AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Les romans de Chrétien de Troyes tome 3 sur 5

Charles Méla (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253054016
536 pages
Le Livre de Poche (01/03/1992)
3.65/5   562 notes
Résumé :
Le roman du Chevalier de la Charrette, rédigé entre 1177 et 1179 par notre premier grand romancier, draine la légende de Tristan pour opérer la transmutation qui ouvrira bientôt aux grands secrets du Graal. La tour où Lancelot entre en adoration du Précieux Corps de sa Reine enclôt le mystère à partir duquel le roman médiéval prend désormais un nouveau tour. C'est aussi la mise en oeuvre sublime de ce qu'il faut reconnaître comme la plénitude d'un discours amoureux.... >Voir plus
Que lire après Lancelot ou Le Chevalier de la CharretteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 562 notes
Les romans de chevalerie, le Moyen-âge, la geste qui s'y rapporte, bref, tout cela, ce gros ensemble, aussi vaste qu'hétéroclite, tout le monde connaît ou croit connaître. Mais le terme même de « Moyen-âge », exactement comme celui d' « Ancien régime » prouve assez que c'est une vision a posteriori qui nous le fait désigner tel.

Moyen-âge, mais quel Moyen-âge ? Charlemagne et la Chanson de Roland ? Les croisades ? Les rois fainéants ? Les manoeuvres de Louis XI ? La guerre de Cent ans ? Philippe de Commynes ? le roman de Renart ? le roman de la Rose ?

Notons dès à présent que « pour l'époque », posséder un nom d'auteur est déjà presque une forme de curiosité, à tout le moins de singularité : Chrétien de Troyes. Bon, il est vrai que passé l'examen de son nom, on ne connaît quasiment rien de lui, sauf, sauf, sauf...

... son commanditaire ! Et c'est une femme, mesdames, et pas n'importe quelle femme, morbleu, la propre fille du roi de France et de la très sulfureuse Aliénor d'Aquitaine ! Eh oui, rien moins que cela !

Comprendra-t-on mieux, alors, que le rôle de la reine, Guenièvre, est infiniment, incomparablement, incommensurablement plus important que celui du roi, quand bien même ledit roi fût le roi Arthur en personne ?

Bien plus que l'histoire, qui, avouons-le, est jouée d'avance et pas d'un intérêt " suspensatique " des plus ébourrifants : en gros, on sait d'emblée que le plus beau, le plus fort, le plus vaillant, c'est Lancelot et les autres n'ont qu'à bien se tenir. Bien sûr l'auteur essaie bien chichement de nous faire croire que l'adversaire, Méléagant, a quelque chance de le battre, mais sans en faire non plus un Hector. Donc on se doute bien que l'Achille de chez nous va lui trucider sa petite gueule rapidos à la fin, pas besoin d'en faire mystère, ça fait des siècles qu'on le sait.

Non, l'intérêt, selon moi, c'est finalement ce que nous apprend le livre de sa commanditaire. « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. » Donc, notre brave Chrétien de Troyes écrit exactement le genre d'histoire que Marie de France, devenue Marie de Champagne, a envie d'entendre.

Et ce qu'elle a envie d'entendre, ce ne sont pas des héroïnes molasses, des reines soumises, des timides, des prudes, des trouillardes. Non, c'est une reine qui fait des cornes au roi longues comme ça ! Qui couche avec qui elle en a envie ; des jeunes filles qui usent de leurs charmes et tendent des pièges, pour jauger et juger de la fiabilité des hommes.

Ce sont aussi des femmes vengeresses et impitoyables, qui font trancher des têtes et refusent la clémence, mais qui, une fois séduites, une fois en confiance, tiennent leurs promesses et n'en gardent pas en réserve.

Entre-nous soit dit, entre cette fraîcheur, cette verdeur, cette liberté, cet entrain des femmes, et le carcan religieux, social, sociétal dont accouchera l'Ancien régime à l'époque de Madame de Lafayette et de sa fameuse Princesse de Clèves, ou bien encore le corsetage serré de la femme (au propre comme au figuré) au XIXème siècle, on se dit que l'obscurantisme n'est peut-être pas tant là où on le dit.

Souvenons-nous que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs et, qu'a posteriori, on nous assène toujours que le maintenant des vainqueurs est toujours mieux que l'avant des vaincus, sans quoi, ce serait reconnaître que le vainqueur n'est peut-être pas si bien que ça.

Ce qui est vrai de la condition des femmes, tel que je l'exprime ici, l'est aussi de beaucoup d'autres variables : la liberté d'entreprendre, par exemple, de construire ou d'édifier, la justice féodale, l'égalité ou l'inégalité devant l'impôt, ce genre de choses. Un seigneur pouvait-il absolument tout se permettre vis-à-vis de ses vassaux ? Pouvait-il négliger la justice sur ses terres s'il escomptait obtenir des revenus ? etc., etc. Tout n'est certainement pas aussi univoque ni aussi simplement caricatural que l'époque actuelle veut bien le dire de façon générale à qui ne prend pas la peine de s'y appesantir.

Que nous dit encore ce roman à propos de son époque ? le pouvoir, la puissance de la parole donnée. À un moment, Méléagant qui a fait prisonnier Lancelot constate que ce dernier s'est échappé. Or, Lancelot a promis de revenir se constituer prisonnier sitôt le tournoi achevé. À aucun moment Méléagant ne doute du fait que Lancelot reviendra.

Comme c'est étrange, n'est-ce pas ? Quel prisonnier, à l'heure actuelle, ayant soudoyé son geôlier (en l'occurrence sa geôlière) pour pouvoir se faire la malle, s'engagerait à revenir se faire mette en taule, juste parce qu'il a donné sa parole ?

Le grand expert du droit du travail Alain Supiot souligne cette incroyable évolution du droit et des mentalités. En effet, à l'heure actuelle, un employeur ne raisonne qu'en termes comptables : « Combien cela me coûte de trahir ma parole ? Bon ok, je paie, et je me sens la conscience très libre, puisque j'ai payé, de rompre abusivement tel ou tel contrat, d'enfreindre telle ou telle clause. »

En somme, un roman pas désagréable à lire, pas captivant non plus, qui vaut plus, selon moi, pour ce qu'il nous apprend de l'époque et des mentalités que pour son scénario très hautement prédictible. Mais bien entendu, ce n'est que mon avis, qui est un peu charrette, c'est-à-dire, fort peu de chose.
Commenter  J’apprécie          1459
C'est un roman de chevalerie, écrit par l'écrivain français Chrétien de Troyes ( 1135-1183 )
La reine Guenièvre a été piégée par Méléagant, le fils du roi voisin du roi Arthur. Méléagant l'emmène dans ses terres. Un preux chevalier se lance à sa poursuite, mais crevant son cheval, il est obligé de voyager en charrette. Il paraît que c'est la honte, pour un chevalier ! Peu importe, le chevalier de la charrette veut absolument ramener Guenièvre dans son royaume....
.
Cette histoire, destinée ici aux élèves, a été bien reprise en français contemporain. Elle est très claire, et peut être un peu naïve. Mais c'est un des premiers vrais récits qui soient parvenus jusqu'à nous.
Dans cette histoire, on voit déjà que l'orgueil de Méléagant, malgré les recommandations d'apaisement de son père, le roi Bademagu, est aveugle.
[ Voilà encore un homme viscéral :) ]
Commenter  J’apprécie          536
J'ai beau avoir suivi des études de médiéviste, je n'ai jamais été une grande adepte de la geste médiévale et je ressens peu d'exaltation devant la fin'amor, ce célèbre "amour courtois" véhiculé par les troubadours dans les seigneuries féodales.

A lire le récit du preux "Lancelot" qui s'humiliera par amour jusqu'à monter dans une charrette, ce qui, pour un chevalier, était une véritable infamie, je perçois avec acuité combien ce récit est fait pour être déclamé plutôt que couché sur le papier. C'est un peu comme lorsque je lis une pièce de théâtre, la musique et la joliesse des mots ne parviennent pas à endiguer ma frustration de vouloir voir plutôt que lire. le besoin d'admirer par quel talent l'acteur peut donner vie sur scène à la personnalité d'un protagoniste devient alors l'enjeu capital de l'oeuvre.

Sur le récit à proprement parler, la reine Guenièvre, épouse du roi Arthur, a été enlevée par le chevalier Méléagant et Lancelot, preux parmi les preux de la Table Ronde, est missionné pour la délivrer. Les codes de la fin'amor imposant une série d'épreuves pour atteindre au degré le plus haut et le pur de l'Amour, Lancelot s'y pliera mais une seconde d'hésitation devant l'avilissement lui vaudra les froideurs et le ressentiment de sa Belle, qui s'avère être une véritable "tête à claques" pour nous, lecteurs du XXIème siècle, mais qui agit conformément aux exigences de la geste traditionnelle.
Commenter  J’apprécie          490
Dans ma jeunesse, j'avais adoré Tristan et Iseult. Je m'attendais à être vraiment séduite mais j'ai été plutôt déçue.
Lancelot aime la Reine Guenièvre, épouse du roi Arthur. Lorsque celle ci est enlevée par le chevalier Méléagant, il fera tout pour la délivrer y compris sacrifier son honneur en montant sur la charrette des condamnés. Dame Guenièvre ne lui en est même pas reconnaissante.
Je n'ai pas été emballée par cette histoire. J'ai trouvé Lancelot mou du genou (mince c'est un chevalier de la table ronde quand même !) et Guenièvre exaspérante.
Leur histoire d'amour ne m'a vraiment pas faite vibrer.

Commenter  J’apprécie          420
J'ai lu ce livre en terminale, je vous avoue que si on ne m'avait pas obligé à le lire, je ne l'aurais jamais choisi; heureusement qu'il était au programme de cette année là car je garde encore ce livre précieusement. On pourrait avoir peur de cette histoire qui a été écrite au Moyen Age dans un genre littéraire dit désuet, pourtant toute l'histoire est basée sur les sentiments d'un homme pour une femme et qui par amour, va braver son honneur de chevalier et d'homme. On croit souvent à tort que la littérature du Moyen Age est dépassée, est sans intérêt ; cependant elle est plus contemporaine que l'on ne croit. Elle est basée sur la recherche de la profondeurs des personnages et leur rapport aux autres. Par ailleurs cette période a beaucoup influencée les écrivains et les artistes du 19e, elle fascine encore aujourd'hui ne serait que par les thèmes abordés notamment au cinéma.
Commenter  J’apprécie          330

Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Le chevalier de la charette s'est enfoncé dans ses pensées comme un homme qu'Amour gouverne entièrement au point de le rendre sans force et sans défense.
Commenter  J’apprécie          230
A cette époque-là, la charette était utilisée comme le sont de nos jours les piloris.
Commenter  J’apprécie          120
Ils se rendent leurs coups avec rage comme s'ils respectaient un contrat.
Commenter  J’apprécie          220
Deux pucelles aussi nobles que belles l'accompagnait .

(Demoiselles :Pucelles)
Commenter  J’apprécie          90
Le Chevalier, à pied et sans lance,
S'avance vers la charrette
Et voit sur les limons un nain
Qui, en bon charretier, tenait
Dans sa main une longue baguette.
Et le Chevalier dit au nain:
Nain, fait-il, pour Dieu, dis-moi tout de suite
Si tu as vu par ici
Passer ma dame la reine.
Le nain perfide et de vile extraction
Ne voulut point lui en conter des nouvelles,
Mais se contenta de dire: Si tu veux monter
Sur la charrette que je conduis,
D'ici demain tu pourras savoir
Ce qu'est devenue la reine.
Sur ce, il a maintenu sa marche en avant
Sans attendre l'autre l'espace d'un instant.
Le temps seulement de deux pas
Le Chevalier hésite à y monter.
Quel malheur qu'il ait hésité, qu'il eût honte de monter,
Et qu'il ne sautât sans tarder dans la charrette!
Cela lui causera des souffrances bien pénibles!
Commenter  J’apprécie          470

Videos de Chrétien de Troyes (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chrétien de Troyes
Chrétien de TROYES – Au plaisir de lire 'Le chevalier de la charrette' (France Culture, 1964) L'émission "Plaisir de la lecture", par Maurice Toesca, diffusée le 28 décembre 1964. Lecture : René Clermont.
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (1613) Voir plus




{* *}