Citations sur Journal de L. (1947-1952) (94)
Et quand on arrive quelque part, dans n'importe quel motel, je cherche les animaux : des chiens, des chats, des mules, des poneys... les animaux me ressemblent, me comprennent. A eux, je peux tout dire d'un seul coup d'œil. Ils ont mon âge sauf qu'il sont vieux, très vieux. Ce sont des enfants très anciens.
Je songe qu'on sera là-bas, à perte de vue, dans des heures et des heures, dans des jours, des mois... On sera là-bas quand je serai vieille et morte.
Hummy... Je me suis même demandé s'il n'était pas pasteur ou curé ou même hanté, ou quelque chose du genre.
Le mauvais rêve se trouvait au-dehors d'elle, dans le monde réel.
Il lui fallait le vaincre là ou nulle part.
Joyce Carol Oates, Les chutes
C'est fou comme on préfère toujours la souffrance et l'inconfort du quotidien à l'inconnu et au bonheur possible.
« J’aurais voulu la tuer, puis lui dire que dans la vie, on a le droit de lambiner. Si on ne le fait pas à cet âge, on le fait quand ? Après tout s’accélère, je suppose, on a des tas de choses à faire comme Madga et Neil. Des tas de choses absurdes. Vite se lever, se laver, s’habiller, vite prendre le train, travailleur, déjeuner, travailler encore, et puis vite rentrer, faire les courses, le dîner, manger, se coucher et vite, vite, ça recommence. Plus le temps de rien, plus le temps de chanter en évitant les rainures, entre les dalles d’un trottoir. »
Ils préfèrent une belle idiote qui fait baver tout le collège, mais n'osent même pas se l'avouer. Âge de mensonge et de paraître, âge sans pitié. De merde et de fer. Ça me rend dingue parce qu'au final, c'est tout ce qui nous restera, l'amour. Tout le reste aura disparu, la beauté de Rosaline avec.
Je n'ai pas respecté les règles. Je suppose qu'avant d'en arriver là, il faut dix rendez-vous, vingt coca, des heures de discussion, des pique-niques, des cadeaux à la con, puis des pelles et tout un bordel compliqué qui consiste à se toucher les cheveux, à se regarder dans les yeux en montrant ses dents et en faisant des allusions à une éventuelle coucherie ou à un pelotage de seins sur un canapé... Alors que c'est ce dont ils rêvent. Une pipe, et puis baiser, me prendre à quatre pattes sur une couverture près de la rivière ou ailleurs.
C’est un long après-midi, les minutes sont des heures. Dehors, le soleil brûle, dévaste tout, mais il pénètre doucement dans sa chambre à travers les persiennes closes, comme s’il savait que se passait là quelque chose d’intime et de profond
Une pleine mer de sperme qui n’appartient à personne, à aucun de ces hommes, et qui est la loi des grands singes, leur violence première et l’aliment de leur folie