Voilà les policiers qui entrent dans la salle de réunion, transformée pour l’occasion en salle d’interrogatoire. De nouveau, Yanis sent l’angoisse monter. Il a mal au ventre, il a envie d’aller aux toilettes, mais il n’ose pas demander. Il faudrait redescendre dans la cour…
Les policiers prennent place à l’extrémité d’une grande table ovale et l’invitent à s’asseoir.
Yanis n’écoute plus la professeure de mathématiques, il ne suit plus le mouvement nerveux de sa craie sur le tableau noir. Il a décroché quand madame Laffont a commencé à aborder la division des fractions. L’élève regarde par la fenêtre. Le temps, maussade, devrait tourner à la pluie. Rien que de très normal pour un jeudi 12 décembre à Paris. Dans la cour du collège Condorcet, des élèves en cours d’EPS, vêtus de chasubles rouges et vertes peu seyantes, disputent un match de handball. Les rouges viennent de marquer un but, ils se congratulent. Yanis attend la fin de la semaine avec impatience. Il est en quatrième et il s’ennuie à mourir. Comment peut-on s’ennuyer autant ?
Soudain, on frappe à la porte.
Sur ton judogi,
Un obi orange et vert
Normal si je perds !
Je n'ai vraiment pas
Envie de t'embarrasser,
Alors ôte un A!
Clément range ses affaires et rejoint le représentant de l'ordre dans le couloir. L'élève ne peut détacher son regard des accessoires qui pendent à sa ceinture : le pistolet, la matraque, les menottes... C'est la première fois qu'il en voit un de si près. Quand il était petit, il rêvait de devenir policier. Ca lui a passé, mais il a gardé une certaine fascination pour les armes à feu.
— Vous avez déjà tiré sur quelqu'un ? finit-il par demander à l'agent Taquin.
— Non, jamais.
Clément croit sentir un peu de frustration.
— Oh une occasion va bien finir par se présenter !