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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Double vitrage » de l'islandaise Halldora Thoroddsen me fait penser à « Nos âmes la nuit » de l'américain Kent Haruf. Plus triste et inéluctable, c'est vrai, mais tout aussi élégant et poétique. Il traite en effet du thème délicat de la vieillesse, de l'isolement et de la solitude mais aussi de l'amour qu'éprouvent les personnes âgées.

Dans une société, il me semble que la façon de considérer les animaux, les enfants et nos ainés en disent long sur qui nous sommes et sur notre devenir. Sur notre humanité. Ce genre de livre est pour moi nécessaire car il permet d'appréhender la vieillesse comme il se doit, avec beauté et dignité, en appréhendant chaque personne dans son unicité et sa singularité, et non dans un grand tout souvent dénommé avec condescendance « les vieux ».

Nous suivons ainsi les pensées d'une veuve de 78 ans qui vit seule dans son appartement de Rekjavik. Elle observe la vie citadine derrière les fenêtres de son appartement. Nous partageons avec elle ses observations, ses souvenirs, tout en découvrant sa personnalité dans son unicité et ses caractéristiques particulières, par exemple sa façon à elle d'être toujours au seuil, très sensible, toujours à vouloir vivre à la fois dehors et dedans, d'être une et multiple à la fois. Nous découvrons peu à peu une esthète, une amoureuse des lettres islandaises, une femme empathique, qui tente, malgré les écueils de la vieillesse, de toujours bien s'apprêter, de bien se nourrir, et de mettre de la rigueur dans sa vie en tenant un carnet dans lequel elle « inscrit les jours du bain, les repas, les rendez-vous, répertorie les incidents, les morts ».
La trame narrative est intéressante car nous sommes au plus près de l'intimité de cette dame, nous percevons avec pudeur et douceur les affres et les angoisses de la vieillesse. J'ai aimé ces pensées en italique qu'on devine glanées ça et là qui viennent ainsi, sans prévenir, dans le livre … « Que lui veulent-ils, ces rayons gris qui strient le ciel ? ».

Les pensées de cette dame n'en restent pas moins riches, elle fait preuve d'une curiosité d'esprit et d'un désir de comprendre qui forcent l'admiration, témoin de l'évolution du monde actuel avec lequel elle se sent néanmoins en décalage : elle nous raconte son étonnement face à la surconsommation, la surinformation, face aux dégâts provoqués par un capitalisme débridé, et surtout face à la crise de 2008 qui a provoqué la ruine de l'Islande. Elle, elle a besoin de paix, de calme, de temps pour se concentrer et atteindre le coeur des choses.

Elle ouvre la porte de son appartement cependant pour rencontrer certains membres d'un club pour personnes âgées, devenus pour certains des ami.e.s, et elle ose ouvrir son coeur à Sverrir. Pour une dernière passion amoureuse. Bien sûr, elle hésite tout d'abord, partagée entre la peur de faire voler son monde en éclats et sa peur de la léthargie. Envahie de questions aussi : « Qu'est-ce que Sverrir peut bien voir en elle ? Que cherche-t-il ? Son corps est un nid abandonné. À son âge, ni le rang ni la dot ne suffisent à cacher les défauts du produit. Supportera-t-il ses proches ? Lui laissera-t-il suffisamment d'espace ? Osera-t-il affronter le dragon ? Les trois épreuves ».

L'amour finit par vaincre. Si ingouvernable. « La seule chose qui ne se soucie guère de l'âge est l'amour, il colore l'existence tout entière, même si les couleurs changent au fil du temps ». Je les imagine en teintes pastel, ces couleurs pour ce joli couple là, des couleurs tendres et délicates. En couple, si naturellement, de nouveau, les gestes de complicité viennent avec évidence et aisance, caresses légères formant une enveloppe autour d'eux. le port d'attache de tous les amoureux du monde. Et peu importe les jugements des autres, proches, amis, société.

Ce livre, assez sombre car sans concession, m'a laissée l'âme en peine, mais quelques rayons horizontaux de soleil ont eu le pouvoir d'illuminer certains grains de poussière, devenus alors éclats de diamant éphémères.

Un grand merci à @mesrives à qui je dois cette lecture !
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Parfois les réseaux sociaux ont du bon. Sans les posts de deux relations qui ont plutôt bon goût et n'hésitent pas à sortir des autoroutes "main stream", je n'aurais sans doute pas entendu parler de ce livre. La preuve, je ne connaissais pas cette maison d'édition créée en 2015 et qui mérite que l'on se penche sur son cas, j'y reviendrai. Double vitrage est un court roman comme je les aime, avec un ton, un regard, de l'audace dans le choix de son sujet. Une héroïne de 78 ans, l'exploration de la vieillesse... hum, on a déjà connu plus vendeur. Même en y ajoutant une histoire d'amour, les lecteurs ne vont pas se précipiter. Eh bien, ils auraient tort.

Elle observe le monde depuis sa fenêtre, à l'abri du double vitrage. Elle ne sort plus beaucoup, quelques courses, une réunion avec la bande d'amis qui se réduit au fil des années, et un petit verre au pub du coin de la rue le samedi soir. Son mari, l'homme qui avait brisé sa solitude, rempli les murs de son humour joyeux pendant de longues années est mort désormais. Elle ne sait plus trop ce qu'elle fait là, s'est toujours sentie en décalage avec le monde extérieur dont les échos lui parviennent parfois avec fracas, elle se demande pourquoi ce vieil homme la regarde jusqu'à ce qu'il trouve le courage de l'aborder. Une histoire d'amour ? Maintenant ? Quelle drôle d'idée...

"Toujours la même histoire, un garçon rencontre une fille. Est-ce là tout ce que nous savons faire ? le dénommé troisième âge ne propose-t-il pas une autre forme de participation ? Une autre forme d'amour ? On n'attend tout de même pas de nous qu'on façonne un petit nid douillet si près de la fin. Tomber amoureux maintenant c'est un soin palliatif de misère."

A travers cette histoire, l'auteure explore un environnement qui se singularise par le rapport au temps de ceux qui ont déjà beaucoup vécu et voient également approcher à grands pas l'échéance fatale. La trop grande expérience peut être un frein à se lancer dans une nouvelle aventure, lâcher prise, consentir au risque, pas si simple. Mais le regard de cette femme, sans illusion mais pas sans espoir est teinté d'un humour caustique qui emporte le morceau. Loin d'être autocentré, il englobe un monde qui court à sa perte, sur fond de crise financière en Islande, de cacophonie médiatique et de dérèglement climatique. Et jette une lumière crue mais tendre sur la réalité des êtres au crépuscule de leur vie, leur quête d'une façon d'être harmonieusement au monde, entre envie de faire encore et renoncement assumé. C'est poignant de lucidité.

"Nombreuses sont les jouissances, pour ainsi dire à portée de mains, qu'elle laissera probablement passer. Elles lui échapperont toujours, probablement comme elles échapperont à ceux qui parcourent le monde à leur recherche. le divertissement. Quel triste mot. Faire diversion."

Ayez la curiosité d'ouvrir ce Double vitrage, il ne cherche pas à faire diversion et ne laisse pas indifférent.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Double Vitrage de l'Islandaise Halldora Thoroddsen est un roman court, surprenant et banal à la fois. le personnage principal du livre, une veuve de 78 ans observe le monde derrière sa fenêtre et voit défiler les saisons et les gens.

Ce sont ses observations, ses pensées souvent aiguisées, ses souvenirs, ses dialogues imaginaires avec son mari décédé et ses quelques rencontres avec des amis qui se raréfient que nous raconte la vieille dame. Soudain, se profile la perspective d'un nouveau compagnonnage qui jette un rayon de lumière sur un horizon jusque-là un peu étroit.

J'ai beaucoup aimé ce roman sensible, au style direct et élégant, et où sont disséminées en italiques entre les paragraphes une ligne d'observations d'un spectateur extérieur, comme des notes jetées sur un carnet. Ces observations ravivent le texte, lui donnent de petits éclats de vie à droite et à gauche, par exemple : ‘Démontrant une totale désinvolture, elle enfile sa robe rouge' ou ‘Eclate de rire ne se souvient plus pourquoi' ou encore ‘Cruelles ténèbres hivernales, c'est tout juste si ça vaut la peine de se réveiller'. On a alors une nouvelle perspective sur le personnage, c'est habile.

Un joli roman, délicat, sur la vieillesse, l'espoir, l'amour encore possible et la solitude à laquelle d'ailleurs elle ne pensait plus comme à une ennemie « La solitude finit toutefois par lui donner un rôle aussi précieux qu'unique. Celui de voir. » C'est là tout le sel de ce roman.

Je compte bien poursuivre ma découverte de la collection Fiction Europe des éditions Jaune et Bleu qui permettent à des auteurs de pays de l'union européenne d'être traduits et publiés en français. En France l'anglais représente 64% des titres traduits, puis viennent le japonais, l'allemand, l'italien et l'espagnol. Cela laisse peu de place aux auteurs provenant d'autres pays européens. J'aime aussi beaucoup la présentation de leurs livres, le visuel, le papier, le marque-page intégré, un objet de qualité. A tout hasard, je précise que je n'ai pas d'actions ou autres intérêts financiers chez cet éditeur.
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La vieillesse. Horizon lointain, nébuleux. Crainte dans une société qui valorise la jeunesse, la santé, la vitalité. 

Pourtant, les personnes âgées sont toujours en vie. Elles peuvent aimer. Même si cela dérange. L'idée de deux corps usés s'unissant, profitant des derniers instants de leurs vies avant que la mort, la sénilité ne vienne les rattraper. 

Tel est le sujet de ce court roman d'une incroyable délicatesse, d'une belle sobriété pour décrire le chant du cygne d'une vie. 

Le début est froid, clinique, nous offrant comme une vue de la vie de cette vieille femme. Puis, l'amour arrive, réchauffant les sens qu'elle pensait endormis. Mais la vie est une tragédie dont la fin est toujours la même. 

Voilà une très belle lecture émouvante, qui nous confronte à cette perpective inéluctable.

Ce roman, servi dans un magnifique écrin, donne envie de découvrir les autres titres de cette nouvelle maison d'édition.
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Prix de la Littérature de l'Union Européenne 2017 ; prix de la Littérature féminine islandais Fjöruverðlaunin 2016.

Un livre où chaque page, presque chaque phrase semble importante ; un livre qui aborde, à partir d'une courte tranche de vie, quelques saisons, de nombreux thèmes principaux comme l'amour, le respect de soi, l'attention aux autres ; un livre qui nous plonge dans les pensées d'une vieille dame de 78 ans qui a envie de vivre encore un peu...

Elle habite un petit appartement à Reykjavik, elle n'est ni pauvre ni malheureuse, sa famille vient la voir et elle a un ancien groupe d'amis ; elle pense beaucoup, à son mari décédé, au temps qui passe..., " Souvent , elle a l'impression d'être plus spectatrice qu'actrice de ses pensées. Témoin réfléchi. Elle dispose soigneusement les nouvelles avec les anciennes..." (p 17)

Elle observe la vie autour d'elle, depuis sa fenêtre, le jour, la nuit quand elle ne dort pas : le beau chat tigré parmi le feuillage d'automne, le grand vieillard qui boîte un peu, les jeunes femmes et leur marmaille, les hommes...
Elle tricote, écoute de la musique, s'intéresse à la marche du monde, trouve que tout se répète, va au café.

Et puis, c'est la rencontre avec Sverrir, l'homme qui la regarde sans cesse quand elle sort ; un homme sympathique de soixante-quinze ans, qui sent bon, un ancien chirurgien.
Que peut-il se passer entre eux ? Est-il encore temps pour une forme d'amour ? Comment réagiront leurs proches ?

Un très beau texte, plein d'élégance et de charme, de poésie mais aussi d'humour ; un petit livre qui marque, un concentré d'existence.

Extrait p 12 : " Au fond, elle a toujours été à la lisière. Au seuil. Elle voudrait vivre dehors et dedans, la porte ouverte, être là où les gens passent. Une et multiple à la fois. Mais elle reste la plupart du temps seule derrière la fenêtre sud. Elle peut aller sur le balcon, regarder l'école maternelle en face, et il ne lui faut que quelques minutes pour rejoindre la rue commerçante de Laugavegur, où il y a toujours du monde. Ce soir, elle ira au pub boire sontraditionnel verre de gin. Un plaisir qu'elle s'accorde parfois."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Du haut de ses 78 ans et protégée par son double vitrage, une veuve regarde le monde et la vie, cet aujourd'hui qui n'est plus tout à fait le sien et se concentre au coeur de Reykjavik. Il reste des amis, il y a de la famille, mais le temps fut long, a fui. Que reste-t-il à (re)vivre désormais ?

Avec une poésie simple, la plume musicale de Halldóra Thoroddsen fait de nous un petit oiseau sur l'épaule d'un personnage fragile, lucide, très attachant, qui rencontre les automnes entre permanence et décalage, une folle envie de vivre contrainte à composer avec la force des habitudes, la confiance en demain qui s'émousse, le vertige de son monde que l'on ne reconnaît plus toujours. C'est un roman de reflets : miroir intime, miroir social, miroir des générations et d'une société islandaise qui a tant muté.

« Double vitrage », lauréat du prix de littérature islandaise féminine en 2016 et du Prix de littérature de l'Union européenne en 2017 est le premier roman traduit en français de cette autrice à l'oeuvre prolifique disparue en 2020.
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Un homme et une femme, un peu trop seuls, se rencontrent et tombent amoureux l'un de l'autre.
Ils ont respectivement 78 et 75 ans, savent que leur histoire commune sera courte, mais leurs craintes, leurs réticences ne font pas le poids face à l'attachement grandissant, la tendresse, l'envie d'être avec l'autre en permanence.
Récit à la fois sans tabou et pudique d'une histoire d'amour qui est sans doute la dernière, et qui se nourrit des précédentes pour s'épanouir.
Joli sujet pour un roman qui sonne juste.

Traduction Jean Christophe Salaün
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Un roman déroutant à l'écriture singulière. La solitude se mêle à l'espoir, l'amour côtoie la perte... Difficile de démêler toutes les émotions à la lecture de cette histoire, il m'a peut-être manqué un peu de matière dans ce roman pour pleinement l'apprécier.
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