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Critique de Athalie2


Ce journal est composé de quatre parties disparates dont l'unité est cependant assurée par le recours aux circonvolutions, à sauts et à gambades, dirait le Montaigne. La première partie est une évocation du premier confinement, avec comme fil littéraire le journal de Kafka et son goût pour le chlore des piscines. Car de nage, il ne peut être question alors que les corps sont contraints à l'inactivité. Quelques moments de cette période hors du temps sont évoqués notamment par le biais du retour du sauvage dans les villes, les incursions animalières, le langage Covid qui a structuré nos comportements parfois erratiques comme celui de cette pharmacienne qui conseille le port de trois couches de sac d'aspirateurs en guise de masque, puisque « des masques, il n'y en aura plus », dit elle à l'autrice à une date où ils n'étaient pas encore préconisés …

Deux autres paries sont centrées sur Nice et encadrent une courte incursion à Paris, Paris plage, où les contrastes urbains se rattachent à à la sauvagerie du début : les dealers et les sans abris se côtoyant sous les affiches des cinémas MKZ. Notamment celle du mépris de Godard où le corps de Bardot étale la rondeur parfaite de ses fesses sous le regard de Piccoli. Crise existentielle dans un vaste appartement de Rome, autre hors du temps …

Le journal de nage est surtout celui du retour aux sensations lors de cet été déconfiné, en ce lieu, Nice, qui rattache l'autrice à la figure de sa mère, Jacky. Autour de ce point d'ancrage, l'autrice vagabonde autour de la plage et des scènes quotidiennes qui n'ont l'air de rien. Elle y lie quelques figures littéraires, Hugo Pratt, Barthes, Casanova qui situait la dernière journée heureuse de sa vie sur une terrasse que la nageuse aperçoit entre deux vagues. La Méditerranée l'entraine à Corfou, où entre deux souvenirs autobiographiques, Casanova manque une entreprise de séduction à cause d'une histoire de gants et de moiteurs …

Sensations d'eau qui glissent d'une histoire à l'autre : un nageur qui fait sa Castafiore, un aria horizontal applaudi par les quelques plagistes matinaux. Souvent, ce sont des enfants ou des vieilles dames qui retiennent son regard, des moments fragiles : une nageuse d'un âge certain qui l'année d'avant encore laissait sa canne sur la plage pour entrer dans l'eau, et qui ne le peut plus et reste sur le rivage, un garçon qui fait prendre une douche à son épuisette toute neuve, lorsqu'il réalise qu'il n'y pas une seule crevette à attraper sur une plage lisse de rochers …

Les aller et retours peuvent se faire burlesques avec par exemple le goût de la nage qui pris les aristocrates anglais au XIX ème siècle. Une grenouille dans une vasque sur le tapis en guise de professeur et dont il imitaient les mouvements perchés à l'horizontale sur des tabourets de salon …

Ce que je retiens de ce journal est la capacité de l'autrice à glaner l'air du temps, à faire d'une succession de riens le récit d'une journée d'exception, ce formidable recours aux sensations pour capter l'anecdotique et en faire une joie. Ces moments de vacance dont nous ne faisons rien, elle en suggère l'enchantement fugace, comme un bain de petites bulles égrainées et mélancoliques.
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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