On est trois filles.Quand on nous met dans l'ordre,on place Corinne en premier,Sibylle en deuxiéme,Georgette en dernier.Corinne a douze ans,elle est toute brune,Georgette huit ans,elle est toute brune.Moi,je suis celle du milieu.Je m'appelle Sibylle.J'ai dix ans.Je suis toute blonde.Je suis la remplaçante de Tartempion.
« Plus le canular est énorme, plus il est crédible ; plus l’autre à les chocottes, plus on rigole »
« Notre vie a basculé à cause d'une histoire d'amour qui avait mal fini. »
« Ma mère n’a pas une tête de parent. Elle a une tête de notre mère, c’est tout. »
Je n'ai pas envie d'enlever ma robe de chambre Pas envie d'entrer dans cette baignoire ! Il fait froid Il y a un ordre de passage et un minutage précis pour la douche. Je me hate de me déshabiller et de faire couler l'eau chaude
Si ça marche !
Je ferme la bonde de la baignoire: au cas où la douche ne fonctionnerait pas, j'aurai les orteils chauds.
C'est une baignoire sabot L'eau monte vite Aujourd'hui l'eau chaude ne vient pas
J'aime pas qu'on me plaigne. Je préfère rigoler. Devant les mines compatissantes, je réponds depuis trente ans : "Je n'ai pas de père, mais je m'en fiche, c'est comme ça. J'ai une photo."
Deux sœurs, et une mère italienne... Ma figure, la même que « lui ». Quand ils me voient rigoler, dans la famille, ils disent : "C'est son portrait craché." Et ma mère est à la fois triste et fière. Elle est fière parce que je suis blonde comme lui, alors qu'ils sont tous bruns. Mais moi je préférerais être comme eux. C'est pour ça, que je fais des conneries comme les mecs, pour leur ressembler, pour être plus italienne qu'eux. Des conneries d'artiste, comme dit mon parrain. Je suis sa préférée. Et lui aussi, c'est mon préféré.
Le réveille-matin est un membre actif de la famille. C'est lui qui demande d'arrêter de manger. C'est lui qui demande d'arrêter de se prélasser. C'est lui qui demande d'aller se laver. Le réveille-matin, c'est lui qui dicte les règles.
Toute cette violence, c’est une histoire d’amour !
N’importe quoi ! J’ai répondu n’importe quoi à toutes les questions au téléphone ! Cette journaliste a fait un entretien avec une débile mentale. Je n’ai rien compris à ce qu’elle demandait. J’ai éclaté de rire quand la réceptionniste m’a prévenue que j’allumais ma cigarette à l’envers. J’avais envie que ça finisse. Je fixais ma valise. Je me suis rongé les ongles. La main droite y est passée. J’ai répondu à côté de la plaque. Je voulais rentrer chez moi. Loin. Chez moi, c’est à cinq cents kilomètres. Je dois prendre le TGV. Mon rempart de sécurité. Je suis une personne neuve lorsque je foule le bitume parisien. Mon train part à 20 heures.
Quand il marche dans la rue, Stéphane se compose une tête qui n’est pas cette qu’on lui connaît dans l’intimité. Il fait une tête molle. Si on l’aborde, il fait une voix toute neutre, et surtout il fait des yeux ! Des yeux qui ne sont plus que des organes. Au milieu de l’agitation, Stéphane se promène comme s’il était seul.
— C’est ma barrière de protection face aux inconnus. Sinon, t’es trop vulnérable.
— Ton regard n’accroche jamais quelque chose ? T’es pas aveugle !
— Je mets une distance.
— À quoi ça sert ?
— À ne pas avoir le nez collé dans la merde. Ça me laisse le temps de réfléchir.