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Critique de PatriceG


Alexis le pot, nouvelle de Tolstoï écrite en 1905, paraîtra dans les Oeuvres Posthumes de LT en 1912 par le truchement de sa fille Alexandra.
On la retrouve (la nouvelle) aussi sous le titre d'Une Ame simple publiée chez Bossard Paris en 1925 traduite par d'Ostoya et Masson.

D'Ostoya et Masson dans leur note préalable disent à propos de la présente notamment que Tolstoï se penche avec amour sur les humbles des campagnes, scrute leurs âmes naïves, conte leurs misères, leurs pauvres joies.

Misère c'est bien le terme qui me vient aussi à l'esprit en lisant cette nouvelle de Tolstoï. Oui misère est plus fort que pauvreté, car il me semble que dans la pauvreté s'il arrive une nouvelle épreuve, il est possible qu'on la supporte encore, tandis que dans la misère, quand une nouvelle misère s'y ajoute, eh ben je donne peu de chance à celui qui la vit d'en réchapper ...

La différence avec les riches est, pour ceux qui ne savent pas ce que c'est que la misère, que quand on se voit dépossédé d'un des appartements luxueux qu'on compte sur les deux mains, eh ben on compte toujours sur les deux mains après, et le riche reste riche.. Si on lui vole sa jaguar, eh ben il lui reste sa porsche, son cayenne, sa range rover, sa BMW, sa maserati. Bon mais revenons à Aliocha la cruche..

Aliocha est ce pauvre bougre dont on se moquait déjà à l'école du village au sujet de son physique, son long nez, sa petite taille, son aspect malingre. On ne lui jetait pas des pierres, mais pas loin. Comme il encaissait tout, ça en restait là, car on ne peut pas dire qu'il prêtait le flanc, son absence de résistance annihilait l'ennemi. A l'école, il ne resta pas longtemps, il était déjà pour aider son père à l'âge de 6 ans au champ à garder les vaches..

Etre affublé de ce nom Aliocha le pot était dû au fait qu'envoyé par sa mère pour livrer du lait au diacre, il se ramassa une gamelle sur le sol gelé, et cassa le pot.

A l'âge de 19 ans son frère fut appelé à l'armée, et Aliocha dut remplacer le frère chez le marchand de qui le paysan de père percevait des gages, appoint absolument nécessaire à la famille.

Aliocha devint l'esclave chez le marchand qui vivait dans une relative aisance avec du personnel domestique et tutti quanti. Et notre anti-héros répondait aux désidératas de toute la maisonnée sans rechigner, se faisait même ceinture sur ses repos..

Une seule personne, la cuisinière, jeune comme lui, lui ouvrit son coeur ; elle lui mettait des victuailles de côté, comme du kacha dans son pot, avec du beurre.. L'amour se mêla à l'histoire, ils parlaient de plus en plus ensemble..

A ce stade du récit on pourrait penser que ce fut astucieux de la part d'Aliocha de se mettre bien avec la cuisinière. Devant les problèmes de famine que connaissait la Russie d'alors dans les campagnes, assurer son manger permettait de sortir la tête de l'eau ; mais c'est en toute innocence que cette relation s'établit, en tout cas pour ce qui est d'Aliocha. "Aux innocents les mains pleines", pourrait-on dire ; c'était à la vérité une aubaine pour celui qui ne pipait mot de la religion et qui n'avait jamais fait une prière de sa vie, par pure pauvreté. A part quelqu'enseignement prodigué par sa mère qu'il avait tout oublié !..

Une idée de mariage germa dans la tête des deux tourtereaux si malheureux par ailleurs, mais on se rendit vite compte que les deux amoureux, étant corvéables à merci, cela n'irait pas sans poser des problèmes.

Ce n'est pas que les ennuis commencèrent alors, ils se perpétuaient, et à peine l'ordre social dans la maison du marchand finit par prévaloir et sonna comme une rémission qu'un autre drame s'enchaîna ......

J'ai noté ce mot de Tolstoï : " Aliocha quand il lui advint l'événement le plus extraordinaire de sa vie (sa relation avec la cuisinière, la bonne âme), à son étonnement, il apprit que, sauf les rapports basés sur le besoin que chacun a d'un autre, il y a encore , entre les gens, des rapports tout particuliers".

Et Tolstoï encore pour finir nota dans son journal frugalement le 28 février 1905 ceci : écrit Aliocha, tout à fait mauvais. Abandonné. Corrigé Pascal et Lamenais. Achevé d'écrire Korniéï (Vassiliev). Convenable.

J'aurais peut-être pu commencer par là, au moins les récalcitrants se seraient faits l'économie de me lire, mais moi je l'ai lue en tout cas cette nouvelle et elle m'a plu, n'en déplaise à notre grand Léon qui nous a tant habitués à descendre en flèche sa propre production fictionnelle à peine fut-elle écrite. Même Anna Karénine y est passé, alors !..

Tout cela n'est que mon baratin habituel qui a pour seul avantage de m'appartenir...



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