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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans sa célèbre série « Les rois maudits », Maurice Druond mentionne au détours d'un passage l'existence de gardes bien spéciaux entourant Philippe le Bel (les « Ribaldi regis ») menés par un certain « Roi des Ribauds ». Il n'en fallait pas plus pour enflammer l'imagination de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat qui s'inspirent de l'anecdote pour créer le personnage du Triste Sire, héros d'une série de romans graphiques parus chez Akiléos. L'action prend place dans le Paris du début du XIIIe siècle et met en scène un homme présenté comme étant à l'origine de cette énigmatique charge qu'on retrouvera quelques décennies plus tard sous le règne des derniers Capétiens. Homme de main, protecteur, espion, diplomate… : le Triste Sire cumule les fonctions mais n'a rien d'un ministre ou d'un courtisan ordinaire puisque c'est du côté des bas-fonds davantage que du faste de la cour que l'entraînent la plupart de ses missions au service du roi Philippe Auguste. le rôle est ambiguë et il en va de même de la personnalité de ce Triste Sire, tour à tour père aimant et protecteur, ennemi inflexible et sans pitié, ou ami et serviteur dévoué à la couronne. Un protagoniste atypique, donc, entouré d'une flopée de personnages secondaires possédant eux aussi une large part d'ombre mais malgré tout suffisamment étoffés pour parvenir à éveiller la curiosité du lecteur. On pourrait d'ailleurs en dire autant du scénario, Vincent Brugeas nous en dévoilant juste assez pour nous accrocher tout en gardant un bon nombre d'informations en réserve, histoire de nous frustrer un peu plus et de conserver le suspens jusqu'au tome suivant.

La qualité de l'ouvrage tient également énormément au travail de Ronan Toulhoat qui opte ici pour une ambiance très sombre qui convient non seulement à la personnalité et à l'humeur du protagoniste mais aussi au décor dans lequel se déroule l'essentiel de l'action. Car si l'illustrateur se plaît à nous laisser apercevoir ici une luxueuse chambre royale, là une magnifique vue sur la façade de la cathédrale Notre-Dame, ce sont surtout les bas-fonds de la capitale qui servent de cadre au récit. Arrières cours mal famées, intérieurs de tavernes ou de bordels, ruelles les moins fréquentables de Paris… : la variété des lieux dessinés et la multitude de détails qui les accompagnent témoignent du minutieux travail de recherches effectué par l'artiste qui rend ainsi relativement aisée l'immersion du lecteur dans cette France du début du XIIIe siècle. La qualité de la reconstitution historique ne s'arrête d'ailleurs pas qu'aux graphismes puisque le scénario nous permet d'avoir un aperçu succinct de la situation politique de l'époque et en particulier du règne de Philippe Auguste. Ce premier tome se focalise avant tout sur la rivalité opposant le souverain français à son homologue anglais, Richard Coeur de Lion, et à sa mère, la désormais âgée mais toujours aussi redoutable Aliénor d'Aquitaine. Là encore on a bien du mal à appréhender le personnage de ce roi à la fois machiavélique et habile stratège mais aussi tourmenté et prématurément vieilli (avec une calvitie et un oeil en moins, on a peine à croire qu'il n'est âgé que de vingt-neuf ans au moment du récit…). Une chose est sûre : on meurt d'envie d'en découvrir davantage !

« Il est permis de violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants. » Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat l'ont bien compris et nous offrent avec ce premier tome du « Roi des Ribauds » un album visuellement et scénaristiquement impeccable. Nul doute que le deuxième opus sera du même acabit.
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L'EMPRISE DES ÂGES SOMBRES

Janvier 1194. En cette fin de siècle qui aura vu la difficile mais inexorable montée en puissance des premiers capétiens, Philippe II Roy de France, bientôt qualifié de Bel, peut-être considéré comme le premier grand monarque de ce qui n'est encore qu'un embryon de notre actuel pays. Mais si son intelligence quelque peu atrabilaire, sa ruse ainsi que ses incontestables réussites guerrières lui permettent de demeurer encore dans les hagiographies de l'histoire de France, ce fameux "roman national", il n'en est guère de même de ce Paris des bas-fonds, que l'on croise pourtant ici et là dans des romans plus contemporains, que l'on songe à cette cour des miracles fantasmée d'un Victor Hugo dans son Notre-Dame de Paris ou dans des descriptions un peu plus véridiques d'une France miséreuse, violente, crue et cruelle que l'on croise aussi bien dans Les Rois maudits de Maurice Druon que dans Fortune de France de Robert Merle, (et dans bien d'autres) même si ces séries historiques se déroulent en des temps plus où moins lointain de ceux évoqués dans ce "Le Roy des Ribauds, Livre 1".

Sur ce Paris des abîmes, le Roi n'est pas forcément celui que l'on pourrait croire. D'ailleurs, tout au long de cette première plongée dans ce Paris des petites ruelles, des tavernes interlopes et des arrières cours sous domination des coupe-jarret en tous genres, les hommes du prévôt pas plus que ceux protégeant Philippe ne semblent avoir véritable mainmise. C'est en effet un personnage sombre, marqué d'une étrange cicatrice en étoile sous son oeil gauche qui semble diriger, d'une pogne de fer, tout ce petit monde des bandes de tire-bourse, d'aigrefins, de mauvais larrons et autres écorcheurs. Mais notre homme, le véritable Roy des Ribauds - même s'il doit régulièrement subir les conseils des chefs de clans et obtenir leur accord - et qui se fait appeler le Triste Sire est un homme duplice. En effet, s'il dirige de main de maître toutes ces bandes de malandrins, c'est pour mieux espionner, protéger et à l'occasion rendre directement service au seul maître qu'il s'est jamais donné : Sa Majesté Philippe elle-même. Les auteurs ne s'en cachent pas : cette espèce de milice des bas-fonds a bel et bien existé et c'est même en lisant Maurice Druon qu'ils l'ont découverte. Même si c'est sous son descendant, un autre Philippe mais surnommé cet fois "Le Bel" que ces "Ribauds du Roy" existèrent, l'occasion était trop tentante de tordre légèrement le cou à l'histoire pour les anticiper en ces temps très sombres de cette fin de XIIème siècle qui porteront les prémices de la future guerre dite de cent ans.

Notre Roy des Ribauds règne donc en maître incontesté - du moins en apparence - sur la rue et la faune malfamée de la capitale jusqu'à ce jour d'hiver où, pour venger sa fille, à l'honneur de laquelle des commerçants sûrs de leur puissance et de leur or ont attenté, il tue l'homme à l'existence duquel il ne fallait surtout pas attenter... En effet, ce Guilhem Poudevigne au nom si prédestiné était un riche marchand de vin bordelais, proche de la fameuse Aliénor d'Aquitaine mais espion de Philippe et qui devait lui confier le nom de l'homme gagé pour assassiner le Roi ou des ambassadeurs allemands essentiels. La boulette est d'autant plus énorme que Sa Majesté demande incontinent à son fidèle homme de main, le Triste Sire - qui est donc une espèce de chef des Renseignements Généraux doublée d'une milice secrète bien avant l'heure - de trouver les coupables et d'en obtenir les renseignements que son espion n'a jamais pu lui communiquer. Ainsi, l'homme le plus puissant des rues de Paris se retrouve dans la situation de pouvoir tout perdre et va s'ensuivre, sous les yeux ébahis du lecteur, un thriller médiéval noir et cruel, tour à tour sordide, violent, fort, impitoyable et fantastiquement puissant, à commencer par les amitiés et les haines qui, à aucun moment, ne font dans la dentelle, mais sont étonnante de profondeur.

Ce premier volet de la trilogie à venir est un véritable coup de maître. La plume de Vincent Brugeas frappe toujours juste et elle évite cet écueil insupportable - merci à la comédie "Les Visiteurs" - de faire s'exprimer les personnages en vrai faux ancien français pour se donner l'allure d'être vrai. En revanche, les bulles sont d'une efficacité redoutable et l'histoire se déroule comme un parchemin que l'on suit sans hésiter du début jusqu'à la fin. Cependant, dans Bande dessinée, il y a dessin, et celui de Ronan Touhloat semble avoir été fait pour illustrer cet temps que l'on aime à imaginer sombre - nul doute qu'ils le furent par bien des aspects -, une époque où il ne faisait pas bon traîner seul, à la nuit tombée, dans les rues des grandes villes. Les portraits sont affreusement réalistes - rares sont les humains sans la moindre déformation, sans la moindre blessure et les gueules d'amour y sont bien moins fréquentes que les trombines de soudards, de tire-bourse ou de mendiants -. Quant aux décors, s'ils peuvent par instants être lumineux - telle vue des rues de Paris, tel gros plan sur les tours de Notre-Dame alors sur le point d'être érigées - la plupart du temps, leur mise en oeuvre renforce encore un peu plus ce sentiment de malaise, de violence, de monde au bord de la barbarie ou des enfers. L'ensemble de cette bande dessinée - appelons cela "roman graphique" pour les esprits bobo-chagrins - se déploie un peu à la manière des meilleurs comics américain (même s'il n'est question ici d'aucun super-héros) revus à l'aune des BD franco-belges les mieux réussies.

Alors, si une plongée dans un Moyen-Âge plus vrai et plus sombre que nature ne vous indispose pas, si pour vous "Pute Borgne" est un juron classique, si la mort par l'épée ne vous décourage pas de l'humanité, que vous êtes susceptible d'admettre un monde à peu près totalement phallocrate, viril, paternaliste et autoritaire sans vous plonger aussitôt après dans Candy, cette série est faite pour vous !
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Pour un fan du moyen-âge, cette bande dessinée constitue une très belle découverte. En cette fin de XIIème siècle, Philippe Auguste craint le retour de Richard Coeur de lion et les intrigues d'Aliénor d'Aquitaine. Nous vivons ici au coeur d'une confrérie secrète dominée par le "triste sire", une sorte de guerrier des bas fonds parisiens, oreille du roi et fine lame ne reculant devant rien. Un récit lu d'une traite.
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Sous Philippe Auguste, la capitale du royaume peut se targuer d'avoir deux rois. le premier est oint et règne sur l'ensemble du royaume. le second est un triste sire. Nulle couronne sur sa tête et pourtant il a autorité pleine et entière sur les bas fond parisiens. Tout ce qu'il y a de voleurs, de prostituées et d'assassin est soumis à la justice et au bon vouloir de ce Roy des ribauds.
Il n'a pas usurpé son titre, car il est au service direct de sa majesté. Il est les yeux et les oreilles de Philippe dans les rues parisiennes. Personne n'échappe au réseau du roy.
Ainsi lorsque Aliénor d'Aquitaine complote contre sa personne, Philippe Auguste compte sur son allié de l'ombre pour déjouer ses plans. Malheureusement l'espion du roi auprès de la duchesse a été sauvagement assassiné... par nul autre que le triste sire. Un acte de vengeance personnel, loin des affaires politiques du roi, mais qui met nos deux souverains en mauvaise posture...
Après avoir flirté avec l'uchronie et la dystopie Brugeas et Toulhoat se lancent dans le récit historique avec brio. Avec le personnage du roy des ribauds nous allons et venons entre les crises politiques du règne de Philippe Auguste et les guerres internes des milieux mal famés. L'ensemble et cohérent et bien renseigné. On se croirait dans un film d'époque où le héros est confrontés à mille problèmes en même temps et doit se préserver autant qu'agir.
Le décor est épuré, toujours en clair/obscur. Il encadre l'action mais ne marque pas vraiment la période. Ici, les costume jouent plus le rôle de marqueurs temporels que les lieux. (Remarquez, cela évite les erreurs historiques...). C'est l'action qui prime, l'intrigue, d'où des personnages très typés dont a le secret Toulhoat.
Un très bon récit à la sauce médiévale! A lire!
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Une magnifique immersion dans le Paris de Philippe Auguste au coeur du bras de fer autour de la libération de Richard coeur de lion.
Le "roy des ribauds" au service du Roi s'occupe des basses besognes.
Les auteurs nous plongent avec talent et délectation dans les rues et repaires sombres de Paris.
Une lecture qui m'a procurée beaucoup de plaisir. Fortement recommandé aux amateurs de l'époque et des tractations malhonnêtes.
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Le duo Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat nous plonge au coeur d'intrigues des bas-fonds et de la cour du Roi Philippe Auguste en l'an 1194 aux côtés d'un personnage énigmatique, le Triste Sire, et de sa clique. Servi par un graphisme sublime, "Le Roy des Ribauds" trempe dans des complots alambiqués dignes de cette époque mais toujours savamment construits, tenant le lecteur en haleine sans jamais le perdre. le texte bien documenté et les dessins aux traits et couleurs subtils, nous renvoient brillamment au temps des chevaliers et du Paris moyenâgeux. Une véritable réussite visuelle haletante qui dépoussière la bande-dessinée historique !
Lien : https://plumeetpellicule.wor..
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Après leur série uchronique Block 109 et leur voyage dans l'anticipation avec Chaos Team, j'attendais avec grande impatience la nouvelle oeuvre de Vincent Brugeas et Vincent Toulhoat. le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai point été déçu ! Le Roy des Ribauds est une bande-dessinée dont le récit se déroule dans le Paris de la toute fin du XIIe siècle, sous le règne de Philippe Auguste. le personnage principal est Tristan, ou autrement dénommé Roy des Ribauds, dont on comprend vite qu'il oeuvre en sous-main pour le Roi de France en dirigeant une grande partie des coupe-jarrets, coupe-bourses et autres guildes malfamées de la capitale. Un chef de la Cour des miracles au service du pouvoir officiel, en quelque sorte. Pour ce personnage haut en couleurs, Vincent Brugeas s'est inspiré d'une fonction ayant véritablement existée, celle du Rex Ribaldorum, qui était le chef d'un corps spécial de sergents, les Ribaldi regis, fondé sous Philippe Auguste afin de protéger la personne royale. Vous l'aurez sans doute deviné, la vie de Tristan n'est guère monotone, loin s'en faut, et celui-ci va se retrouver plongé, au côté de ses plus fidèles affidés, au coeur d'une [...]
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