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Critique de kielosa


Cette histoire constitue essentiellement le récit d'une armée en déroute, celle des républicains espagnols après leur défaite, en avril 1939, contre les troupes nationalistes du général Francisco Franco. Une guerre civile commencée par un coup d'Ėtat de ce dernier, le 17 juillet 1936.

Le chef de l'état franquiste ou caudillo a reçu une aide militaire de l'Italie de Mussolini et de l'Allemagne d'Hitler, tandis qu'en Occident une neutralité fut préconisée. Les volontaires occidentaux, appelés les brigades internationales, n'ont, en dépit de lueurs efforts courageux, pas été en mesure d'éviter une dictature militaire de droite, qui a duré jusqu'à la mort de Franco en 1975. Puis, il y a eu le rôle, comme toujours dubieux, dans ce conflit de Staline.

La guerre civile espagnole a connu des échos importants en littérature avec George Orwell, André Malraux, Ernest Hemmingway, Georges Bernanos etc. de même qu'en photographie avec Robert Capa et en peinture avec Pablo Picasso.

Je crois qu'il est utile de garder ce contexte en tête pour mieux apprécier l'ouvrage talentueux du grand écrivain contemporain espagnol, Andrés Tarpiello, né en 1953 dans la province de León, où une partie du roman est géographiquement située. Ce livre est sorti en 2000 en Espagne sous le titre "Días y noches" (jours et nuits).

L'essentiel de l'ouvrage est formé par le journal intime d'un certain Justo García Valle.
Le jeune Justo, 22 ans, fait partie de la 45e compagnie de la 31e division du 10e corps de l'armée républicaine battant en retraite, après la fameuse bataille de l'Èbre (juillet-octobre 1938), et poursuivie par des troupes fascistes.

Cette compagnie, sous le commandement du courageux Capitaine Almada, est en fait en fuite sans cap précis, mouvant parallèlement aux Pyrénées vers l'est. Justo et ses potes, tels Jacinto d'Albacete et le dénommé Lorenzo, traversent une région arride, montagneuse et désertée. Grosso modo ils avancent, en zigzag, de Tejares à Ripoll (à peu près à équidistance entre Barcelone et Perpignan), Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien et Prats-de-Mollo à la frontière française.
En France, Justo ira d'un camp pour réfugiés espagnols à cette frontière en train vers Toulouse.

L'auteur a très bien évoqué ĺa réalité de la "progression" de cette équipe dans le froid (s'il ne pleut pas, il neige), affamés, en guenilles, les pieds "en sang enveloppés de lambeaux de tissu quand ils se sont tranché les doigts de pieds pour éviter la gangrène". Les villages sur leur parcours se sont vidés et les rares locaux qu'ils rencontrent sont des bergers qui n'ont rien.

Parfois, ils tombent à l'intérieur des maisons et fermes à l'abandon sur l'horreur : des corps mutilés de femmes violées et torturées ! L'horreur absolu ! Ainsi, Justo récupère dans une demeure isolée un nourrisson en pleurs dont la mère et tante ont été visiblement abusées et massacrées.

Eh bien qu'il y ait des moments de réelle amitié, entre Justo et l'énigmatique Thomas Lercher, et même d'amour entre Justo et l'aimable Clara par exemple, le journal de Justo est avant tout le récit éprouvant d'une troupe en plein débâcle et de jeunes garçons complètement déboussolés. Il s'agit donc d'une page d'histoire foncièrement triste et pénible.
Pas une histoire particulièrement agréable à lire, mais instructive sur l'homme et diablement bien rédigée par Andrés Trapiello.

C'est dommage que le l'inoubliable slogan de Dolores Ibárruri Gómez (1895-1989), la légendaire "Pasionaria" : "No pasarán" - ils ne passeront pas les fascistes - s'est avéré hélas malgré tout une illusion.
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