Attirée par le titre
La maison au citronnier, j'avoue m'être fourvoyée, m'attendant à du vécu plus romancé, il s'agit en fait d'un témoignage tiré de faits réels et de tout un pan d'histoire, en général et en particulier, celle qui s'étend de 1936, date à laquelle Ahmed Khairi, arabe, tout à son bonheur familial, bâtit sa maison sur la terre fertile de al-Ramla(entre Jérusalem et Tel-Aviv), cultive ses oliviers,ses orangers,plante un citronnier à la naissance de son fils Bachir, s'enrichit, ouvre un cinéma jusqu'à l'année 2004 où Dalia Eshkénazi, juive, fille de Moshe et Solia, qui occuppe encore
la maison au citronnier depuis l'exil forcé de la famille Khairi, plante seule un jeune citronnier à côté de la vieille souche car bien que Bachir soit devenu un ami au fil du temps il a été extradé.
Sandy Tolan,qui enseigne le journalisme à l'Université de Californie du Sud, spécialiste du Moyen Orient a traité l'histoire de ces deux familles, les conflits israélo-arabes qui les ont entourées, la montée du nazisme en Europe,la Shoah, avec une conscience toute professionnelle de vrai reporter. La fin du livre comporte une centaine de pages de références et de bibliographie, c'est dire!!
Que s'est-il passé?
Je cite:"L'armée israélienne,attaquant Lydda et occupant al-Ramla le 12 juillet 48;les crosses des fusils des soldats cognant aux portes le lendemain;l'exil forcé de dizaine de milliers d'habitants d'al-Ramla et de Lydda; les dix neuf ans d'inconsolable nostalgie de leur maison;le désir de se battre à mains nues si nécessaire pour rentrer".
Ce citronnier, qu'abandonne la famille Khairi,spoliée de tous ses biens,c'est leur terre,c'est leur histoire.
Une amitié par la suite se nouera entre Bachir,juriste,revenu sur les lieux en 1967, quelque temps après le traumatisme de la Guerre des Six jours, pour revoir la maison de son enfance et Dalia, étudiante à l'université, qui l'invite à rentrer dans ce qui a été chez lui et qui ne l'est plus.
Colère,frustration,politesse pour faire comme si, du côté de Bachir dont la simple visite ravive des blessures,des souvenirs humiliants, le mal du pays et des rêves de retour afin de récupérer la dignité perdue.
Beaucoup d'intelligence,d'ouverture d'esprit,de compréhension et d'empathie du côté de Dalia qui voudrait tant....
Un bel exemple de fraternité, car l'exil a été vécu par les deux familles, celle qui a été chassée de Palestine le 12 juillet 1948 et celle qui est partie de Bulgarie le 28 octobre 1948 pour s'en aller vers le nouvel Etat d'Israël car
la maison au citronnier bien qu'étant un fort symbole, déborde très vite du cadre d'al-Ramla pour des alentours gigantesques et tout aussi touchés.
A lire car, bien que comportant des longueurs, ce sont des faits historiques indispensables à connaitre!