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Critique de Nastasia-B


La Zizanie marque un tournant dans la production de René Goscinny. C'est la fin de la période insouciante. On avait déjà un peu senti le coup venir avec Astérix Et le Chaudron, mais là, c'est officiel.

Il aborde des sujets beaucoup plus " graves ", beaucoup plus adultes, l'argent dans Astérix Et le Chaudron, les relations humaines dans cet album. Il en va de même dans la série Lucky Luke, où l'auteur se montre toujours plus désespéré, toujours plus désabusé sur le genre humain. L'origine de cet état de fait est probablement à rechercher dans les difficultés professionnelles et les déceptions répétées qu'essuie le scénariste sous son autre casquette de directeur de journal et d'homme d'affaires.

On n'est plus au temps où il suffisait de faire une bonne partie de déconnade avec Albert Uderzo pour pondre un bon album. Il y a désormais des tas de responsabilités, diriger des équipes, résoudre des difficultés sans fin, à la rédaction ou ailleurs.

Entre autre, les jeunes auteurs que vous prenez sous votre aile au sein du journal Pilote et qui vous taillent des costards par derrière (Claire Bretécher, notamment, était connue pour ça bien qu'elle était loin d'être la seule. Il y avait toute la " nouvelle garde ", même si ça fait sourire de dire ça maintenant, à l'époque c'étaient de jeunes loups que Goscinny avait lancés et qui se rebellèrent, le taxant de " dictateur " dans son journal.)

Bref, la joie des relations de travail qui procure ici un sujet tout trouvé. Dans l'histoire qui nous occupe, ce sera le fétide Tullius Détritus, dont Goscinny nous dresse cette description, je cite : " C'est un être immonde, mais très efficace. L'horrible visage vert de la discorde apparaît sur son passage ; ça tient du prodige... "

Dans les bulles, les auteurs utilisent cette image, en colorant de vert plus ou moins foncé les répliques où les graines de la discorde sont les plus épanouies. L'idée de César est donc, cette fois, pour casser la malédiction des irréductibles Gaulois d'Armorique, de semer la zizanie dans leurs rangs.

Et Détritus n'a pas grand mal à le faire, car chacun y met du sien pour attiser les braises au vent mauvais de la discorde et du fiel bon marché. Astérix lui-même est mis en porte-à-faux, comme dans Astérix Et le Chaudron. Il faudra toute la finesse de Panoramix et bien évidemment les gros bras d'Obélix pour venir à bout de cette discorde, et encore...

Je pense que nous sommes nombreux à avoir éprouvé ou à éprouver encore au quotidien les sévices de tels fouteurs de merde. Des gens dont le seul plaisir ou le seul but dans la vie semble être de créer une mauvaise ambiance (je crois même en avoir vu un ou deux sur Babelio, mais, chuuuut ! n'attisons pas le feu qui dort.).

Dans le monde de l'entreprise, certains appellent ça " diviser pour régner ", moi j'appelle ça tellement n'avoir rien d'autre dans sa vie et tellement être aigri soi-même qu'on cherche à reporter son mal-être sur les autres en essayant d'en tirer une jouissance malsaine.

J'en terminerai en signalant une superbe caricature de Lino Ventura en Aérobus, là encore, un acteur dont le coeur de cible n'était pas spécialement les enfants, tout comme le sujet de l'album.

Donc, plus que jamais, un numéro à double lecture, qui nous fait rire, certes, mais un peu jaune (ou même vert !). Cependant je ne voudrais pas semer la zizanie en vous imposant cet avis si vous ne le partagez pas, car ce n'est pas grand-chose dans le fond.
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