Les histoires de sa mère se résumaient à des mots récités sans émotion qui n’avaient comme mérite que le pouvoir de meubler le silence. Les longues minutes que Blanche s’entêtait à vouloir partager avec sa fille n’étaient d’aucun agrément pour Anne qui préférait, et de loin, les jeux de garçon où Charlotte excellait. Jouer à la balle, grimper aux arbres ou faire la course répondaient tellement mieux à cette énergie débordante que la fillette sentait fourmiller jusqu’au bout de ses orteils parfois.
Toute seule, Anne s’ennuyait toujours, c’était certain. Mais elle préférait s’ennuyer en paix plutôt qu’en compagnie de sa mère.