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Nelson Éditeur (Autre)J.-W. Bienstock (Traducteur)
EAN : 978B076942TC5
(07/10/2017)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Dès son enfance Aliocha doit aider son père dans les travaux des champs. Il ne peut fréquenter l'école mais garde un caractère toujours gai et souriant. Quand il a 19 ans son père le place en ville chez un marchand. Accueil un peu froid et débuts assez difficiles. Mais il garde son bon tempérament et passe sans arrêt d'un tâche à l'autre.
Il devient mieux apprécié mais reste taillable et corvéable à merci, tout en restant toujours souriant. Il envisage d'épou... >Voir plus
Que lire après Une âme simple (Alexis le pot)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une âme simple est une courte nouvelle écrite en 1905 mais qui n'est parue qu'après la mort de Tolstoï. Elle est aussi intitulée Alexis le pot. On peut la lire ou l'écouter facilement en ligne. C'est une nouvelle naturaliste merveilleusement contée qui vous déchire le coeur.
Aliocha est un pauvre petit paysan maigre et flanqué d'oreilles dressées comme un chien. un jour il a cassé le pot de lait que sa mère destinait au diacre. Depuis tout le monde l'appelle le pot. Les gamins se moquent de lui mais il ne leur répond pas . Il ne va pas à l'école. il garde les vaches, puis les chevaux, puis il laboure. il ne se plaint jamais et sourit tout le temps. Son père le cède contre de maigres apointements à un négociant .en vantant sa vaillance et sa passivité quand on le réprimande...
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Une Ame simple ou Alexis le pot.
Publication posthume 1912
Traduction française, chez Nelson par Bienstock, 1917,, chez Bossard par d'Ostoya et Masson, 1925.
Re-re-re-lu.

J'ai une préférence pour la traduction de Georges d'Ostoya et de Gustave Masson qui me paraît plus rigoureuse. Même si je sais gré à J.W Bienstock d'avoir contribué à la vulgarisation de l'oeuvre du maître russe.

Court récit qui s'apparente à un conte écrit dit-on en 1905. Donc arrêtons de dire déjà que Tolstoï avait arrête la fiction. Mais je n'en suis pas convaincu. Je dirais plutôt des notes écrites avant remaniées possiblement en 1905 et restées dans les tiroirs (*) parce que non pas qu'il n'en fut pas satisfait, au contraire c'est parfaitement maîtrisé, pas un mot à modifier, mais il ne voulait pas apparaître à cette époque comme un faux frère vis-à-vis des tolstoïens qui l'eussent accusé de nanti, alors que pourtant le thème en est un hymne au sort d'un pauvre malheureux rendu esclave, auquel l'issue ne sera guère plus enviable, comme une suite logique dans le fond.

C'est un conte et on ne prend pas son mouchoir pour satisfaire la part du diable, en tout cas fidèle à ses principes, Tolstoï est sur la crête sentimentale, poétique, symbolique, métaphysique, plutôt que sur l'épanchement et la faiblesse. Ce texte est écrit d'une traite, il n'y a pas de relâchement, de pause musicale. Tout est élevé, il surfe sur la vague le père Léon pour tout ce qu'il est capable de faire magistralement pour nous rappeler qu'on ne saurait se satisfaire de la trajectoire du pauvre bougre à qui il laisse une lueur d'espoir, une sorte de bonheur dans son malheur qui sera de courte durée, car tel est le lot irrémédiablement des pauvres gens. Oui Tolstoï a à coeur de nous rappeler cela comme un témoignage déjà, puis comme une injustice criarde dans le monde des humains. Ou cette histoire lui fut racontée, ou il en a été directement témoin, car l'authenticité ne trompe pas. Chez l'auteur russe, la recherche de vraisemblance absolue a toujours été une vertu cardinale.

Le pauvre bougre d'Aliocha fut balloté par le destin à commencer par son père qui fit de celui-ci pas verni par la de la nature un bon garde-bêtes doublé de servage au champ !

Tolstoï reprend cette anecdote des souliers qui baillent par usure qui font mal, c'était la paire du grand frère disparu que lui confia son père, comme le serviteur de Maitre et serviteur, dans un contexte différent cependant. le nouveau maître d'Aliocha va l'aider pour lui trouver uenpaire d e chaussures neuves qui va lui faire plus mal encore et dont la facture sera retenue sur l'appointement que le marchand verse chaque mois à son père

La mort du frère aîné d'Aliocha causa un trou dans les ressources du père qui pensa tout naturellement à Aliocha pour combler le manque et ainsi les choses rentrèrent dans l'ordre, le père continuant de percevoir argent des sercices de ce fils confié à un boutiquier qui exerçait en famille, plus un commis, plus un boy. le boy ce sera désormais Aliocha qui va être l'esclave de toute la maisonnée comme il est docile et sourit à tout contrairement à son défunt frère plus dédaigneux.

La seule personne qui va s'attacher à Aliocha est la cuisinière, de laquelle il va finir par s'éprendre. Il sera même question de mariage tellement ces deux êtres infortunés semblaient s'unir dans leur destin, ce qui ne fut pas du goût de la maîtresse de maison qui ne vit que les enquiquinements de marmaille à naître. La nouvelle fut éventée au père qui décida pour le fils de renoncer à cette sotte idée. Aliocha comme toujours courba l'échine et finit par sourire. La suite il faut la lire. J'ai oublié de dire pourquoi Aliocha le pot ? on la lira aussi !

Je vois bien une bonne musique slave bien grave assortie de chants mystiques comme ils savent le faire, bien fataliste pour ponctuer les péripéties malheureuses du destin d'Aliocha et donner plein volume dans le dernier épisode. le malheur a le droit tout autant de ne pas être oublié !

(*) Après recherche, il s'avère que j'ai passablement faux puisqu'on lit dans son journal : " Ecrit Aliocha, tout à fait mauvais. Abandonné, 28 février 1905.
Ce récit inachevé sera publié dans les oeuvres posthumes par Alexandra Tolstoï la fille en 1912. Je ne sais pas ? Peut-être que de ne pas être parvenu à ficeller son affaire, il estima qu'il avait mieux à faire que de s'excrimer sur cet Aliocha la cruche selon la traduction littérale ?

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Alexis le pot, nouvelle de Tolstoï écrite en 1905, paraîtra dans les Oeuvres Posthumes de LT en 1912 par le truchement de sa fille Alexandra.
On la retrouve (la nouvelle) aussi sous le titre d'Une Ame simple publiée chez Bossard Paris en 1925 traduite par d'Ostoya et Masson.

D'Ostoya et Masson dans leur note préalable disent à propos de la présente notamment que Tolstoï se penche avec amour sur les humbles des campagnes, scrute leurs âmes naïves, conte leurs misères, leurs pauvres joies.

Misère c'est bien le terme qui me vient aussi à l'esprit en lisant cette nouvelle de Tolstoï. Oui misère est plus fort que pauvreté, car il me semble que dans la pauvreté s'il arrive une nouvelle épreuve, il est possible qu'on la supporte encore, tandis que dans la misère, quand une nouvelle misère s'y ajoute, eh ben je donne peu de chance à celui qui la vit d'en réchapper ...

La différence avec les riches est, pour ceux qui ne savent pas ce que c'est que la misère, que quand on se voit dépossédé d'un des appartements luxueux qu'on compte sur les deux mains, eh ben on compte toujours sur les deux mains après, et le riche reste riche.. Si on lui vole sa jaguar, eh ben il lui reste sa porsche, son cayenne, sa range rover, sa BMW, sa maserati. Bon mais revenons à Aliocha la cruche..

Aliocha est ce pauvre bougre dont on se moquait déjà à l'école du village au sujet de son physique, son long nez, sa petite taille, son aspect malingre. On ne lui jetait pas des pierres, mais pas loin. Comme il encaissait tout, ça en restait là, car on ne peut pas dire qu'il prêtait le flanc, son absence de résistance annihilait l'ennemi. A l'école, il ne resta pas longtemps, il était déjà pour aider son père à l'âge de 6 ans au champ à garder les vaches..

Etre affublé de ce nom Aliocha le pot était dû au fait qu'envoyé par sa mère pour livrer du lait au diacre, il se ramassa une gamelle sur le sol gelé, et cassa le pot.

A l'âge de 19 ans son frère fut appelé à l'armée, et Aliocha dut remplacer le frère chez le marchand de qui le paysan de père percevait des gages, appoint absolument nécessaire à la famille.

Aliocha devint l'esclave chez le marchand qui vivait dans une relative aisance avec du personnel domestique et tutti quanti. Et notre anti-héros répondait aux désidératas de toute la maisonnée sans rechigner, se faisait même ceinture sur ses repos..

Une seule personne, la cuisinière, jeune comme lui, lui ouvrit son coeur ; elle lui mettait des victuailles de côté, comme du kacha dans son pot, avec du beurre.. L'amour se mêla à l'histoire, ils parlaient de plus en plus ensemble..

A ce stade du récit on pourrait penser que ce fut astucieux de la part d'Aliocha de se mettre bien avec la cuisinière. Devant les problèmes de famine que connaissait la Russie d'alors dans les campagnes, assurer son manger permettait de sortir la tête de l'eau ; mais c'est en toute innocence que cette relation s'établit, en tout cas pour ce qui est d'Aliocha. "Aux innocents les mains pleines", pourrait-on dire ; c'était à la vérité une aubaine pour celui qui ne pipait mot de la religion et qui n'avait jamais fait une prière de sa vie, par pure pauvreté. A part quelqu'enseignement prodigué par sa mère qu'il avait tout oublié !..

Une idée de mariage germa dans la tête des deux tourtereaux si malheureux par ailleurs, mais on se rendit vite compte que les deux amoureux, étant corvéables à merci, cela n'irait pas sans poser des problèmes.

Ce n'est pas que les ennuis commencèrent alors, ils se perpétuaient, et à peine l'ordre social dans la maison du marchand finit par prévaloir et sonna comme une rémission qu'un autre drame s'enchaîna ......

J'ai noté ce mot de Tolstoï : " Aliocha quand il lui advint l'événement le plus extraordinaire de sa vie (sa relation avec la cuisinière, la bonne âme), à son étonnement, il apprit que, sauf les rapports basés sur le besoin que chacun a d'un autre, il y a encore , entre les gens, des rapports tout particuliers".

Et Tolstoï encore pour finir nota dans son journal frugalement le 28 février 1905 ceci : écrit Aliocha, tout à fait mauvais. Abandonné. Corrigé Pascal et Lamenais. Achevé d'écrire Korniéï (Vassiliev). Convenable.

J'aurais peut-être pu commencer par là, au moins les récalcitrants se seraient faits l'économie de me lire, mais moi je l'ai lue en tout cas cette nouvelle et elle m'a plu, n'en déplaise à notre grand Léon qui nous a tant habitués à descendre en flèche sa propre production fictionnelle à peine fut-elle écrite. Même Anna Karénine y est passé, alors !..

Tout cela n'est que mon baratin habituel qui a pour seul avantage de m'appartenir...



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Si on s'accorde à dire qu'il y a une âme russe, Léon Tolstoï nous confirme qu'il excelle dans la description d'"une âme simple".
Dans cette très courte nouvelle publiée après sa mort, il réussit en quelques mots à incarner des personnages de milieu populaire de la fin du 19ème siècle.

Le père d'Aliocha est fermier mais il place son jeune fils en ville comme domestique chez un marchand pour récupérer son salaire. le garçon a toujours été soumis et accepte sa condition dans la bonne humeur.
Un jour pourtant il prend conscience que les relations humaines ne sont pas toujours intéressées et qu'ils peuvent être autres choses que des rapports entre dominants et dominés.
C'est avec la jeune cuisinière qui le regarde amoureusement qu'il prend plaisir à ce qu'elle s'occupe de lui. Alors qu'ils souhaitent se marier le père d'Aliocha et sa patronne refusent.

Tolstoï montre la servilité dans laquelle les jeunes gens sont obligées de se cantonner, l'exploitation des pauvres y compris par leurs parents mais la particularité de cette histoire est que, quoi qu'il arrive, le jeune Aliocha garde le sourire. C'est pourtant une nouvelle particulièrement triste.


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Il déjeunait en courant, et il était rare qu’il prit le dîner avec tout le monde. La cuisinière le grondait parce qu’il ne mangeait pas en même temps que les autres, cependant elle avait pitié de lui et lui gardait quelque chose de chaud pour le dîner et le souper. Il y avait surtout beaucoup à faire les veilles de fêtes et les jours de fêtes. Mais Aliocha aimait les fêtes parce qu’on lui donnait des pourboires, peu, il est vrai : il se faisait à peu près soixante kopecks ; mais c’était de l’argent pour lui. Quant à ses gages, il ne les avait jamais vus. Le père venait, recevait l’argent du marchand, et Alexis fut seulement grondé pour avoir si vite usé les bottes.
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Alexis avait dix-neuf ans quand son frère partit faire son service militaire ; et le père envoya Alexis, comme portier, chez le marchand. On donna à Alexis les vieilles bottes de son frère, le bonnet de son père, une poddiovka, et on l’amena en ville. Alexis admirait son accoutrement, mais le marchand ne se montra point satisfait de sa mine.

— Je pensais que tu allais me donner un homme pour remplacer Sémion, — dit le marchand en examinant Alexis, — et voilà le morveux que tu m’as amené. À quoi est-il bon ?

— Il peut faire n’importe quoi : atteler le cheval, faire les courses, et il travaille très bien. Il a l’air d’une borne, comme ça, mais il est très capable. Et, de plus, il est très modeste.

— Eh bien ! Que faire ? Nous verrons. Laisse-le.
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( Oustinia était une jeune orpheline, aussi travailleuse qu'Alexis.)
Mais voilà qu'ici, tout d'un coup, il remarqua qu'Oustinia (cuisinière), une personne tout à fait étrangère , avait pitié de lui. Elle lui gardait dans le pot du Kacha avec du beurre, et, pendant qu'il le mangeait, le menton appuyé sur son poing, elle le regardait. Il jetait un regard sur elle, elle riait, et lui riait aussi ..
.
Cela était si étrange et si nouveau qu'Alexis eut peur. Il sentait que cela empêcherait de faire son travail comme il l'avait fait jusqu'à présent. Mais cependant il était heureux ; et, quand il regardait ses pantalons rapiécés par Oustinia, il hochait la tête et souriait? Souvent, en travaillant, ou pendant une course, il pensait à elle et murmurait : "Hé ! Hé ! Oustinia !" Oustinia l'aidait autant qu'elle le pouvait, et lui, de son côté faisait de même. Elle lui racontait sa vie ..
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"Alexis avait 19 ans quand son frère partit faire son service militaire ; et le père envoya Alexis, comme portier chez le marchand. On donna à Alexis les vieilles bottes de son frère (...)
Des bottes de son frère il en vint vite à bout, et le patron le grondait parce qu'il portait des bottes déchirées d'où passaient ses doigts nus ; et il lui ordonna d'acheter des bottes neuves au marché .."

Il n'était donc pas de tradition chez ce riche marchand de vêtir et chausser ses employés, surtout quand ils rendaient service à tout le monde au point que chacun chez le riche marchand traitait notre ami Alexis en esclave...
En prime, Alexis eut droit à une engueulade de son père pour avoir si vite usé ses bottes quand celui-ci vint chercher son dû.

Quand on détaille un peu, on voit mieux ce qu'il se passe dans le monde des oppresseurs ..
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