Je ressort légèrement déçu de ma lecture des trois tomes (les seuls sortis à ce jour) qui forment le premier cycle du "Roy des Ribauds".
Comme cela est déjà très bien expliqué dans les autres critiques, les auteurs de cette bd au format comics se sont inspirés des "Rois Maudits de
Maurice Druon pour créer cette histoire qui se joue entre les bas-fonds de Paris et les résidences royales, avec Tristan "le Triste Sire" comme protagoniste principal.
Plus précisément nous sommes à la toute fin du XIIe siècle, sur fond de rivalité entre les rois de France et d'Angleterre Philippe II (pas encore) Auguste et Richard Coeur de Lion.
C'est un des points forts de cette série que d'exploiter habilement cette période trouble pleine d'intrigues politico-militaires où le roi de France cherche à réaffirmer son autorité sur l'ensemble du royaume de France; face à ses vassaux toujours prêts à la contester.
Ici Baudouin de Flandres le roi Philippe apparait (comme il semble qu'il l'était dans la réalité) comme un roi rusé, calculateur et prudent et participe de la solidité du scénario.
La retranscription de la ville de Paris est un autre aspect positif. On sent qu'il y a un vrai travail de recherche derrière pour donner vie à la cité. La construction de Notre Dame est plus avancée dans l'intrigue que dans la réalité; mais c'est un choix assumé et compréhensible car comme ils l'indiquent à la fin du premier tome, celle-ci n'avait alors pas de façade.
Le personnage de Tristan, le fameux Roi des Ribauds, est bien travaillé et complexe entre son allégeance au Roi, et la manière dont il exerce lui-même le pouvoir d'une main de fer sur les bas-fonds de Paris, sans compter son rôle de père protecteur. Pour autant nous n'apprenons que peu de choses de son histoire personnelle; de même que pour ses lieutenants Michel et Saïf
dont on attend avec impatience de connaître respectivement les raisons du départ à la croisade et celles de l'exil de Damas
Si les chefs des confréries parisiennes sont bien représentés
et notamment Ascelin, certains personnages sont à mon goût sous-exploités
on pense notamment au tueur "le surin"; à la femme agent d'Aliénor d'Aquitaine, à "la Grise", les trois chevalier de Fréteval ou encore au mercenaire "la bête" vendu comme l'incarnation du diable et qui disparait rapidement sans avoir apporté grand chose au récit tout en faisant doublon avec Glaber.
C'est finalement la manière dont sont traités certains personnages qui personnellement me dérange dans cette histoire. Les Méchants sont vraiment...méchants, maléfiques pour ne pas dire diabolique, et cela est renforcé avec le dessin (physique à faire pâlir un bodybuildeur, yeux rouges, visages dans l'ombre aux sourires plein de bonté...).
C'est le cas des principaux ennemis de Tristan: Renaud de Dammartin, proche du roi Philippe; de "la bête"; du Rouennais ou de Glaber après ses mésaventures Cela manque je trouve un peu de diversité dans leur profil.
Le grand coësre est intéressant mais quand même - excusez moi l'expression - sacrément atteint. Et sa Cour des miracles ressemble plus à une orgie dionysienne.
Enfin, et ce n'est pas un reproche que je fais spécifiquement au "Roy des Ribauds", je trouve qu'on retrouve trop de scènes de combats; même si cela ne nuit pas pour autant au déploiement du scénario. Cela amène à dédramatiser, et le dénouement de certains affrontements pourtant essentiels à l'avancée de l'histoire, et la mort de certains personnages.
Et puis avec tous ces trucidés, pas sûr qu'il resterait au Triste Sire encore grand monde de vivant dans Paris sur lesquels régner!
Le Roy des Ribauds reste cependant une bonne bd au potentiel certain, et j'espère que le second cycle bonifiera la série.