Citations sur Tim Burton (Catalogue Exposition Cinematheque) (18)
"Taram et le chaudron magique" (1985), film fantastique médiéval sur un chaudron d'où sortent des armées de morts-vivants, est davantage dans ses cordes. L'idée de combiner la reproduction humaine et mécanique l'inspire. Il signe son premier accomplissement professionnel important : une série de machines de mort satiriques, des couveuses monstrueuses utilisant les bébés comme munitions et d'autres créatures anthropomorphes très peu "disneyesques". Aucun de ses quelques deux cents dessins ne seront utilisés pour la version finale.
"Tim Burton : la gymnastique de l'imagination"
Les seize films qu'il a tournés (au moment où nous écrivons) ces vingt-cinq dernières années ont donné naissance à un style si reconnaissable que l'adjectif "burtonien" est passé dans le langage courant. Cette marque de fabrique résulte de son choix singulier : raconter des histoires, principalement à travers des images frappantes et des personnages inoubliables incarnant les thèmes qui reviennent et dialoguent dans toute son œuvre - l'isolement d'un héros en rupture avec la monde, et la recherche d'identité.
"Un auteur pour tous les âges"
A cet égard, les créations de Burton les plus aisément identifiables au pop-surréalisme sont les histoires illustrées de "Le triste fin du petit enfant huître" et "Stainboy". Dans celles-ci, les globes oculaires perforés et évidés des enfants maltraités servent de fenêtres ouvertes sur leurs âmes torturées, en réponse à un monde dérangé où la sensation a éclipsé les sentiments.
"Tim Burton : la gymnastique de l'imagination"
A Burbank où j’ai grandi, la culture des musées n’existait pas. Ce n’est qu’adolescent que j’ai mis les pieds pour la première fois dans un musée (sauf si on compte le Musée de Cire d’Hollywood). Je m’occupais en allant voir des films de monstres, en regardant la télévision en dessinant, ou en jouant au cimetière du coin. Plus tard, quand j’ai commencé à fréquenter les musées, j’ai été frappé d’y retrouver une atmosphère semblable à celle des cimetières.
-Tim Burton-
« Si je regarde certaines peintures de Van Gogh, elles ne sont pas réelles, mais elles captent une telle énergie que cela les rend réelles. »
Tim Burton
Outre l’aspect « irréel » des lieux filmiques, on trouve souvent chez Burton une dichotomie environnementale et atmosphérique. Deux mondes distincts existent simultanément –soit en esprit seulement, soit dans une réalité alternative comme le monde des morts (netherworld)- et seuls quelques personnages passent de l’un à l’autre. Le monde « normal » est désigné comme étouffant, suffocant, tandis que le monde « sans dessus dessous » est coloré, imaginatif, riche d’enseignements, et s’avère souvent plus logique.
Pour finir, la créativité est la planche de salut des héros de Tim Burton, qu’ils apparaissent sur papier, monstres à membres et à fonctions multiples, ou à l’écran, humains abattus sculptant arbustes ou blocs de glace, inventant des histoires incroyables, réalisant des films d’exploitation, tranchant des gorges, ou survivant au Pays des Merveilles. Leur exemple d’activité imaginative, qui est une réponse à une condition de détachement et d’isolement, constitue le principal message de l’œuvre de Burton.
« Les sucreries n’ont pas à signifier quoi que ce soit. C’est pour ça que ce sont des sucreries. »
Charlie Bucket, Charlie et la Chocolaterie
La perspective transgénérationnelle de Burton, qui mêle l’enthousiasme et le sentiment juvéniles à une libido adulte, donne à son œuvre sa patte singulière, et pourrait expliquer l’attrait qu’elle exerce à la fois sur le grand public et sur un noyau de fans inconditionnels.
Aucun habitant d'aucune ville ne peut reconnaître Gotham City de Burton, et c'est délibéré.