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Critique de isanne


Pourquoi sème-t-on cinq étoiles entre les pages d'un livre lu pour les faire germer à côté du titre sur Babélio ?
Parce que ce livre a su se rendre indispensable, de ceux qui ne seront jamais rangés, parce que le désir d'en relire quelques phrases sera toujours présent - à moins que ce ne soit pour surveiller qu'une ipomée gracieuse ne s'est pas enroulée sur la couverture… il est des miracles que le murmure du mot "jardin" fait se réaliser !
Parce qu'il a su faire jaillir des sourires, des rires, parce qu'il a fait perler quelques larmes aussi, parce que son voisinage, son "voyageons-ensemble" m'a fait m'écrier souvent : "Oh oui, c'est vraiment ça !".
Parce qu'il m'a rendue insupportable à force de vouloir, à tout prix, lire quelques pages à haute voix, pour un autre lecteur assis tout près et pas forcément intéressé des mêmes récits - il y a des trésors que s'embellissent encore davantage dans le partage ! - mais qu'à cela ne tienne, j'y suis arrivée et lui aussi a souri, et lui aussi a croisé Dame-Mélancolie.…
Et parce que le bonheur suscité par sa lecture se doit d'être clamé, comme une évidence, en toute hâte, pour ne rien en laisser s'étioler...


C'est un petit livre à plusieurs portes, à plusieurs clefs !

D'une serrure forcée, on rencontre Jacob, ce petit garçon qui pétille, qui se fait lire les livres de J.R.R. Tolkien et qui a toujours mille questions malicieuses à poser.
Jacob, c'est le regard innocent, celui qu'on devrait toujours cultiver mais il fane si vite, faute de soins attentionnés…

Si l'on tourne une autre poignée, on rencontre sa maman qui lui lit ce même fameux livre et qui surtout.... parle de l'inépuisable richesse que suggère le mot "jardin" !
Ce regard qu'elle pose sur le jardin, c'est un legs - comme souvent - de ses grands-parents, de cette grand-mère qui prévient de son absence ses visiteurs éventuels en griffonnant sur un carton "Je suis au jardin" accroché sur la porte, amoureuse des plantes, des fleurs dont elle veut tout savoir et de ce grand-père qui déambule dans les allées fleuries en écrivant des histoires, en réinventant les romans…

Dans la mise en musique du mot "jardin", Mona Thomas nous en donne pour tous les goûts : des jardins facétieux aux herbes folles, des jardins anciens, tout en simplicité qui ne sont pas que des jardins mais de véritables lieux à ou pour vivre - mais chutt, je ne peux pas tout dévoiler...- des jardins au garde-à-vous, domptés, sans un foliole de travers, sans un pétale retroussé, des jardins muets parce qu'ils ne racontent rien... et puis des lieux qui ne sont pas des jardins mais qui y ressemblent à s'y méprendre parce que Dame Nature a plus d'un tour dans sa poche...

Et puis, aussi, les souvenirs, que trois brins d'herbe ou deux corolles dressées suggèrent, esquissent... Des rencontres racontées, de certaines drôles et sautillantes comme celles des bégonias, de certaines plus douces et comme parfumées de peu, juste pour qu'elles décorent à jamais la mémoire, de celles qui disent solitude en regardant ce bouquet qui conjugue légèreté avec simplicité ou qui disent un adieu quand les fleurs oubliées, laissent contempler quelques vestiges d'une vie pillée et pourtant si délicate...

On croise toute une myriade de personnages, de caractères, de cultures. On frôle Foufou le chat et on caresse Roxane la chienne. On se fait sérieux pour écouter ces grands écrivains que Mona Thomas convoque et invite ou ces peintres qui n'ont de cesse de nous dévoiler un peu plus de l'essence du jardin.


C'est beau, c'est doux, c'est léger comme un pétale de pavot, c'est sucré comme les cerises mangées perché dans l'arbre et ça pique de tant de félicité, pour faire larmoyer, comme cette framboise trop joufflue pour être seulement dégustée et qu'on laisse fondre doucement sur la langue comme une nourriture sacrée !
Au fil des phrases, on aimerait presque la compagnie des limaces et autres escargots, on s'assoirait pour considérer avec patience le vol des butineurs et tant pis pour le temps qui passe, tant mieux pour cette futilité accordée, pour cette frivolité permise, pour cette fragile pause.

Alors, dorénavant, je sourirai en regardant les bégonias, esquisserai un pas de danse en apercevant les coquelicots, soupirerai de mélancolie en admirant les hortensias. Et puis, Eugénie... et ses bouquets simples et sauvages, les seuls vrais qui disent les beautés de la nature ou du jardin. Et la Dame de l'île d'Ouessant qui malgré son départ, demeure là, devant nous. Son regard perdu sur un ailleurs et ses trésors de fils et de rubans pour nous lier aux pages de ce merveilleux petit livre, ou pour lier les tiges comme on lie les souvenirs, pour les mettre, les uns comme les autres, dans un vase pour qu'ils se déploient doucement.


Merci Mona Thomas, votre livre m'a été bienfaisance, m'a été trésor précieux, m'a été cadeau inestimable. Moi qui ai, en ce moment, l'impression que la vie n'est que bataille, j'ai trouvé mon havre, dans vos mots, dans vos pages...
Merci, merci !
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