde plus tôt, verrouillait leur visage et, renonçant à toute attitude défensive, souriaient, tendrement, ouvertement, soit à Hanna, soit à moi, soit à nous deux. »

Objectivement, les personnes qui souriaient étaient beaucoup plus nombreuses lorsqu’elles étaient proches de nous. On aurait pu croire à un pur hasard, qu’il se trouvait simplement que les gens les plus éloignés étaient juste plus neutres ou plus malheureux, mais en réalité Hanna semblait avoir un truc, sans en être consciente, pour faire apparaitre des expressions bienveillantes.
Presque, immanquablement, les gens que l’on croisait laissaient tomber quelque chose qui, une poignée de seconde plus tôt, verrouillait leur visage et, renonçant à toute attitude défensive, souriaient, tendrement, ouvertement, soit à Hanna, soit à moi, soit à nous deux.

Impossible de ne pas remarquer ce visage. Ce visage si caractéristique, arrondi, avec des yeux et des joues énormes. Une handicapée - ou un handicapé ? Marius eut du mal à trancher. À première vue, c'était une fille assurément - quel âge, quinze, seize ans ? Ensuite, observé(e) plus attentivement, on aurait un garçon. Mais non. C'était une fille.

Nous essayons pour partie de rappeler ce qui a eu lieu et aussi ce qui est en train d'avoir lieu de l'autre côté ; exciter la mémoire, c'est aussi cela, parfois : montrer ce qui est en train de se passer du côté que l'on ne voit pas.

Marius avait clairement la sensation d'être perdu,et ce voyage renforcait cette sensation.Les regards se tournaient exclusivement vers Hanna.Lui,qui se trouvait à quelques centimètres seulement,échappait à ces regards dans lesquels se mêlaient compassion et incompréhension.

-Première règle,dit Terezin,le poids de ce que nous possédons dans notre chambre doit être inférieur à notre propre poids C'est une règle de base Un espèce de principe régulateur

Marius avait la sensation que c'était imminent:les livres finiraient par obliger Vitrius à partir_il y avait des piles de livres sur le sol et presque toute la surface du lit