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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il paraît que la misère est moins pénible au soleil. Pourtant, dans ce quartier pauvre de Nice sans vue sur la mer, les immigrés italiens ont vécu chichement, même si, en rentrant au pays pour quelques jours de vacances d'été, ils pouvaient jouer celui ou celle qui a réussi en France. Il sent bon l'Italie votre nom. Oui, il sent bon l'exil, l'immigration. Ariane a été élevée par cette mère, femme de ménage sans affection mais alors que la mère devient âgée, Ariane tente un rapprochement. C'est alors que survient la maladie d'Alzheimer. C'est l'histoire d'un rendez-vous raté, d'une mère incapable d'aimer, d'une fille qui aime tout comme elle hait cette mère et qui tente de reconstituer sa vie et de découvrir ce qu'elle a été. Sa mère va devenir inaccessible du fait de la maladie alors Ariane va tenter de l'accompagner au mieux.
“Le vent s'élève à nouveau jusqu'à ce château de nuages au-dessus de nous. Dans cet espace céleste où sont restés perchés mes rêves de petite fille, quand je voyais ma mère danser sur un pavé d'étoiles”.
Cette citation donne un bref aperçu de la poésie de Laura Unolati.
Un roman intimiste, d'une belle écriture qui aborde avec pudeur les relations complexes entre mère et fille, les carences affectives, particulièrement lorsque vient l'heure de la dépendance.

Challenge ABC 2022.
Challenge multi-défis 2022.
Challenge Riquiqui 2022.
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Laura Ulonati dédie ce livre à sa grand-mère, qui est, ou pourrait être, l'héroïne de ce court roman. En peu de pages, l'auteure parvient à parler de l'exil avec la nostalgie refoulée du pays natal, du poids des traditions ancestrales, de la maternité, davantage subie que désirée, des rapports compliqués entre une mère et une fille dans un contexte de vie difficile, de l'homosexualité vécue au féminin, et pour finir, de la maladie d'Alzheimer survenue dans la vieillesse.
Un balayage de tous ces sujets forts en 150 pages, c'est assez réussi !
Par ailleurs sur la forme, l'écriture "coup de poing" et sans concession, ne manque ni de poésie dans l'évocation des lieux, ni de puissance émotionnelle.
une auteure à découvrir.
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Ariane, responsable du Musée archéologique de Nice, oeuvre à mettre en valeur ses collections antiques méconnues.

Ses parents ont émigré d'Italie dans les années soixante et se sont installés dans des bidonvilles puis dans des immeubles construits à la va vite à la périphérie de la ville. Son père est mort dans un accident de chantier et sa mère vit seule graduellement grignotée par la maladie d'Alzheimer qui lui ronge la mémoire mais fait remonter à la surface les souvenirs de sa vie en Italie qu'elle n'a jamais voulu évoquer auparavant.

A l'opposé des mammas italiennes, la mère d'Ariane n'a aucune fibre maternelle ; elle a scrupuleusement nettoyé les maisons de ses patronnes, leur accordant même des faveurs supplémentaires,selon les médisances.

Ariane, qui lui a sacrifié sa carrière et sa propre vie, l'accompagne dans sa decrépitude et découvre ainsi les souvenirs enfouis,l'enfance italienne heureuse jusqu'à l'accident qui a brisé sa vie, son mariage sans amour ni désir, sa vie imposée en France.

Un roman sensible et doux, sur l'amour filial, l'exil, la maladie, la solitude.

Encore une fois, mes challenges de lecture (ABC, ici), mont permis de redécouvrir un auteur !
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Dans le bleu de la Méditerranée, dans quelques paroles d'une chanson de Celentano se dissolvent peu à peu le regard flou et le passé de la mère de la narratrice.
Directrice d'un musée d'archéologie à Nice, la narratrice porte, malgré elle, le poids de l'exil de sa famille sur ses épaules. Les espoirs d'une vie meilleure, plus facile de sa mère, rigide et distante, se perdent dans une démence sans fin.
Dans ce court récit à la première personne, se jouent autant la violence silencieuse qui sépare la mère de sa fille, que celle ressentie par cette dernière comme transfuge de classe mais aussi celle exprimée par sa mère ravagée par la maladie d'Alzheimer, que la force inaltérable de l'histoire. Celle qui se transmet à travers les générations, celle qui est conservée dans les musées et surtout, celle indicible que l'on ressent face au bleu de la mare nostrum
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Dans ce roman, il est question d'une mère âgée et de sa fille unique, la narratrice. de cette dernière, on ne sait pas grand-chose sinon qu'elle est très seule, qu'elle n'a jamais pu s'attacher longtemps à un homme. de la mère, on connait le cheminement, celui d'une immigrée italienne pauvre qui a fait sa vie à Nice un peu contre son gré. le moins que l'on en puisse dire, c'est que cette mère n'a rien d'une mamma italienne telle qu'on se l'imagine. C'est une femme assez inclassable, froide, fuyante et désagréable, peu aimante et conciliante avec sa fille. On découvre peu à peu qu'elle a laissé beaucoup d'elle-même dans sa jeunesse italienne et qu'elle a caché un lourd secret qui a pesé sur sa vie et qui a ruiné sa relation avec sa mari décédé et sa fille.

Le style de Laura Ulonati est très littéraire, recherché mais accessible (sauf certains passages trop travaillés et un peu obscurs). Cet auteur est indéniablement doué et nous gratifie de magnifiques extraits, notamment quand la narratrice porte son regard lucide et désabusé sur sa génitrice si peu amène et maternelle. Certaines scènes où la fille est en demande d'amour sont poignantes, d'autres très crues.

La mère est le personnage principal de ce livre et quel personnage ! Avec l'âge et la maladie, son comportement est de plus en plus fantasque et illisible.
Quand la fille comprend enfin le secret de sa mère, elle en use pour tenter se rapprocher d'elle dans une scène surprenante, très dérangeante au point qu'elle est susceptible de heurter le lecteur.

Au final, un livre déroutant, très bien écrit qui laisse beaucoup d'amertume au lecteur. le terrible portrait de la mère ne peut laisser indifférent, pas plus que le triste sort de la fille solitaire et mal aimée.
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Ce texte dense et fort expose avec grande lucidité les relations distendues entre une fille et sa mère.
Ariane a tout sacrifié, carrière, amour et convivialité pour rester proche de sa mère qui vit dans un quartier pauvre à la périphérie de Nice. Cette dernière voit sa santé décliner mais reste distante et amère face à sa fille.
Malgré tout, Ariane s'accroche et accompagne sa mère jusqu'au bout, hantée par le désir de décoder les souvenirs fugitifs, de connaître les non-dits et les secrets de famille pour mieux la comprendre.
Le récit de Laura ULONATI est à la fois percutant dans la description des rapports entre les personnages et d'une grande sensibilité. L'autrice charentaise nous propose une langue très travaillée, à la fois rythmée et poétique.
Il est l'occasion de connaître la vie des déracinés, immigrés italiens, installés au sud de la France et qui n'ont connu de l'exil que les déconvenues et les infâmes dépréciations.
L'éden rêvé n'a pas permis aux immigrés de vivre dans des conditions de vie décentes et de découvrir le Bonheur. Tous ont souffert : eux qui voulaient s'intégrer à tout prix en se tuant à la tâche dans des emplois subalternes pour faire vivre les leurs et les enfants, se sentant coupables d'avoir pu faire des études et s'élever socialement.
Ce roman est un éloge formidable aux femmes, aux filles qui cherchent désespérément l'amour de leurs proches. C'est également une quête de ses racines et de son histoire pour mieux vivre le temps présent.
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Ariane, archéologue directrice d'un musée à Nice a toujours eu des relations compliquées avec sa mère. Quand les premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer surgissent chez cette dernière, Ariane réalise que le temps est compté pour essayer de comprendre qui était sa mère, cette femme dure qui lui a refusé son amour. Comprendre pour pardonner avant qu'il ne soit trop tard …

Bon, allons droit au but, ce livre est tout sauf gai, c'est cependant une belle histoire sur la déchéance de l'âge et les relations mère-fille, le manque.

L'écriture est poétique au service d'un récit percutant qui en filigrane livre une chronique sociale très intéressante sur les immigrés italiens arrivés en France dans les années 1960. Ces hommes et ces femmes, travailleurs, souvent cantonnés aux tâches subalternes dont les enfants culpabilisent presque d'avoir fait des études.

Un livre profond sur les relations familiales et la recherche des racines familiales. Ce petit livre est très court mais dense.
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L'Italie est définitivement une source d'inspiration profonde pour Laura Ulonati qui pousse sa qualité d'écrivaine loin, très loin. Après Une histoire italienne (Gallimard, 2019) pour lequel elle sort finaliste du prix du Premier Roman, l'autrice et enseignante charentaise explore la question des racines au coeur de son roman Dans tout le bleu (Actes Sud, 2021).

Ariane est archéologue au musée de Nice. Née de parents italiens, elle ne sait finalement pas grand chose de leur passé d'immigrés, des souvenirs que l'on garde profondément pour se créer une identité propre. Au contraire, elle ne connaît que trop bien les non-dits, l'âpreté d'une mère face à son existence décousue et ses rêves envolés au travers des fenêtres de la cité. le jour où Ariane apprend que sa mère est atteinte d'Alzheimer, la mémoire d'antan fait soudainement surface, celle que l'on ose dévoiler uniquement lorsque l'esprit se libère. Faut-il seulement être prête à l'entendre.

A défaut de saisir le temps qui passe, on décortique les paroles. Laura Ulonati fait honneur à ses racines en mettant en scène des personnages très inspirés des femmes de sa famille et de cette frustration grandissante face aux choses dont l'on ne parle jamais. de sa plume surgit la difficulté de l'immigration, la douleur d'une existence que l'on laisse derrière à contrecoeur pour espérer une vie financière plus agréable. L'eldorado enchanté à la française. La figure de la mère y est complexe, « étrange et étrangère, sauvage et despotique » et pourtant pleine d'émotion. le rapport filial qu'entretiennent les deux femmes ne tient qu'à ça : le gène, le lien ultime qui suggère les questionnements les plus intenses.

Il est à la fois surprenant et déconcertant de voir la façon dont la maladie qui surgit ouvre les vannes des non-dits, propose des élans secrets et inconscients que rien n'aurait laissé échapper autrement. Alors les brèches se forment, ouvrent la porte des plaisirs longtemps interdits, ceux d'une mère qui a toujours vécu à côté de sa vie. Ariane se veut sauveuse tandis que sa mère est bourreau et la maladie d'Alzheimer, par la décadence qu'elle opère, inverse sans cesse les rôles. On le sait d'avance, rien ne peut sauver cette matriarche mutique de la démence, si ce n'est la démence elle-même.

C'est brutal, poétique et transcendant au coeur d'un récit foncièrement psychologique et dramatique. le passé devient l'ultime moteur du futur, une quête sans merci pour comprendre le cheminement de cette figure tutélaire qui s'est toujours gardée de raconter son histoire tragique et sa vie d'avant au rythme des flonflons de Montebello.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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