Tao-tö-king

Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas.

Celui qui excelle ne discute pas, il maîtrise sa science et se tait.

Le tao est vide
Jamais l'usage ne le remplit.
Gouffre sans fond
Il est l'origine
De la multitude des êtres et des choses.

Il émousse ce qui tranche
Démêle les noeuds.
Discerne dans la lumière
Assemble ce qui, poussière, se disperse.

D'une profondeur invisible
Il est là
Enfant de l'inconnu
Ancêtre des dieux.

Ceux qui, se dressant sur la pointe des pieds pour mieux voir, n'adoptent pas cette posture, ceux qui, enfourchant leur monture, en descendent avant qu'elle ait fait un pas, ceux pour qui la contemplation d'eux-mêmes n'est pas un trait de lumière, ceux qui, s'affirmant comme quelque chose, s'affirment plutôt comme des êtres peu décoratifs, ceux qui, amenés à faire leur propre éloge, cherchent en vain quel service signalé ils ont pu rendre à leur pays, ceux qui, amenés à faire leur apologie, n'ayant dit qu'un mot ont déjà fini, ceux-là sont sur la voie de la Doctrine.

Plutôt que tenir et remplir jusqu'à ras bord
Mieux vaut savoir s'arrêter à temps.

Marteler et aiguiser sans cesse
Ne préserve pas la lame.

Tout l'or et le jade qui remplissent une salle
Ne peuvent être gardés par personne.

Qui tire fierté de sa richesse et puissance
S'attire le malheur.

L'ouvrage accompli
Se retirer

Tel est le sens de la voie.

Savoir
Et se dire que l'on ne sait pas
Est bien.
Ne pas savoir
Et se dire que l'on sait
Conduit à la difficulté

Etre conscient de la difficulté
Permet de l'éviter

Le sage ne rencontre pas de difficultés
Car il vit dans la conscience des difficultés
Et donc, n'en souffre pas

Sans franchir le seuil
Connaître l'univers

Sans regarder par la fenêtre
Entrevoir la voie du ciel.

Le plus loin on se rend
Moins on connait

Ainsi le sage
Connait
Sans avoir besoin de bouger
Comprend
Sans avoir besoin de regarder
Accomplit
Sans avoir besoin d'agir

Peut-on par l'âme du corps
Embrasser l'âme de l'esprit
Et concevoir l'unité ?

Peut-on concentrer l'expir et l'inspir du souffle
Et le rendre aussi souple que celui du bébé ?

Peut-on purifier le miroir secret
Jusqu'à rendre le regard pur ?

Peut-on gouverner l'Etat et veiller sur le peuple
Par la pratique du non-agir ?

Lorsque les portes du vide
S'ouvrent et se ferment
Sait-on demeurer passif telle la femme ?

Pénétrer les quatre directions
Sans en rien savoir ?

Créer et développer,
Produire sans posséder,

Agir sans retenir,
Multiplier sans contraindre
Ceci se nomme vertu mystérieuse.

Celui qui parle beaucoup est souvent réduit au silence.

Une bourrasque ne dure tout le matin,
Une averse ne dure tout le jour.
Qui les produit?
Le ciel et la terre.
Si ce ciel et cette terre
Ne produisent rien de durable
Comment l’être humain le pourrait-il?