Je ne lirai plus de la même manière après cette expérience, je prendrai le temps de m’arrêter sur chaque phrase pour laisser s’illuminer l’univers qu’elle recèle. J’essaierai de lire au-delà des mots, de voir à travers les pages. Et je n’écrirai plus pareil, certainement.
Et de la même manière, comment expliquer la peur à quelqu'un qui ne l'a jamais ressentie, comment expliquer le chagrin lié à la perte d'un proche à quelqu'un qui n'a jamais eu d'accroc dans sa vie ?
Le silence. Dompter le silence. Apprivoiser le silence. Jouer avec lui, l’écouter, le suivre, tenter de le maîtriser, se laisser emporter dans les remous qu’il laisse derrière lui tel le flux d’une rivière qui se heurte à un rocher tombé au milieu de son lit.
Mais bon, quand on partage sa vie avec quelqu’un comme l’imagination, on ne peut pas toujours tout maîtriser. C’est elle qui choisit quand elle veut s’exprimer, ce qu’elle veut dire, de quelle manière. Il faut apprendre à vivre avec. À s’adapter à elle. Voilà, j’ai une coloc. C’est mon imagination. Elle est un peu bizarre, parfois. Mais bon, je l’aime bien.
On ne transporte pas quelqu'un malgré lui dans ce monde intérieur.
Et quand je dis vie, je parle de la vraie vie. Pas dans le sens "qu'est-ce que tu fais dans la vie ?", mais dans le sens "qu'est-ce que tu es ?". Je ne m'étais jamais posé cette question. Personne ne se définit par ce qu'il est aujourd'hui. Il n'y a pas de mots pour expliquer ça. Et pourtant...
Bien sûr qu'il m'arrive de dévier de la direction que je m'étais fixée. Je découvre un point d'intérêt inattendu en chemin, ou bien une impasse, un raccourci, un obstacle.
Alors on se dit qu'on a compris ce que cachait Georges : c'est l'amour, le vrai, celui qui transforme une personne, qui le rend totalement insignifiant quand il n'est plus en présence de sa moitié.
T'as déjà lu un texte écrit par un auteur parfaitement heureux, équilibré, pour qui tout va bien dans sa vie depuis des années ?
Maintenant que j'avais fait resurgir toutes ces pensées à la surface, il fallait que je m'occupe d'elles, que je trouve une manière de les contenir.