On ne souffre pas tant qu’on reste enveloppé dans sa solitude. Il n’y a personne autour, personne à décevoir, personne à faire souffrir. Et personne ne peut nous atteindre non plus.
Mais on ne reste jamais seul éternellement.
On achète télévision et voiture pas forcément parce qu’on en a besoin mais pour montrer aux voisins qu’on appartient bien au troupeau. On essaie d’avoir la plus jolie télévision et la plus jolie voiture pour prouver qu’on est riche et qu’on est un élément méritant du troupeau.
Il se reproche de ne jamais s'être assez intéressé aux gens pour les regarder vraiment. Encore moins pour comprendre qui ils sont, ni pourquoi et comment ils le sont devenus.
La solitude, c’est tellement plus simple.
Ainsi, toute bibliothèque est unique, à l’image de celui qui l’a constituée. C’est le résultat d’une longue suite de choix faits tout au long d’une vie. Le résumé d’un vécu, le reflet d’une personnalité, la synthèse d’une façon de considérer le monde, l’expression la plus riche d’une identité.
Il tourne la première page de la couverture, savoure la sensation de l’infime craquement du papier neuf. Son sourire s’étire. Lire pour soi. Quel plaisir inégalable !
Bien sûr que si c'est grave, d'être un homme et de n'avoir jamais pu s'affirmer comme tel, de n'avoir jamais existé aux yeux du monde.
Libre. On est toujours prisonnier de quelque chose. De son corps, de la gravité, de l'administration. De la vie.
Qu'est ce qui définit le mieux les personnes que l'on fréquente : ce qu'ils montrent, ou ce que l'on choisit d'en voir ?
Pour un lecteur aussi assidu, le temps passé dans les livres représente une part significative de ses journées, de sa vie. Ce que j’ai sous les yeux, sur les étagères de son salon, c’est en quelque sorte la deuxième existence de cette personne.
Il lui fait part de son allergie aux romans feel good, qui l'ont souvent déçu par leur platitude et leur naïveté démesurée, par l'abus de situations émouvantes qui peinent à masquer la pauvreté littéraire.