Citations sur Je suis un ange venu du nord (16)
Simona lui avait proposé, puisqu'il était veuf, de s'occuper de lui et de lui couper les cheveux régulièrement. Lui préférait les laisser pousser. Pour qui les aurait-il coupés à présent, disait-il, mais ils avaient fait un compromis. L'été, le crâne d'Isak était donc chauve, lisse et bleu comme le globe terrestre qu'il avait offert à ses filles Erika, Laura et Molly pour leur cinquième anniversaire respectif ; l'hiver, il laissait pousser sa chevelure soyeuse d'un gris argenté qui, avec son beau visage de vieillard, faisait penser à une pomme de pin.
Mais c'est parce que les cordes vocales ne dépérissent pas au même rythme que le reste du corps. Quand Elisabet et Isak se parlaient au téléphone, ils oubliaient leur corps, source de soucis ou d'embarras pour eux-mêmes et pour les autres.
Il y a des siècles de ça, quand un enfant allait naître, voilà comment ça se passait : lorsque la femme avait des contractions et que l'accouchement était en cours, les autres femmes se dépêchaient de dénouer ses cheveux, les rubans de sa robe, les lacets et d'ouvrir tout ce qui, autour de la femme était attaché, fermé, clos, verrouillé, comme par exemple les tiroirs, les coffres, les fenêtres et les portes.
Il n'est pas toujours laid. Ça dépend de la lumière, ça dépend des grimaces qu'il fait et de ce qu'il porte.
Il est vrai qu'il n'était pas beau. Il avait des guibolles en allumettes et des poignets minces mais le pire c'était cette petite boule ou excroissance entre les sourcils qui faisait penser qu'il avait trois yeux ou deux nez.
Devant la maison, il y avait un landau rouge et dans le landau un bébé en train de brailler, un bonnet rouge sur la tête. Le bébé n'était pas tout neuf. Laura s'approcha du landau. Le bébé n'était pas tout neuf car il était assez grand pour s'asseoir tout seul, mais il devait être attaché pour ne pas tomber. Laura n'était pas sûre, mais ça ressemblait à une fille. Quoi qu'il en soit, il était trop petit pour parler de manière compréhensible et dire qu'il il était.
Si la cuisine est le cœur de la maison, l'entrée en est les mains. C'est l'entrée qui te souhaite tous les jours la bienvenue à toi, à ta famille et à tes invités !
Il y a des siècles de ça, quand un enfant allait naître, voilà comment ça se passait: lorsque la femme avait des contractions et que l'accouchement était en cours, les autres femmes se dépêchaient de dénouer ses cheveux, les rubans de sa robe, les lacets et d'ouvrir tout ce qui, autour de la femme, était attaché, fermé, clos, verrouillé, comme par exemple les tiroirs, les coffres, les fenêtres et les portes. Si le mari souhaitait l'aider, il pouvait s'occuper de ce qui était dans la cour de la ferme, déplier un outil par exemple. Il pouvait aussi prendre la hache et fendre la charrue en deux.
Tu finis par arriver. Tu es à moi et je suis à toi et je ne serai plus jamais comme avant. D'abord la peur d'être déchirée, et quand l'enfant naît, la certitude que je suis déchirée, mais pas comme je le croyais. Nuit après nuit sans sommeil, avec toi blotti contre moi ; le sang, les larmes, le lait, la fièvre et les boules dures dans les seins que l'on arrive parfois à calmer avec un peu d'eau chaude ou une peau chaude ou ta bouche ; nous deux, tout seuls quand tous les autres dorment sauf toi et moi.
Je mûris.
Tu mûris ?
Oui.
Ça veut dire quoi tu mûris ?
Je lis Swedenborg.
Et alors ?
Swedenborg a écrit que si tu as l'impression de vivre trop longtemps - et c'est mon cas, tu ne trouves pas - c'est parce que tu mûris.