Magie blanche, Tome 5 : Lumière et ténèbres

Ethan s'est levé et a fourré les mains dans les poches de son jean.

- Tu sais, j'aime le côté de la Wicca qui consiste à établir un lien avec la nature et à comprendre qui nous sommes. Mais le côté sombre me fait peur.

-Si une sorcière de sang la tient et projette de l'énergie dans la pierre, elle révélera ce qui se trouve au plus profond de son cœur.

Hunter a ouvert la main, et au centre du cristal, j'ai aperçu mon visage.

Tisons

Ils se sont évadés ce soir, toute la bande. Selene Belltower, Cal Blaire, Alicia Woodwind, Edwitha de Cair Dal et les autres — ils ont filé entre mes doigts. Ils savaient que je les pourchassais. Ils savaient que je me resserrais autour d’eux. C’est ma faute. J’ai été trop prudent, trop préoccupé par mon obsession de prouver mon affaire, sans aucun doute, que j’ai laissé trop de temps passer. J’ai échoué, misérablement. Encore pis, Morgan est presque morte parce que je ne les ai pas arrêtés.

Je dois briser les sortilèges d’ombrage pour pénétrer dans la maison de Selene. Impossible qu’elle ait eu le temps de tout emballer. Peut-être pourrai-je trouver des indices, quelque chose qui me dira où elle est allée ou ce que son groupe planifiait.

Merde, merde, merde !

— Gìomanach

Je me tenais debout auprès de Bree Warren et de Robbie Gurevitch, mes deux plus vieux amis, sur la pelouse derrière la maison de Cal Blaire. Ensemble, nous avons observé les flammes qui jaillissaient avec furie du pavillon pour jeter un voile de fumée sur la lune de novembre. Quelque part dans le brasier, nous avons entendu un craquement, et une partie du toit a cédé. Une fontaine d’étincelles chauffées à blanc s’est élevée vers le ciel.

— Mon Dieu, a lâché Bree.

Robbie a secoué la tête.

— Tu es sortie de là juste à temps.

Des sirènes ont retenti au loin. C’était la dernière nuit de novembre, et plusieurs couches de neige avaient recouvert le sol, mais l’air de la nuit était chaud et sec dans ma gorge à mesure que je l’avalais goulûment.

— Vous m’avez sauvé la vie, suis-je parvenue à cracher.

Puis, je me suis retournée en toussant. Respirer était douloureux. Ma gorge était à vif, j’avais mal aux poumons, et chaque cellule de mon corps avait soif d’oxygène.

— Tout juste, a murmuré Robbie.

Il a glissé son bras sous mon coude pour me soutenir.

J’ai frissonné. Je n’avais pas besoin que Robbie me rappelle à quel point j’avais frôlé la mort, prisonnière d’une pièce minuscule enveloppée de sortilèges et dissimulée dans le pavillon de la piscine. Emprisonnée par Cal Blaire, mon petit ami. Mes yeux, qui brûlaient déjà en raison de la fumée, se sont embués de larmes.

Charismatique, confiant, d’une beauté surhumaine, Cal avait réveillé en moi une émotion qui dormait depuis seize ans. C’était Cal qui m’avait aimée le premier, comme aucun autre garçon. C’était Cal qui m’avait amenée à réaliser que j’étais une sorcière de sang, dotée de pouvoirs dont j’ignorais même l’existence dans le vrai monde. C’était Cal qui m’avait montré comment l’amour et la magye pouvaient s’entrecroiser jusqu’à ce que j’aie l’impression que toute l’énergie de l’Univers m’enlaçait, ruisselait en moi, là, à ma disposition.

- Je dois avoir l'air horrible.

- Non. Tu ressembles à une personne qui a le courage de faire face à ce qui peut lui briser le cœur, et je te trouve... belle.

Puis, ses lèvres ont trouvé les miennes, et nous nous sommes embrassés. D'abord, le baiser était doux, rassurant, puis, une force en moi a pris le contrôle, et je me suis serrée contre lui avec une urgence et une intensité qui nous a secoués tous les deux. On aurait dit qu'il y avait quelque chose en Hunter que je désirais avec une faim que je pouvais à peine reconnaître – il y avait quelque chose en lui dont j'avais autant de besoin que l'air que je respire. Et, de toute évidence, il ressentait la même chose.

Lorsqu'il s'est retiré, j'ai eu l'impression que ma bouche était enflée, que mes yeux étaient énormes.

- Oh, ai-je dit.

- Oh, en effet, a-t-il doucement dit.

Je lui ai adressé un grand sourire. Hunter avait un sens de l'humour, ai-je réaliser. Il était seulement un peu excentrique .

— Elle me dit béryl, mais c’est impossible. Le béryl est soit une aigue-marine ou une émeraude, et ce n’est pas…

— Morganite, m’a-t-il dit. La pierre de ton nom ; une autre forme de béryl.

— Morganite ?

— Elle change de couleur sous les rayons du soleil. À différents moments de la journée, elle peut être blanche, lavande, rose et même bleu clair. C’est une pierre de guérison puissante. Et elle peut faire autre chose.

Il a serré la pierre dans sa main. Il m’a regardée, et ses yeux verts étaient aussi insondables que la mer.

— Si une sorcière de sang la tient et projette de l’énergie dans la pierre, elle révélera ce qui se trouve au plus profond de son cœur.

Ses bras m'ont entourée, je me suis laissée tomber contre sa poitrine. Quand j'ai levé les yeux, j'ai constaté que ses yeux étaient mouillés de larme.

- Je suis tellement désolé, Morgan.

À ce moment, je me suis rappelé une chose que Cal m'avait dite : Il y a de la beauté et de l'ombre dans tout. Du chagrin dans la joie, de la vie dans la mort, des épines sur les roses. Je savais que je ne pouvais pas échapper à la souffrance et au tourment davantage que je pouvais renoncer à la joie et à la beauté.

Je me suis raccrochée à Hunter en sanglotant au milieu de ma cuisine. Il a murmuré des mots qui n'avaient aucun sens tout en caressant mes cheveux. Enfin, mes sanglots se sont calmés, et je me suis soustraite à ses bras. En m'essuyant les yeux, Hunter a pris une grande respiration avant d'essuyer une larme sur ma joue.

- Regarde-nous, deux sorcières redoutable qui tombent en miettes.

J'ai attrapé un mouchoir sur le comptoir et je me suis mouchée.

- Je dois avoir l'air horrible.

- Non, tu ressembles à une personne qui a eu le courage de faire face à ce qui peut lui briser le coeur, et je te trouve... belle.

Puis ses lèvres ont trouvé les miennes, et nous nous sommes embrassés. D'abord, le baiser était doux, rassurant, puis une force en moi a pris le contrôle, et je me suis serrée contre lui avec une urgence et une intensité qui nous a secoués tout les deux. On aurait dit qu'il y avait quelque chose en Hunter que je désirais avec une faim que je pouvais à peine reconnaître - il y avait quelque chose en lui dont j'avais autant besoin que l'air que je respire. Et, de toute évidence, il ressentait la même chose.