Citations sur Perceval ou le Roman du Graal (89)
Le Graal est chose si sainte
Et lui si pur esprit
Qu’il ne lui faut pas autre chose
Que l’hostie qui vient dans le Graal.
Il est resté ainsi douze ans,
Sans sortir de sa chambre
Où tu as vu entrer le Graal.
Les jeunes gens porteurs des candélabres
Etaient d’une grande beauté.
Sur chaque candélabre brûlaient dix chandelles pour le moins.
D’un graal tenu à deux mains
Etait porteuse une demoiselle,
Qui s’avançait avec les jeunes gens,
Belle, gracieuse, élégamment parée.
[…]
Le jeune homme les vit passer
Et il n’osa pas demander
Qui l’on servait de ce graal,
Car il avait toujours au cœur
La parole du sage gentilhomme.
J’ai bien peur que le mal ne soit fait,
Car j’ai entendu dire
Qu’on peut aussi bien trop se taire
Que trop parler à l’occasion.
La lâcheté, la honte, la paresse
Ne risquent pas la chute, elles ne le peuvent !
Mais les bons, c’est leur destin que de tomber.
Tandis qu’ils parlaient de choses et d’autres,
Un jeune noble sortit d’une chambre,
Porteur d’une lance blanche
Qu’il tenait empoignée par le milieu.
Il passa par l’endroit entre le feu
Et le lit où ils étaient assis,
Et tous ceux qui étaient là voyaient
La lance blanche et l’éclat blanc de son fer.
Il sortait une goutte de sang
Du fer, à la pointe de la lance,
Et jusqu’à la main du jeune homme
Coulait cette goutte vermeille.
L’oie avait été atteinte au cou et elle perdit trois gouttes de sang qui se répandirent sur la neige blanche, telle une couleur naturelle.
Elle n’avait pas été blessée au point de rester à terre et de laisser à Perceval le temps d’arriver jusqu’à elle.
Elle avait donc repris son vol et Perceval ne vit que la neige foulée, là où l’oie s’était abattue, et le sang qui apparaissait encore.
Il prit appui sur sa lance et contempla la ressemblance qu’il y découvrait : le sang uni à la neige lui rappelle le teint frais du visage de son amie, et, tout à cette pensée, il s’en oublie lui-même.
Sur son visage, pense-t-il, le rouge se détache sur le blanc exactement comme le font les gouttes de sang sur le blanc de la neige.
Plongé dans sa contemplation, il croit vraiment voir, tant il y prend plaisir, les fraîches couleurs du visage de son amie qui est si belle.
Perceval passa tout le petit matin à rêver sur ces gouttes de sang, jusqu’au moment où sortirent des tentes des écuyers qui, en le voyant ainsi perdu dans sa rêverie, crurent qu’il sommeillait.
Qui aux dames ne porte honneur c'est qu'il n'a point d'honneur au cœur.
Lors vint a la reïne et dit :
« Dame, por Deu et por le vostre Preu, vos requier, et por le nostre, Que le non a ce chevalier,
Por ce que il li doie eidier,
Me dites, se vos le savez.
— Tel chose requise m’avez, Dameisele, fet la reïne,
Ou ge n’antant nule haïne
Ne felenie se bien non.
Lanceloz del Lac a a non
Li chevaliers, mien esciant.
— Dex ! Com en ai lié et riant
Le cuer et sain », fet la pucele. Lors saut avant et si l’apele,
Si haut que toz li pueples l’ot,
A mout haute voiz : « Lancelot ! Trestorne toi et si esgarde
Qui est qui de toi se prant garde. » Qant Lanceloz s’oï nomer,
Ne mist gaires a lui torner ;
Tandis qu'ils parlaient de choses et d'autres, un jeune homme sortit d'une chambre, tenant une lance blanche empoignée par le milieu ; il passa entre le feu et ceux qui étaient assis sur le lit, et toute l'assistance voyait la lance blanche et le métal blanc, et une goutte de sang qui, venue de la pointe du fer de lance, coulait jusqu'à la main du jeune homme, toute vermeille.
Qui aux dames ne porte honneur c'est qu'il n'a point d'honneur au cœur. Servez dames et demoiselles. Partout vous serez honoré. Et si vous en priez aucune gardez-vous de l'importuner. Ne faites rien qui lui déplaise. Si elle vous consent un baiser, le surplus je vous défends. Pucelle donne beaucoup lorsqu'elle accorde un baiser.
Tous les hauberts en frémissaient. Les lances aux écus se heurtaient. Sonnait le bois, sonnait le fer et des écus et des hauberts.