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Critique de granada


Ce roman interroge sur l'identité ; qu'est-ce qui nous fait ce que nous sommes ? Essentiellement nos origines sociales semble-dire Karine Tuil. Ceux qui tentent de le nier, sont vite rattrapés par la réalité. Osman Diboula, animateur de Clichy sous Bois au moment des émeutes de 2005, repéré par les politiques , devient conseiller du Président de la République. Pour lui, ce sont ses compétences de médiateur , ses qualités propres qui l'ont hissé à ce poste. Il va vite déchanter, en découvrant qu'il doit sa place à la nécessité de la « diversité », qu'il est le fruit de la « discrimination positive », qu'il est en fait une « caution sociale » … Marion Decker, journaliste et romancière , issue elle –aussi des » classes populaires », mais aujourd'hui épouse d'un homme richissime, cultivé , a du mal avec sa nouvelle situation ; elle se demande si elle trahit ses origines en étant attachée à ce qu'elle nomme « sa zone de confort »…
Romain Roller, Xavier, Farid, les copains de Clichy sous Bois qui se sont engagés pour quitter la cité, reviennent d'Afghanistan en miettes : Farid très gravement blessé restera invalide, Romain, le chef , se sent coupable ne n'avoir pas su protéger ses hommes, et revit le cauchemar permanent de « l' enfer afghan ». Il est incapable de reprendre la vie avec sa femme et son fils. D'autant plus qu'il a rencontré Marion et qu'ils sont fous amoureux l'un de l'autre. Mais « l'amour n'est rien d'autre que ce que la vie offre parfois en dédommagement de sa brutalité » dit le père de François.
L'auteure se situe dans notre époque, avec ses crispations identitaires, sa violence, les interrogations qui traversent la société française, dont la devise est l'égalité, mais où il semble qu'on ne puisse échapper à ses origines, qu'on soit exclu des sphères politiques si on n'en est pas issu, qu'on soit prisonnier de sa classe, dans une sorte de déterminisme social, quoiqu'on fasse. « Dans notre société, tout est vu à travers le prisme identitaire », dit Osman avec amertume.
Mais il s'agit bien d'un roman, avec ses péripéties , ses retournements de situation, ses personnages complexes, mais un roman social, sur notre époque troublée où beaucoup peuvent ressentir la « fin de l'insouciance », comme la mère d'un soldat mort en Afghanistan.
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