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Citations sur L'armée des pauvres (2)

Les chants populaires, les ritournelles, les slogans politiques et patriotiques perdent aussitôt sens lorsqu’on les examine à tête reposée. Et il se pourrait bien que ce cri de guerre d’Indiens entrant en rébellion perde lui aussi tout contenu si on le considère de sang-froid.

Un jour, les souffrances qui les torturaient et les privations qui les livraient sans défense aux maîtres de la jungle, les concessionnaires des plantations d’acajou et leurs vassaux, leur étaient devenues si insupportables qu’ils en étaient venus à la conclusion qu’il valait mieux se révolter et périr que de continuer à vivre en subissant de telles humiliations et de tels tourments. Seul ce combat était digne des hommes qu’ils étaient.

Alors ils avaient empoigné leur destin à pleines mains. Et tous s’étaient rebellés, ensemble et simultanément, ou presque, dans les régions les plus éloignées de la forêt tropicale, ce qui était remarquable et même étrange. Ils avaient décidé de leur destin avec énergie, résolus à mettre enfin un terme à leurs maux, au prix de leur propre vie ou au prix de la vie des tyrans qui les opprimaient.

Malgré les souffrances et les humiliations subies, il avait persisté en eux une lueur d’espoir. La vue des oiseaux et de millions d’insectes qui allaient et venaient en liberté dans la jungle, heureux de vivre et sans entrave, avait à jamais maintenu dans leur âme la nostalgie de la liberté.

D’abord craintifs et peureux, manquant d’assurance, ils s’étaient ensuite montrés vigoureux et déterminés, finalement résolus à se rebeller. Une fois que les choses eurent commencé, tout se déroula bien plus vite qu’ils ne l’avaient jamais cru possible.

Les propriétaires, régisseurs et surveillants des monterías1, qui en raison de leur pouvoir et de leur cruauté étaient plus redoutés que Dieu lui-même, se firent tout petits dans les deux premières heures du soulèvement. Dès qu’ils virent qu’ils avaient perdu toute autorité, y compris sur les garçons bouviers méprisés et humiliés par des années de châtiment arbitraire, ils se transformèrent en marionnettes pitoyables et désemparées. Ils semblaient soudain avoir oublié comment parler, comment se mouvoir et comment affronter avec dignité le juste salaire de leur cruauté. Un salaire mérité depuis longtemps.
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Pour la majorité de ces ouvriers indiens des plantations d'acajou, qui étaient à quatre-vingt-dix pour cent des agriculteurs, le concept de liberté se résumait en un vœu simple, clair et net : que l'État les laisse en paix. Ils ne voulaient plus subir d'oppression, quel que soit nom qu'on lui donnât : gouvernement, amour de la patrie, augmentation de la production, expansion économique, conquête des marchés, discipline, droit ou devoir. Ils rejetaient toutes ces pressions insidieusement transmises au peuple, toutes ces prétendues vertus, absurdes et insensées, que la dictature proclamait pour abrutir le peuple et l'empêcher de regarder en face la racine de tous ses maux.
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