Messieurs, un quart d’heure avant largage, je vais commencer à dépressuriser la cabine.
— Ouvrez l’oxygène et vérifiez le débit, ordonna Bernard.
La cabine était maintenant dans la pénombre, de façon à ce que leur vision s’habitue. Le froid commença aussi à se faire ressentir, malgré les combinaisons, mais en faisant baisser la température, dans la cabine, avant la sortie, on évitait la buée dans le casque.
— Ouverture de la porte, veuillez-vous préparer.
La cabine était balayée par un vent froid, ils se dirigèrent, en marchant comme des canards à cause du sac, vers la porte. Bernard pris Éric par les épaules et lui dit :
— Le choc à la sortie va être dur, tu passes derrière moi, tu me tiens par les épaules et saute en même temps que moi, dès que l’on est stabilisé, tu t’écartes et on ouvre, après, tu restes bien derrière moi, compris ?
— Compris.
— Alors allons-y.
— Dix secondes !
— Go !
Quelle baffe, vite lâcher Bernard, stabiliser et ouvrir, Éric se battait comme un fou, ce maudit sac qui se balançait, enfin stabilisé deux secondes, j’ouvre. Un flop, c’est ouvert. Il vérifia que toute la voile était bien gonflée et les suspentes non emmêlées, tout allait bien. Il chercha du regard ses compagnons et repéra Bernard, en tirant un peu les freins, il se plaça dans son sillage, un peu plus haut, là, il était bien placé. Où étaient les deux autres, en tordant la tête dans tous les sens, il finit par en apercevoir un, puis les deux, ils étaient encore loin, mais gagnaient peu à peu sur eux. Il commençait à avoir froid, la position, bras écartés, n’était pas favorable. Le sac n’arrêtait pas de se balancer, en passant la sangle sur le côté, le mouvement de pendule s’arrêta. Il profita maintenant de la vue, le ciel était clair et le mince croissant de lune donnait une lumière faible, mais suffisante. Sa vision, fini son adaptation, c’était magique de voler à des altitudes pareilles, l’air était calme et à présent le sac semblait dompté. Vers le bas, il distinguait mal la mer, seuls les feux des navires étaient bien visibles. Bernard ralenti, il tira lui aussi les freins, le vent est donc si fort se demanda Éric, dans ce cas, il est parfaitement laminaire, car le vol est très calme. Il distingua la côte, on s’approchait, un coup d’œil sur l’altimètre, cinq mille mètres, on a fait la moitié du vol. Condamné à l’inaction, il sentit l’angoisse monter en lui, comment cela allait-il se passer ? Il réagit et reprit le contrôle de ses idées, se remémorant toutes les consignes pour l’approche et l’atterrissage. Une petite couche de brume à traverser, des turbulences assez fortes. Ils venaient de passer la côte. Éric trouva qu’ils étaient encore très haut, pourtant ils étaient bien sûr l’objectif, il reconnaissait le bâtiment des photos. Ils dépassèrent l’objectif, Éric observa attentivement. personne de visible, ni sur le toit, ni dans le voisinage du bâtiment. Ils arrivèrent sur la petite colline et Bernard commença de virer pour revenir sur l’objectif. Ils avaient maintenant le vent de face, leur vitesse sol, devint très faible et le taux de chute augmenta fortement. Éric comprit alors pourquoi Bernard était arrivé si haut, lui se serait fait piéger. Bernard se posait à l’endroit prévu, Éric fit un S pour se positionner face à la surface, qui lui avait été impartie, un dernier coup d’œil ; pas de haubans ou autres câbles dans sa trajectoire. Il tira les freins, la vitesse verticale devint très faible, deux pas, c'était posé. Bernard était déjà l’arme au poing et surveillait les escaliers. Éric roula rapidement sa voile et la coinça dans une caisse en bois qui était là. Il enleva le casque et le respirateur, détacha son arme et pris position au pied d’une cheminée. Les deux autres étaient posés, pour le moment, c'était parfait. Comme tout était calme, ils prirent le temps de se déséquiper, de l’équipement haute altitude, la température au sol était élevée, ils seraient plus à l’aise. Sur un signe de Bernard, Juan disparut dans la deuxième cage d’escalier. Il lui fit signe de surveiller les alentours et en compagnie d’Alain pénétrât dans le bâtiment. Resté seul, Éric, les sens affûtés par l’adrénaline qui coulait à flot dans ses veines, observait les alentours et essayait d’interpréter les faibles sons qui lui parvenaient. Cela devait faire dix minutes, que ses camarades, avaient disparus dans le bâtiment, quand Éric entendit des pas dans l’escalier.