Les mots vieillissent, et certains perdent jusqu'au souvenir de leur sens. Réac ne signifie plus une opinion politique, un réflexe passéiste ou une posture esthétique. A vrai dire il ne qualifie plus rien, il salit, il néantise. A ce titre, il a des accointances de fond avec l'imputation d'hérésie en usage dans la démonologie médiévale. Vade retro, sale réac ! C'est l'arme lourde de l'Inquisition contemporaine - l'arme des lâches car ils flinguent sans sommation, sans rien prouver, sans rien risquer, avec l'aval de l'air du temps et la complicité des puissants. C'est le mot de la fin, la balle dans le dos pour la victime de la traque.
Adossé à ces invariants qui sont le long commun des sociétés humaines, le réac n'a pas de bonne, mauvaise, fausse ou double conscience à rémunérer. Il est mal dans son siècle, mais bien dans ses pompes."p.38
(p.72)
D'ailleurs j'ai été traité de "facho" qu'une seule fois dans ma vie, par un certain Onfray. Je ne le connais pas mais je me suis laissé dire qu'il ne faisait pas dans la dentelle.
(p.17)
Cependant, de ce gros mot - réac - on m'a affublé quelquefois pour me clouer le bec, et réflexion faite, j'ose l'endosser dès lors qu'on l'époussette de ses connotations manichéennes pour lui restituer son sens plein et véridique : en réaction contre les tendances de l'époque.
« Si la ‘déconstruction’ de l’humain atteignait son but ultime, si le déracinement devenait la règle, et la patrie une vieille lune ‘facho’, il [le réac] pense que l’humanité s’abrutirait dans un capharnaüm de signes et d’images avant de se noyer dans un bain de sang.
(…)
L’illusion cosmopolite repose sur la vision d’une société émancipée de tous les distinguos entre le Même et l’Autre, l’Ici et l’Ailleurs, le Nous et le Vous. Emancipée de toute altérité et ignorant ce qui distingue un peuple d’un agrégat. »
(p.83)
ma chronique: http://fullcoaching.fr/2015/09/01/denis-tillinac-du-bonheur-detre-reac/