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Citations sur Les Guerres précieuses (135)

Je n’oublierai jamais le silence sacré des bois aux branches lourdes, le calme de caverne qui cristallisait le souffle quand on entrait sous le couvert des arbres, entre les bras marmoréens des sapins pailletés de givre.
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La fin de l'été. La fin des yeux plissés tout éblouis de jaune. La fin du verre d'eau qu'on file remplir à la cuisine, en plein milieu d'un jeu, parce qu'on a avalé trop de vent en courant, et qu'il fait soif. La fin des framboises picorées au creux de la main, des grains nichés dans la molaire. La fin des heures liquides et lumineuses, de l'immortalité auguste des jours de vacances, la fin des aiguilles de sapin qui se coincent entre les orteils humides.
Le deuil d'un monde, à chaque premier septembre.
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Deux grands yeux sérieux, couleur de lac d’automne, avec les paillettes sourdes qui luisent au fond, comme deux pièces de monnaie enfouies sous la vase et dont l’éclat parviendrait à la surface en tremblotant, altéré par les ronds dans l’eau.
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C’est terrible, des larmes de vieille, on sait qu’elles sont inconsolables. Les chagrins sont trop profonds, trop essentiels, ils deviennent constitutifs de soi. Mes chagrins et mes colères sont tout ce qu’il me reste.
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Que des gamins courent là où nous avions couru, qu'ils pillent le bois mort de nos anciennes cabanes pour en bâtir de nouvelles, qu'ils se croient les rois comme nous-mêmes avant eux, cela m'était insupportable. Ils ne savaient rien du bonheur incandescent que nous tous, Harriet, Louisa, Klaus, Aleksander, Amelia, Magda et moi, avions connu dans le bleu des sapins frais, sur la pelouse d'or où dansent les papillons malhabiles, sous le faisceau tremblant d'une lampe torche calée entre deux malles du grenier, pendant nos veillées d'été. Le bruit des grillons crevant nos cache-cache, cœur battant dans la chaleur sèche, braise de peur au fond du ventre, rebondi d'avoir bien mangé à midi. La sieste dans les chambres blanches maillées de lumière douce. La fatigue de nos jambes dorées, les cheveux fous dans la nuque, la petite main de Harriett dans la mienne. Ils ne sauraient jamais, ces enfants importuns, combien nous étions heureux, et combien leur joie me brisait le cœur, faisait renaître nos jeux inaccessibles. Comme un vieux livre dont l'encre s'abîme avec les âges, je n'arrivais déjà plus à relire nos enfances quand je regardais le jardin, presque inchangé, s’étaler dans la poussière brûlante des jours d'août. On m'a volé ma forêt, et ma Maison aux façades de bois blanc toujours à repeindre. On m'a volé mes étés d'enfant, les seuls qui valent la peine d'être vécus.
(p77-78)
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La torpeur de l'automne s’ébrouait soudain et laissait place à l'excitation piquante des longues promenades en luge, des batailles de boules de neige, des contes d’hiver au coin du feu, entre Petit Père et Petite Mère.
Je n'oublierai jamais le silence sacré des bois aux branches lourdes, le calme de caverne qui cristallisait le souffle quand on entrait sous le couvert des arbres, entre les bras marmoréens des sapins pailletés de givre. Je me sentais la mystérieuse héritière d'un empire jadis grandiose, errant à pas lents sous les arcades d'une cathédrale immaculée. Je retenais ma respiration, et mes pas seuls crissaient dans la lourde fourrure minérale qui recouvrait le monde.
(p.104)
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Le vert vif de l'herbe, qui éclaboussait les pieds et chatouillait les yeux, donnait envie de s'y allonger, de se renverser pour contempler les cimes, pendant des heures. Il n'y a rien de tel pour se sentir vivre que de presser son dos contre la terre, et de laisser les tiges venues des entrailles du monde s'entremêler aux cheveux, nos doigts enfoncés dans la chair friable de l'écorce des choses.
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Toujours se méfier des amours d'hiver. C'est le corps qui réclame, par instinct de survie, un autre corps chaud contre lequel se blottir. A la fonte des neiges, tout réapparaît, dans sa vérité nue, dans sa primeur verte d'herbe jeune.
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Les cousins et nous échangions alors un regard joyeux, notre complicité tout à coup ravivée par cette réminiscence d’un passé commun. Dans nos yeux, un bref instant, défilaient des souvenirs noyés de lumière estivale, tremblotants de rires et d’écorchures aux genoux.
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Quand tout semblait valser de lumières et de rires et de parfums, quand l’on était sans cesse interrompus dans nos histoires par un plat qui passait, ou par une autre histoire qui jaillissait à un autre bout de la table, et quand je me renversais sur ma chaise pour dévisager furtivement ceux qu’on n’avait pas vus depuis Noël, je me sentais immergée dans un bain de joie liquide, dorée et pétillante, embaumée par l’odeur de miel des cigares de l’oncle Bertie ou celle du thym en déliquescence dans le jus du poulet. Mon regard faisait un tour de table et coulait machinalement sur les visages familiers, pour s’accrocher à ceux des cousines, toujours plus jolies année après année.
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