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3,87

sur 120 notes
Ma cohabitation avec Tejpal avait très mal commencé. Il y a quelques années, ma maître d'apprentissage m'avait conseillé Loin de Chandigarh. Comme je n'aimais pas ma maître d'apprentissage (ouh la vilaine arpette) j'avais pris le roman en grippe et n'avais pas été plus loin que la quatrième de couverture. Une charmante blogueuse m'a ensuite prêté Histoire de mes assassins (merci Liliba) et, pleine de prévention à cause de Chandigarh, j'ai détesté. Même pas été jusqu'au bout. Vous commencez à penser la lecture de la Vallée des masques tient du masochisme. En fait, je n'ai pas reconnu l'auteur. du coup, je l'ai ouvert avec un esprit vierge, et bien m'en a pris, parce que j'ai beaucoup aimé !



J'ai été passionnée par la description de cette secte et de ses adeptes et par l'évolution du personnage principal, de l'innocence de l'enfant à la monstruosité de l'adulte. le lecteur suit tout le processus d'endoctrinement. Pendant très longtemps, j'ai trouvé tout normal, harmonieux. Un peu dur, mais on ne fait rien sans rien. Et tout d'un coup, mes yeux se sont décillés et je me suis rendue compte des atrocités que j'étais en train de lire. Les ressorts cachés me sont apparus, les personnages ont pris d'une autre ampleur et j'ai poursuivi ma lecture, révoltée.



Je suis très impressionné de voir à quel point Tejpal a su reproduire le processus de la secte au point de m'enrôler alors même que je partais prévenue puisque je savais que je lisais le récit d'un homme qui s'en était échappé. Je n'ai pas marché, j'ai couru.



À part quelques détails qui m'ont semblé un peu superflus (les laïus sur la musique entre autres) j'ai trouvé ce roman excellent, très bien construit et dans une langue efficace. Je vais peut-être jeter de nouveau un oeil aux autres…
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Lors d'une longue nuit, un homme attend ses anciens frères d'armes les Wafadars qui vont venir le tuer. Il s'est enfui de cette vallée de l'Inde où il vivait dans une communauté. Une vallée coupée de tout, vivant en autarcie selon des préceptes d'un gourou légendaire Aum, le pur des purs. Durant cette nuit, il va raconter son histoire, la transcrire avec un souhait : les hommes doivent entendre ce que j'ai à dire, y réfléchir et agir en conséquence.

Anka est un ancien Wafardar, un guerrier entraîné par des années d'initiation et d'épreuves. Séparé à l'âge de trois ans de sa mère pour être élevé par toutes les mères au sein de la Maternité. Ne pas laisser place aux préférences et aux émotions, la non possession est un des préceptes d'Aum. La vie sublime d'Aum nous enseignait, que contrairement à l'histoire lamentable du monde, le soi inférieur pouvait être entièrement vaincu à condition de s'atteler de bonne heure à la tâche et de ne jamais abandonner. Chacun de nous avait résolu de ne jamais faillir à Aum.


la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/08/tarun-tejpal-la-vallee-des-masques.html
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Tarun Tejpal construit une communauté qui paraît tout d'abord utopiste certes, mais plutôt positive. Une sorte de société idéale. Puis, très vite, le vernis craque et la vérité apparaît, pas aux yeux des gens embrigadés, mais à ceux des lecteurs et à ceux du narrateur, bien des années plus tard.
le narrateur, arrivé quasiment au plus haut de la hiérarchie est passé par des épreuves terribles, cruelles et violentes et en a fait subir autant. Dans cette société "idéale", l'homme, pour grimper les échelons ne doit avoir aucun attachement matériel ou affectif, aucune faiblesse. Les enfants ne savent pas qui est leur mère et les mères ne peuvent pas dire qui sont leurs enfants, tous vivant au sein d'un même groupe et jouant respectivement les rôles des enfants de toutes les mères et des mères de tous les enfants. La seule référence qui tienne, c'est Aum et donc la recherche de la vérité et de la pureté. C'est un monde sans sentiments, sans émotions : un monde animal, dans lequel l'homme nie totalement sa nature qui le pousse à vivre en étroite corrélation tant matérielle qu'affective avec autrui. Il doit tendre vers la perfection du corps et de l'esprit.

Ce roman est une sorte de fable sur tous les totalitarismes, sur toutes les dérives des intégrismes. Je ne suis absolument pas connaisseur de l'Inde et ne peux donc dire si Tarun Tejpal fait référence à son pays particulièrement. Je pense que son propos est universel. J'ai facilement pensé au stalinisme, au nazisme avec leurs épurations, leurs purges, vocables qu'emploie l'auteur, et sûrement à beaucoup d'autres régimes qui se sont assis sur la terreur, la domination et la soumission de leurs sujets
Là où l'auteur est très fort et réussit une vraie prouesse, c'est qu'il décrit des scènes terribles, des pratiques odieuses et détestables, notamment le sort réservé aux femmes -mesdames féministes, vous allez frémir et bouillir- sans jamais avoir recours à des descriptions minutieuses. Il pourrait aisément écrire des paragraphes insoutenables, mais son écriture est là qui, sans minimiser les souffrances, permet aux lecteurs des les lire sans défaillir. Il procède par images, par détours. Quelques chapitres sont particulièrement prenants et marquants (La trahison romantique, p.170 ; La fille au regard fulgurant, p.287) entre autres et globalement, les 250 dernières pages entrecoupées parfois de paragraphes un peu longs que l'on peut passer rapidement.

D'avance désolé, car je crains d'être un peu en-dessous de tout ce que j'ai ressenti en lisant ce roman, ce qu'il dénonce, ce qu'il raconte et décrit et également la manière d'y parvenir.

Un roman très fort et puissant, à l'image de sa couverture, de cette nouvelle rentrée littéraire.
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Quel grand écrivain, quel style, quel récit poignant !
La vallée des masques est un de ces livres qui va chercher le lecteur, qui va l'obliger à se questionner sur la nature de l'Homme et de la société qu'il s'est créée. Sur ses abérations. Sur sa cruauté. Sur l'inéluctabilité de sa perte et de sa déchéance. Et de la fatalité : n'en sort pas qui veut...
La force de ce récit est de ne pas être moralisateur : au fil du récit, le lecteur se forge ses propres convictions et prend parti. Contre le principal protagoniste. Jusqu'à ce que celui-ci ouvre les yeux et souhaite donner un véritable sens à la Vie.
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ama vit sa dernière nuit, sa compagne dort et il enregistre le récit de sa vie. Il sait que ses anciens compagnons vont le retrouver et venir l'exécuter selon le rituel de leur secte, c'est à dire le saigner comme un poulet. le narrateur raconte en alternance son présent, avec la découverte des valeurs humaines et sa vie dans la secte.

Le roman se passe en Inde et cette secte (imaginaire, mais fortement inspirée de faits réels) a été crée par Aum (le son primordial) et son second Ali (comme le numéro deux de l'islam). Ils se sont retirés dans une vallée perdue et inaccessible de l'Himalaya avec leurs adeptes. Ils ont voulu créer une société respectant une parfaite égalité entre les hommes (au sens masculin du mot). Kama a suivi toutes les étapes, allant de l'exercice physique à la méditation et a peu à peu gravi les échelons de cette société secrète. Il est devenu X 470, a porté le masque qui rend tous les visages égaux et a pu rejoindre la caste des guerriers, les Wafadar. Ce sont des soldats parfaits, sanguinaires et cruels, ils sont impitoyables avec les plus faibles. Kama désire s'élever dans la hiérarchie du groupe, il aimerait intégrer l'élite proche des deux dirigeants.

Les initiations sont de plus en plus cruelles et pour appartenir à la crème de la secte, Kama doit purifier Le Nid des handicapés, où se terrent les « déchets » de cette société impitoyable.

Les femmes sont aussi traitées avec cruauté. Les jeunes filles sont violées par un des dirigeants après leurs premières règles, ce qui s'appelle l'initiation par l'Eveillé, les plus jolies sont envoyées dans le Sérail des Bonheurs Fugitifs (un bordel). Les enfants ne sont pas élevés par leurs parents, mais en collectivité, même s'ils finissent par savoir qui est leur mère. C'est une femme révoltée par son sort qui ouvrira finalement les yeux du héros et le poussera à s'enfuir dans l'outre-monde (la société normale) où il découvrira l'amour et la musique.

Il s'agit d'une fable philosophique qui dénonce de façon virulente les sectes et les régimes totalitaires avec leurs délires et leur négation de l'individu menant à la violence, la recherche de pureté entraînant la purification (ethnique ou autre). le livre est plein de références au monde de l'hindouisme, à l'islam (avec Ali), et aux régimes totalitaires qui ont régné au siècle dernier, qu'il s'agisse du maoïsme (la longue marche) ou du nazisme (Lebensborn, extermination des handicapés, vision de la femme). C'est un livre très prenant et passionnant. On suit le héros dans ses pérégrinations, on est horrifiés devant la cruauté de certaines scènes, on espère qu'il arrivera à s'échapper. Malgré toutes les différences culturelles qui nous séparent de Kama, on entre facilement dans son récit et dans sa tête.

L'auteur veut montrer comment on crée des mythes et on les utilise pour opprimer les hommes, son livre se veut un plaidoyer pour le pluralisme. Il est écrit dans une très belle langue, très agréable à lire, malgré certaines scènes parfois insoutenables.

Un très belle découverte qui a eu un succès mérité lors de sa première parution en français en 2012.



Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Une écriture superbe, majestueuse et poétique, pour un récit philosophique qui met en garde contre l'intégrisme et plus largement, contre le conformisme.

Le fonctionnement hallucinant de cette communauté relève de la secte, puisqu'aucun de ses membres n'entre jamais en contact avec "l'outre-monde". La descendance est assurée par les femmes de la "Maternité" où les enfants sont élevés collectivement par toutes les mères, ne sachant même pas qui est la sienne ! Plus tard, on leur impose de porter un masque, le même pour tout le monde : l'effigie. Hors de question de se distinguer, seul compte l'investissement dans la Confrérie. D'ailleurs les prénoms disparaissent eux aussi en grandissant, remplacés par des "alphanombres". Les Eclaireurs assènent à longueur de journée les paroles sacrées de Aum, et le moindre écart est sévèrement sanctionné...

Quand la puberté s'éveille, les garçons trouvent le plaisir au "Sérail des Bonheurs fugitifs" mais hors de question de s'attacher à l'une ou l'autre des jeunes femmes. Quant aux filles, elles sont ensemencées dès les premières règles par les Grands Timoniers, purs d'entre les purs, selon un rituel inévitable. le narrateur y rencontrera une des nombreuses figures rebelles du roman, une jeune fille aux yeux noirs fulgurants.

Le narrateur trouvera sur son parcours toute une galerie de personnages originaux, qu'il méprisera ou admirera : le Wafadar QT2 aux prouesses légendaires, l'étrange obèse qui séduit ses compagnons en chantant (alors que c'est interdit), le vénérable Grand Calao au service duquel il entrera... et bien d'autres encore !

Car ce récit est une véritable épopée, une histoire à la fois dérangeante et passionnante qui tient en haleine jusqu'à la dernière ligne par ce suspense que l'auteur a instauré dès le départ : qu'a-t-il bien pu se passer dans la vie du héros pour qu'il en arrive là ? Et on ne lâche pas le livre avant de savoir !..
Lien : http://www.takalirsa.fr/hant..
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Karna est né au sein de la secte d'Aoum (le cri primitif, à répéter), le Pur parmi les purs, le prophète, le guru qui a conduit les habitants de son village vers la « Terre promise », une contrée isolée de l'Inde. Enlevé à sa mère dès sa naissance – les enfants ne connaissent par leurs parents ni eux leurs enfants - il suit l'entraînement du corps et de l'esprit pour devenir le digne adepte d'Aoum. A 16 ans, on gomme son identité et Karna devient X470 et il porte désormais un masque à l'effigie d'Aoum. Toute identité est occultée. Commencent alors pour X470, les pires humiliations, les exactions, l'asservissement total allant jusqu'au meurtre pour gravir les terrasses de la connaissance et de la perfection et devenir un Wafadar, guerrier par-fait au service de la secte. le narrateur parvient enfin à s'échapper et il attend patiemment la venue de ses compagnons d'armes, les Wafadars, envoyés pour l'assassiner. Ce répit va lui permettre de relater son expérience, sa vie. le roman de Tejpal est un récit extrêmement dur, à la limite parfois de la nausée, avec des descriptions longues et trop précises mais qui imposent au lecteur de réfléchir sur ces sectes qui ne sont pas nécessairement indiennes. Encore un livre qui ne me réconcilie ni avec les religions ni avec les philosophies. Ayons l'esprit critique et pensons par nous-mêmes ! Si j'ai vraiment aimé ? Je ne sais pas ! Dérangé, sûrement !
Lien : http://leoalu2.blogspot.com
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Un roman très profond, qui absorbe le lecteur dans une épopée digne des épopées indiennes pleines de semi-dieux. Les histoires dans l'histoire se succèdent. le rythme parfois lourd amène inexorablement le lecteur à réfléchir sur la pureté , l'idéal,
"ce qui devrait faire peur aux hommes, par dessus tout, c'est la quête de la perfection. "
Hâte de lire un autre roman de cet auteur que je découvre.
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L'homme qui raconte cette histoire attend. C'est la nuit et ses assassins ne vont pas tarder à arriver. Il a réussi à leur échapper quelques temps mais il sait qu'ils vont venir au petit matin, ils arrivent toujours au petit matin. Mais avant, il faut qu'il raconte son histoire, il faut que tout le monde sache : comment la communauté d'où il vient avait le rêve d'un petit paradis de perfection et comment ce paradis, à force de pureté et d'intransigeance est devenu un enfer...
Dès sa plus tendre enfance, au sein d'une communauté himalayenne séparée du monde, le narrateur apprend à renoncer à son individualité, à effacer ses envies, à bannir tout attachement. On lui enseigne qu'il ne peut vivre que pur et sans émotion que les hommes "vivaient pour posséder, tuaient pour posséder. Leur espèce était la seule à se rebeller contre l'ordre des choses. Les plantes, les animaux et les les insectes vivaient comme ils étaient censés le faire, mais les hommes ne cessaient de dévier de leur cours, poussés par leur avidité de pouvoir, de richesses, de femmes. Ils étaient déloyaux envers eux-mêmes, ne respectaient aucune règle et faisaient de leur inconstance une constante." (Albin Michel - p.78). En cela, les hommes sont haïssables alors que les membres de la communauté, éclairés par la sagesse d'Aum et ne vivant que pour la vérité sont bénis par la nature. En quête de perfection, le narrateur s'élève peu à peu dans la hiérarchie particulière de la communauté jusqu'à ce qu'une femme lui ouvre les portes du doute...

Après avoir beaucoup aimé Loin de Chandigarh et Histoire de mes assassins de cet auteur, j'attendais beaucoup de cette lecture. Et si j'ai laissé passer quelques mois avant de me plonger dans ce roman, ce n'était que pour attendre que les critiques plus élogieuses les unes que les autres arrêtent de pleuvoir et s'effacent de ma mémoire afin de savourer "en solo" cette lecture. Mais il faut croire que cela n'a pas suffit parce que j'ai été incroyablement déçue par ce récit. Beaucoup (trop) de choses m'ont déplu ou profondément agacée/heurtée pour que je puisse pleinement adhérer à l'histoire, à commencer par le sort des femmes de cette communauté qui sont réduites à être, au choix, les prostituées forcées des "purs", des poules pondeuses ou des nounous !
Et pourtant, je reconnais que ce roman avait de nombreux atouts pour me plaire : une critique acerbe du totalitarisme, une fustigation bienvenue de l'extrémisme religieux, une ode aux petits plaisirs de l'existence - la lecture (!), le rire, le bruit des trains, la musique, etc. - et une apologie du doute à cultiver. de plus l'écriture est fluide, souvent poétique et la construction en flash back du récit est très intéressante. Mais cela n'a malheureusement pas suffit à faire de ce roman un incontournable de ma bibliothèque.
Lien : http://loumanolit.canalblog...
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Un excellent livre qui peut ne pas plaire a tout le monde. Dans les livres de Tarun, il y toujours une partie qui nous touche et une qui nous met mal a l'aise, ou qui est un peu limite. Malgré tout, c'est toujours bien écrit, l'histoire tient la route, nous pousse a lire plus et plus. La fin est tragique, mais bon , c'est du Tarun.
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