Après ma découverte de
Rosewater en mai dernier, j'attendais avec impatience de découvrir Insurrection. Dans l'intervalle, j'ai aussi lu
Les meurtres de Molly Southbourne, du même auteur, dans l'excellente collection Une heure lumière chez le Bélial, dont la chronique arrivera sous peu (comment ça, j'ai du retard ???). Une novella fantastique qui penche vers l'horreur, un genre complètement différent mais un style tout aussi maîtrisé.
Tade Thompson est un auteur à suivre, ce que je vais faire avec attention. Avec ces trois titres, j'ai lu tout ce qui a été traduit en français jusqu'à maintenant.
Dans ma chronique du premier tome, je vous parlais du subtil mélange entre science-fiction et tradition… même s'il reste présent ici, il est moins prégnant. On est plus dans la politique que dans la tradition dans Insurrection. Plus dans le réel, même s'il n'est pas beau, que dans l'imaginaire collectif. Et ce nouvel équilibre fonctionne tout aussi bien que le précédent.
La narration est aussi beaucoup plus fluide. On ne passe pas sans arrêt d'une époque à une autre, même si quelques retours en arrière permettent quand même à l'auteur d'apporter du corps à son récit. On alterne entre les points de vue de différents personnages. On est loin de la complexité du premier livre, qui en avait perdu certains, moi la première au début de ma lecture !
Il faut peut-être que j'arrête de parler de premier et deuxième tome, car même si, en anglais comme en français, les trois titres sont présentés comme une trilogie, l'auteur, lui, considère les romans comme indépendants, mais situés dans le même univers. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec lui, car bien que Insurrection puisse se lire sans avoir lu
Rosewater, on y perd beaucoup au passage sur ce qui est une des grandes forces de ces romans, à savoir un univers foisonnant, avec au coeur un dôme qui protège une entité extraterrestre dont on commence tout juste à mesurer l'étendue…
Précisons toutefois mon propos : on peut lire Insurrection sans avoir lu
Rosewater dans la mesure où les arcs narratifs du premier tome trouvaient quasiment tous une conclusion (parfois précipitée et peu heureuse), et où ce deuxième opus s'ouvre sur une nouvelle intrigue, Jack Jacques, le maire de
Rosewater ayant décidé de faire sécession d'avec le Nigéria.
Le politicien, qu'on avait entraperçu dans le premier tome, prend ici toute son ampleur et
Tade Thompson nous propose une vision grinçante de la politique nigériane. D'autres personnages se retrouvent au coeur de l'intrigue, certains déjà un peu connus, et d'autres qui font leur apparition ici. Un personnage joue cependant le liant avec le tome précédent, il s'agit de Kaaro, protagoniste principal de
Rosewater. Si sa place peut paraître périphérique, ces actions n'en sont pas moins importantes. Mais c'est sa compagne, Aminat, qui lui vole la vedette dans les scènes d'action, et elle n'a rien à lui envier. C'est un beau personnage de femme forte, que nous propose l'auteur. Une femme que son homme attend sagement à la maison, tout du moins au début du roman…On rencontrera d'autres personnages, plus ou moins liés à Armoise, la créature qui vit sous le dôme, et plus ou moins humains aussi.
La déclaration d'indépendance de
Rosewater va précipiter la ville, ses habitants, et nous aussi par la même occasion, dans un tourbillon d'événements, qui font que ce livre a été plus dur à lâcher que le précédent. La tension y est palpable tout du long, la guérilla / guerre pour
Rosewater ne nous laisse pas beaucoup de répit. A tel point que j'ai un peu peur que le troisième tome ne soit plus mou, après avoir été tenue en haleine pendant les 400 pages de celui-ci. En général, les tomes deux servent de passerelle, point de ça ici. On a un roman avec une intrigue complète, même s'il s'ouvre sur la fin vers le tome suivant, et vers une intrigue qui me laisse pour le moment un peu perplexe. Suivant le traitement que l'auteur en fera, ça passe ou ça casse. J'espère de tout coeur ne pas me retrouver dans quelque chose de trop conventionnel, car je serais éminemment déçue…
Je vais attendre patiemment, et faire confiance à l'auteur. Tout du moins jusqu'à ce que je puisse le croiser, j'espère, aux Utopiales début novembre, et lui poser quelques questions. Car c'est officiel,
Tade Thompson sera à Nantes dans quelques semaines, et c'est une belle nouvelle !
Rosewater insurrection, bien que deuxième tome, comprend une intrigue complète. Mais vous perdrez énormément de l'incroyable univers créé par l'auteur en zappant le premier, sans compter que vous passerez à côté d'un livre de grande qualité. Là où
Rosewater prenait le temps de poser les bases de l'univers avant d'accélérer un peu brutalement, Insurrection est lui sous tension du début à la fin, ne nous laissant que très peu, voire pas de répit. On a ici un deuxième tome qui n'est pas le ventre mou d'une trilogie, ou alors le troisième sera explosif !!! (en même temps, j'aimerais bien^^)
J'avais aimé
Rosewater, j'ai adoré Insurrection. Vivement Rédemption !
Tade Thompson est définitivement un auteur à découvrir et à suivre de près.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu. Merci à eux pour la confiance.
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