N'étant pas par nature très attiré par ce type de roman graphique petit format style comics (même si c'est un très bel objet), je n'aurais probablement pas posé les yeux dessus s'il n'y avait eu ce sujet.
Car c'est bien le thème qui a titillé ma curiosité : comme l'auteur l'explique très bien dans sa postface, quel héros romanesque que ce "roy des ribauds", sorte de chef des gardes du corps, des services secrets et de la cour des miracles à la fois.
Je connais assez bien cette période historique, et je dois dire que pour ce que j'en sais, les personnages, les évènements et leur temporalité sont parfaitement respectés. Pour la petite histoire, le scénariste revendique de prendre ses aises, arguant qu'on sait très peu de chose sur ce fameux roy des ribauds, à la fois parce que les archives manquent à son sujet, mais aussi tout simplement parce qu'il opérait dans l'ombre. On ne saurait en tenir rigueur à
Vincent Brugeas, et je dirais même qu'il a très bien fait !
Ambiance crépusculaire, donc, pour cette peinture des bas-fonds malfamés de ce Paris de la fin du XIIe siècle. Peut-être un peu trop parfois, ça en devient presque terne, et l'ambiance fuchsia délavée du début ne m'a pas emballé non plus. Les scènes de combat sont nombreuses (trop peut-être pour un "maître des chuchoteurs", même si l'on comprend que le sang lui est monté à la tête et qu'il a mis la main dans un engrenage qu'il ne contrôle plus), expéditives, parfois un peu difficiles à suivre.
Un sujet original, un scénario solide, et une belle réussite donc pour ce premier album qui m'a donné envie de connaître la suite, malgré mon appétence limitée pour ce type d'illustrations.