Ce roman a été vu et revu. Je ne peux que confirmer l'incroyable talent de cette jeune autrice de 24 ans. Elle a su transformer sa propre expérience de perte d'une maison familiale et de la nostalgie qui en a découlé, en une minutieuse exploration de ce sentiment, prêté avec beaucoup de justesse à une vieille dame (!!!) obligée par la force des choses, d'abandonner sa Maison maladivement aimée et réduite à fouiller sa mémoire pour en revivre les saisons de l'enfance à la vieillesse !
L'écriture est magnifique, puissante, précise, poétique, avec une intelligence du détail fabuleuse, détails retranscrits de façon minutieuse, quasi proustienne, donnant à vivre au lecteur une expérience sensorielle enrichissante.
"Il faut toujours toujours s'efforcer de voir les choses familières, de les voir vraiment. Il faut visiter son propre palais avec l'étonnement d'un ambassadeur étranger."
Pourtant il m'a fallu un certain temps pour mettre des mots sur le malaise que j'ai ressenti à cette lecture. Il venait tout simplement de de cette narratrice pour laquelle je n'ai ressenti aucune empathie, que j'ai carrément détestée tant je l'ai trouvée égocentrique, orgueilleuse et aigrie. Seul son amour pour sa jeune soeur trop tôt disparue a adouci un peu cette image. Et encore, même cette relation n'était pas équilibrée...
Sa soeur aînée lui dit , a un moment donné, qu'elle était "malsaine, accrochée au passé, accrochée à une enfance [..] idéalisée."
Ce ressenti, très personnel semble-t-il puisqu'aucun lecteur n'a exprimé ce genre de sentiments, a tenu l'émotion à distance et s'il n'y avait eu cette plume superbe, je n'aurais pas aimé ce roman.
Mais la maturité et la qualité de l'écriture ont largement compensé ce ressenti-là.
Retenez bien ce nom,
Perrine Tripier, une autrice à suivre attentivement !