Qu'est-ce que la mode sinon une série d'attitudes changeant périodiquement ? Ce qui est vieux redeviendra neuf, et le neuf deviendra vieux.
Je me sens menacée, et une Molly Southbourne qui se sent menacée ne tarde pas à devenir violente.
Imaginez que tout ce que vous avez fait durant toute votre vie était inutile. Imaginez qu’on vous dise soudain qu’on n’a pas besoin de respirer pour survivre, que personne d’autre, aucun être humain, ne prend la peine de respirer.
Comme je ne cours aucun risque, j’oublie ces règles, et j’oublie aussi la gym et le combat à main nues dont Molly a eu besoin depuis l’enfance afin de survivre. Une ouvrière n’a aucun chance de pondre des œufs. Tout ce que j’ai à faire c’est garder la tête basse et les lèvres closes, mener une vie tranquille quoi qu’il arrive. C’est la clé de la survie.
Je continue de voir des mollys, debout sous la pluie parmi la foule de gens attendant le bus, derrière le comptoir d’une cafète dont le reste du personnel ne s’approche pas, sur l’écran de télé coincé entre les baffles, parmi les plantes dans le jardin ouvrier derrière ma fenêtre, flottant au-dessus de mon lit passé minuit, attendant devant un passage pour piétons quand je suis dans le bus, toujours à me fixer, à me traquer.
- Arrête d'essayer d'être quelque chose, quelqu'un que tu n'es pas. Sois toi-même, sois honnête envers toi même.
- Je ne sais pas qui je suis, dis-je.
- Eh bien trouve-le, ma douce.
Tu n'es pas obligé de me croire, mais tu ne peux faire autrement que de t'en souvenir.
Intéressante, la façon dont vos tripes se nouent quand les fondements de votre existence se dérobent sous vos pieds.
Une soudaine tristesse m'étreint, mais je la chasse d'un haussement d'épaules. La tristesse est un luxe à réserver pour plus tard.
- Dommage que votre mère vous ait appris à tuer les vôtres.
- Les mollys.
- Et si vous essayiez de les aimer, plutôt ?