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Critique de Tidzandiouf


Un ouvrage utile qui comble une lacune, car aucune anthologie n'a été, que je sache, consacrée aux autrices "en" Bretagne, et non "de" Bretagne: on rencontre ici des femmes nées ou domiciliées en Bretagne, mais qui n'en ont pas forcément parlé, surtout dans les domaines de la BD (Brétécher, ainsi, née à Nantes et c'est tout, comme Jo Manix et la scène rennaise de la BD), du livre jeunesse ou de l'illustration, mais aussi du roman (A. Zeniter), de la poésie (Annie le Brun, D. Collobert), ou de la prose universitaire (Rachel Bouvet, inconnue dont la présence m'étonne: elle n'a écrit que des études universitaires et deux textes sur le monde méditerranéen publiés au Québec...).

La photo de couverture est hélas sinistre et répulsive à souhait! Il faut passer outre, car l'intérieur est riche. Les nombreux dessins qui accompagnent les notices me semblent maladroits et peu ressemblants.

La préface de Gaëlle Pairel est très éclairante. Dommage qu'elle n'ait pas écrit plus d'articles, car le principal contributeur a un style plutôt pataud et ses analyses manquent... d'analyse. Elles véhiculent pas mal de clichés ou du verbiage: "Cette très grande dame de la littérature" (p. 133, 209. Parle-t-on de "très grands messieurs de la littérature"?), "Tout d'abord, ne craignons pas les superlatifs, on entre avec Michelle Labbé dans de la grande littérature" ( p. 152), voire recopie Wikipédia (MJ Christien, p. 214). Écrire que, chez A. le Brun, "le signifiant l'emporte sur le signifié" est un peu rapide, d'autant plus que le passage cité regorge de sens... Il est évident que "le terme oralité " n'a "rien de péjoratif" (p. 148). Je ne sais plus où j'ai lu que chez une autrice, "le fond rejoint la forme, comme chez Zola", ce qui me laisse perplexe... . En quoi l'oeuvre du sociologue Fanch Elegoet véhicule-t-elle un "imaginaire celtique"? Ses travaux sont purement universitaires. En quoi consiste le "style celtique" (p. 133) de Claire Fourier? Mais ce contributeur a abattu un gros travail, alors chapeau.

Certaines présences font rêver... Colette Cosnier était peut-être "féministe" dans ses oeuvres, mais ses anciennes étudiantes, qui sortaient souvent en larmes de ses cours, donneraient d'elle une tout autre image... F.Morvan passe pour une victime "face à certaines levées de bouclier vis-à-vis de son travail sur Luzel et de son essai le monde comme si." (p. 306) Rappelons quand même qu'elle y attaque très violemment les militants bretons, tous mis dans le même sac, celui du nationalisme d'extrême-droite (tout en se faisant passer comme victime de leur cabale), qu'elle y critique le "kitsch identitaire" du pauvre Dan ar Braz, dit de Stivell que les vrais bretonnants ne le comprennent pas (ce dont j'ai vérifié l'inexactitude en 1971, lors d'une veillée), reprochent aux Bretons des côtes de peindre leurs maisons en couleurs vives, à Coop-Breizh de faire des bénéfices (pourquoi pas à Gallimard?)... Que tant de fiel "lève des boucliers" n'est peut-être pas illégitime...

Les coquilles et fautes de syntaxe auraient pu être évitées: "elle partageai...", " 22000 lettres encore peu connue" (p. 57), "centre nationale" (p. 264),"Où elle y fera... où elle y achète" (p. 286), "Agripppine" (p. 286), "elle aurait commencée... le patrimoine orale" (p. 312), "pr Pénélope Bagieu" , dans une phrase incompréhensible (p. 281), "dresser les portraits" (p. 314, on brosse un portrait avant d'en affiner les contours). N. Laurent-Catrice est née en 37, pas en 57. Un index aurait été utile
Soyons pédant: "Edianez" est plutôt l'anacyclique de "Zénaïde" que son anagramme (p. 70).

J'apprécie aussi la partie bilingue consacrée aux autrices bretonnantes, et même la place accordée au parler gallo, dont la littérature est cela dit très maigrichonne. Beau chapitre sur le théâtre aussi. On pourra se livrer , comme toujours, au petit jeu des absences: Philomène Cadoret, Benoîte Groult, Yvonne Pagniez, Eve Lerner (qui a publié chez Diabase et Dialogues)... La typographie n'est pas des plus agréables (que de gras!). mais un beau travail, qui, comme le dit JM Goater, en demande qu'à être continué et amélioré.

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